S’en sortir sans sortir #50 : Fakear s’en est sorti, et nous aussi
Fondateur et ex-rédacteur en chef d'Arty Magazine, le grand manitou…
Paris déconfiné, Paris libéré. Le beatmaker, grand voyageur et charmeur de serpents Fakear est officiellement notre dernier confiné. Après que 50 artistes aient accepté de rendre notre quarantaine plus douce, notre édito « S’en Sortir Sans Sortir » s’achève officiellement avec l’un de nos artistes favoris. Son nouvel album EWGA est attendu le 26 juin dans toutes les bonnes crèmeries de France et de Navarre.
Marin : Hello Fakear. Où étais-tu confiné jusqu’à ce matin ? Comment ça s’est passé pour toi ?
Fakear : J’étais chez moi à Paris, avec ma copine et mon chat. Ça s’est passé hyper bien, nous avons construit un cocon calme et rêveur, régi par un principe : « cuisine et musique ». Notre chat a supervisé.
M. Comment s’annonce la sortie de ton nouvel album EWGA ? La situation qu’on vient de traverser a changé tes plans ?
F. Je suis content de l’accueil que les gens ont réservé aux premiers extraits. C’est toujours une période curieuse lorsqu’un album est sur le point de sortir. Je crois que c’est assez dangereux, car on se laisse facilement embarquer par le rush et l’excitation des gens autour de nous. Le confinement a accéléré les choses, assez paradoxalement. La décision a été prise de sortir l’album avant l’été, alors qu’il était prévu pour fin septembre. Il est passé d’album d’automne à album d’été. J’aime bien cette idée.
M. Qu’est-ce qui t’as le plus manqué ?
F. Les terrasses, les amis, les soirées un peu floues lorsque tout vibre.
M. Quels films nous recommandes-tu ?
F. Les films d’Hayao Miyazaki. Ça parait assez évident, mais c’est toujours bien de le redire. Ils parlent de nature, de prendre le temps, de relations humaines, de femmes fortes, d’hommes nobles, de magie, de bon sens, d’art, de sciences, de philosophie, d’enfants libres. Tout ça avec une technique hallucinante et un fond musical génial. Ce sont des dessins animés édifiants, qui recadrent.
Filez voir fissa les films d’Hayao Miyazaki sur Netflix.
M. Quelles sont tes recommandations d’albums ?
F. Il y en aurait plusieurs, pour chaque mood. Je crois que celui que j’ai le plus écouté c’est Sixteen Oceans, de Four Tet. Parce qu’il est doux, vaporeux, parce qu’il donne cette impression de grand espace en fermant les yeux. On touche à l’infiniment petit, et c’est drôle à quel point l’atome rassure.
Écoutez Sixteen Oceans sur Deezer.
M. As-tu une série ou toute autre activité à nous recommander avant de se quitter ?
F. Je n’ai pas regardé de série pendant ce confinement, mais j’ai beaucoup lu de BD. Je suis un grand fan des BD Star Wars, celles qui ont été désavouées par Disney, qui parlent de la création des Jedis, des fondations de la mythologie de la saga. J’ai aussi beaucoup joué à Zelda : Breath of The Wild, je crois que c’est un gros remède contre l’enfermement. Si on descend plus profond, j’ai aussi joué à Factorio, un jeu sur PC ou l’on doit créer son usine, en partant de rien. C’est un jeu à la fois de survie, de gestion et de logique très complet et extrêmement satisfaisant. Tout est optimisable, les seules limites sont celles du cerveau.
M. La créativité a été importante pour ne pas perdre la tête ?
F. J’ai passé énormément de temps à faire de la musique, je pense que créer sauve un peu de la folie. Ce confinement était le pire ennemi de l’homme, il l’a obligé à se regarder lui-même, avec beaucoup moins de divertissement à sa disposition. Je crois qu’il a fallu en profiter pour résoudre des nœuds personnels profonds, dont on n’a pas le temps de s’occuper le reste du temps. Pas besoin de faire de grands exercices, il a suffi juste d’en prendre conscience et le cerveau a pu faire le boulot en arrière plan. C’était un exercice très paisible en fin de compte, le confinement.