[Arty Airlines] Balade jazzy à Austin avec la chanteuse Hailey Tuck
Fondateur et ex-rédacteur en chef d'Arty Magazine, le grand manitou…
Promenade romantique dans l’une des villes américaines les plus « in » du moment.
Le charme ne prévient pas, si bien que l’on tombe sous son emprise de quelques notes, de mots d’amour, et d’un regard bleu azur. La chanteuse jazz Hailey Tuck nous fascine. Elle nous transmets sa passion pour Austin, la ville de son enfance, en quelques spots, des paroles passionnées, et le bleu estival des rivières qui la traverse.
Native du Texas, Hailey s’est installée à Paris en composant avec le mythe de « la ville la plus américaine de l’Ancien Monde » transmis par la Génération Perdue. L’artiste de 27 ans nous fait voyager jusqu’aux Années Folles, d’une coupe à la Louise Brooks, de textes pétillants, et de sa voix incandescente. Emblématique de la nouvelle garde jazzy, elle performe auDuc des Lombards, partage la scène avec Jamie Cullum à la Cigale, et devient la chouchou de TSF Jazz. Repérée puis signée chez Sony, elle sort en 2018 son premier album Junk… Ou l’art d’envoûter les millenials avec les twenties.
Hailey Tuck nous fait découvrir Austin sur un air de jazz.
Hailey. Ayant grandi dans l’idyllique centre d’Austin dans les années 1990 en tant que seul centre d’attention d’un père célibataire, je bénéficiais de toutes les activités dont chaque petit rêvait. Quand je pars de l’Europe pour rentrer chez moi, tant de choses ont changé que parfois je me sens comme la reproduction du cliché des hippies des années 1970 et 80 d’Austin, déplorant la croissance inévitable des villes comme un disque rayé.
Mais quand je retourne dans les lieux de mon enfance, ou que je recroise inévitablement d’anciens amis (ou des ex !) au cours de la même nuit, je sais que ma ville restera le même shangri-la de liberté que j’aimerais toujours. En voici mes repaires préférés.
Comal River
Une croisière sur des chambres à air
Hailey. Quand on évoque Austin, les gens pensent généralement à un film de John Wayne dans le désert – mais en réalité la plupart des vieux westerns ont été tournés au Nevada et dans l’Arizona.
Ce qu’on ne réalise pas à propos d’Austin et du Texas plus généralement, c’est que l’on a un magnifique fleuve qui traverse le centre-ville, trois grands lacs qui nous entourent, et un immense aquifère au centre-ville… Et même des chutes d’eau de plus de 50 mètres dans les environs de la ville.
H. Mon préféré est le “tubing”. Vous louez ou apportez vos propres chambres à air en caoutchouc, qui ont généralement un fond épais en plastique zippé pour vous détendre et vous protéger en eaux peu profondes. Vous avez une chambre interne supplémentaire avec une glacière et généralement une chaîne stéréo. Il ne suffit plus que descendre l’ancienne et magnifique rivière bordée d’arbres et de falaises de calcaire.
Vous pouvez faire appel à un service de location qui vous récupère plus en aval (habituellement entre 2 et 4 heures de croisière), ou bien vous frayer un chemin seul, et garer un camion d’amis à la fin du parcours.
Bats of South Congress
Des millions de chauve-souris au crépuscule
H. Quiconque me connaît sait que je suis complètement obsédée par les chauves-souris et, en plus de mes tendances un peu gothiques, quiconque connaît Austin peut deviner pourquoi – nous avons 1,5 millions de chauves-souris urbaines qui vivent sous le plus beau pont de la ville.
Bien qu’elles passent l’hiver au Mexique, tous les soirs, vous pouvez aller regarder au coucher du soleil des millions de chauves-souris qui viennent se nourrir.
H. Mon père m’emmenait faire des randonnées pédestres sur la piste cyclable autour du lac principal de la ville, et nous finissions toujours par nous asseoir sur le pont pour écouter les chauves-souris, en regardant la rivière devenir complètement noire comme elles.
Finalement, les lumières s’allument au State Capitol (qui est encore plus grand que celui de Washington) et vous pouvez voir toute la ligne d’horizon recouverte par les buildings du centre-ville. J’adore toujours l’odeur du guano de chauve-souris, et je n’ai pas peur de le dire (rires) !
Elephant Room
Le bar de jazz mythique
H. C’est le bar underground de jazz le plus sale, le plus merveilleux et le plus immuable au monde. Dès 16 ans, avec une fausse carte d’identité pas vraiment réaliste, je me glissait au The Elephant Room, le bar de jazz préféré de ma mère.
Les murs sont recouverts de billets de dollar dédicacés, de néons bon marché, d’anciens barmen qui vous connaissent par votre prénom, et même de cendres d’un de nos musiciens de jazz bien-aimés, mais plus important, d’artistes locaux qui sont eux bien vivants.