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Les nus malicieux de Julia Buruleva

Marin Woisard
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Photographe russe résidant à Barcelone, Julia Buruleva compose des atmosphères surréalistes où les corps s’entourent des teintes méditerranéennes… Avec un péché mignon pour le bleu.

Il paraît que la légèreté est un état d’esprit particulièrement recherché en plein mois d’août ; à la fois symbole d’amours de vacances, de coups de folie entre amis, de bains de minuit improvisés. Dans les séries photographiques de Julia Buruleva, la précieuse humeur saisonnière se transforme en peinture bleue sur corps nu dans Color Therapy, peau blanche sur rochers volcaniques dans Synchronization et boule disco sur sable fin dans Beach is a New Theatre.

Les créations chiadées de l’artiste interpellent, ou invitent au questionnement, et aussi au repos des yeux – comme un rêve féminin de Jodorowsky. Les lignes sont claires, les teintes franches et s’imprègnent des codes surréalistes. La recette de ses compositions repose toujours sur peu ou prou les mêmes éléments, que Buruleva décline avec une ingéniosité sans cesse renouvelée : l’opposition entre le nu féminin et la nature des grands espaces, une pointe d’humour amenée par le décalage situationnel, et une approche graphique extrêmement picturale.

De Moscou à Barcelone

Diplômée des Beaux-Arts de St. Pétersbourg, la photographe Julia Buruleva s’épanouit aujourd’hui à Barcelone, après avoir été photographe de mariage pendant douze ans à Moscou : « J’ai réalisé que je n’arrivais pas à m’exprimer à travers cette profession. J’ai donc changé de vie. Je me suis envolée pour l’Europe, et je n’ai plus jamais shooté de cérémonie » confie t-elle dans une interview pour Fisheye Magazine.

Le ressac et les embruns espagnols semblent désormais grandement inspirer son travail photographique, empreint de couleurs et de décors méditerranéens, comme pour la série Beach is a New Theatre (ci-dessus) où une plage lui a inspirée de créer son propre petit théâtre fantaisiste : « Je suis tombée sous le charme des fauteuils rouges de l’Opéra de Barcelone, et des peintures bleues et dorées de son plafond. » avant de continuer pour Fisheye : « Je me suis alors imaginé ces éléments d’une autre manière : les fauteuils trônant sur la plage, sous un soleil et un ciel azur. Et en guise de chanteuses ? Des modèles nues. »

Julia, ses modèles et elle-même

Sous son objectif, les corps sont saisis en totale bienveillance et ne sont jamais sexualisés – ils sont intégrés dans les compositions au même titre que les éléments naturels. Julia Buruleva entretient une relation spontanée avec ses modèles, en organisant des séances d’improvisation et en tâchant de rester ouverte à tous types de profils : « N’importe qui peut rejoindre le tournage, tant que cette personne est prête à littéralement se mettre à nu, et à improviser, à interagir les un·e·s avec les autres. Je laisse juste les choses se faire. » racontait-elle en mai dernier pour Konbini Arts.

Quand les circonstances sont trop contraignantes ou que le désir d’autoportraits se fait trop fort, l’artiste prend un malin plaisir à se photographier sur les roches volcaniques de l’île de Lanzarote (Synchronization, ci-dessus) ou avec les poissons qu’elle s’apprêtait à cuisiner pendant le confinement (Selfie Isolation, ci-dessous). Derrière les efforts picturaux et les envies d’abstraction, Julia apparaît alors pour ses traits de caractère principaux : spontanée et malicieuse.

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