5 sorties à écouter cette semaine : Woodkid, Chapelier Fou, James Blake…
L'homme-mystère... On dit même qu'ils sont plusieurs.
À la question tristement devenue banale : « Qui écoute encore des albums aujourd’hui ? ». Ton magazine préféré répond : les innombrables qui apprécient les métamorphoses de Chapelier Fou, la richesse de Woodkid, le retour aux sources de James Blake. Sans compter tous nos autres coups de cœur de la semaine à dévorer sans ne plus tarder.
Chapelier Fou – Parallèles (LP)
Le morceau préféré d’Arthur : « 4, Rue d’Istanbul »
Chapelier Fou affectionne les puzzles. 8 mois après la sortie de son album Méridiens, le multi-instrumentiste né à Metz revient avec le projet Parallèles. 12 nouveaux titres faisant écho aux 12 précédents sous la forme d’anagrammes originaux. Il Trastevere répond par exemple à Everest Trail. Un jeu pour l’esprit qui lie deux albums qui ne se rencontrent pas. Mêlant musique expérimentale et instrumentation classique, c’est au travers des sonorités électroniques que la métamorphose opère. Il Trastevere évolue ainsi, au fil du morceau, d’une atmosphère cinématographique vers des ambiances techno qui finissent par s’entremêler, gardant le meilleur de chaque style.
Chroniqué par Arthur
Woodkid – S16 (LP)
Le morceau préféré d’Amélie : « In Your Likeness »
Sept ans après son album triomphal The Golden Age, Woodkid dévoile son nouvel opus S16 aussi épique qu’exigeant. L’album s’ouvre avec le titre Goliath, aux sonorités industrielles et aux violons graves. L’artiste pose ainsi un ton haletant aux allures de thriller de science-fiction. En référence au soufre dans le tableau périodique des éléments, le disque installe une ambiance teintée de fumée. Cela jusqu’au dernier morceau Minus Sixty One, accompagné par le chœur d’enfants du Suginami Junior Chorus de Tokyo, qui apporte une dimension encore plus haletante voire angoissante. Le morceau charrie un rythme cadencé, comme un ouvrier qui creuserait la terre. Woodkid aborde aussi l’Amour. Dans le titre Likeness, l’artiste évoque l’impasse d’une relation amoureuse et notre incapacité à l’entretenir quand on est soi-même mal dans sa peau. S16 est certainement l’un des albums les plus réussis de cette année 2020.
Chroniqué par Amélie
James Blake – Before (EP)
Le morceau préféré de Zoé : « Summer Of Now »
C’est en janvier 2019 que James Blake dévoilait son quatrième album Assume Form, plus apaisé mais toujours ponctué de questionnements introspectifs. Le chanteur et musicien britannique, désormais installé à Los Angeles, revient cet automne avec Before, un format court aux tonalités club qui nous rappelle ses débuts en tant que DJ. James Blake défend 4 titres hypnotisants alliant des accents électroniques avec I Keep Calling à l’atmosphère intimiste de Summer Of Now. S’il est solo contrairement à son précédent disque qui concentrait les featurings (Kendrick Lamar, Rosalía, Bon Iver, André 3000), James Blake s’entoure de sa garde rapprochée en collaborant avec Erick & The Architect (Flatbush Zombies) ou encore sa compagne Jameela Jamil (The Good Place). À l’heure des soirées limitées à six personnes, James Blake nous offre la bande-son parfaite pour des befores intimistes.
Chroniqué par Zoé
Machinedrum – A View of U (LP)
Le morceau préféré de Marin : « Idea 36 »
Freddie Gibbs, Sub Focus, Chrome Sparks, le pianiste Tigran Hamasyan, Jesse Boykins III, Rochelle Jordan : le casting de View Of U ferait broncher même ta grand-mère. À ce stade, le nom du protagoniste intéresse-t-il encore quelqu’un ? Sûrement, puisqu’il s’agit du boss manifeste du hip-hop expérimental américain, côté production : Machinedrum. Sans coup férir, le californien Travis Stewart livre tout de même sa 9ème fournée de bangers, depuis ses débuts en 2001 avec Now You Know. Oscillant entre drum&bass, jungle, footwork et IDM, l’artiste parvient à trouver son équilibre entre le prestige des featurings qui tourneront en boucle sur les ondes anglaises, et les titres instrumentaux qui raviront sa fanbase parmi les plus exigeantes. Le mot de la fin ? À quand le dixième.
Chroniqué par Marin
2.40 – Core (EP)
Le morceau préféré de Marin : « Wise Mess »
Composé de part et d’autre de la Manche, le duo d’artistes réuni sous le nom de 2.40 dévoile son EP fait-maison : Core. Si on pouvait s’attendre à des inspirations industrielles au vu du titre, il n’y a rien de froid ni de mécanique dans ce cœur à cinq branches. Au contraire, le timbre suave de la chanteuse Adela Jens est un déferlement de chaleur humaine. Pour la fibre électronique, les productions de Thomas Gutkowski alias Gut.k se révèlent pleines de relief et de profondeur. Le morceau d’ouverture Bboy, les ambiances techno d’OBS, les influences trip-hop de My Pride et la conclusion touchante de Wise Mess ne font jamais mentir les promesses de leur sensibilité à fleur de peau. S’ils évoquent une jeunesse évoluant dans un monde hostile, les deux tourtereaux ont compris que l’amour damnerait toujours le pion à la machine.