Fondateur et ex-rédacteur en chef d'Arty Magazine, le grand manitou…
On est parti à la rencontre de la directrice du Champs-Élysées Film Festival, Justine Lévêque, tandis que la 9ème édition du festival sera exceptionnellement organisée en ligne et gratuitement.
Marin : Bonjour Justine. Cette année, vous faites le pari d’une édition entièrement en ligne et gratuite du Champs-Elysées Film Festival avec sa présidente Sophie Dulac. Comment cette décision a t-elle été prise ?
Justine Lévêque : Oui et quel pari ! Cette possibilité était dans nos esprits depuis le début du confinement. Et semaine après semaine, il semblait évident qu’une édition physique ne pouvait pas avoir lieu. Face à la situation, il y avait trois options possibles : annuler, reporter ou digitaliser.
Reporter le festival n’a pas vraiment été envisagé car il nous semblait important, voire essentiel, de poursuivre notre engagement de mise en lumière de ces œuvres indépendantes. Nous avons immédiatement contacté les artistes pour leur proposer une version en ligne, leur retour a été enthousiaste et nous avons poursuivi ensemble ce projet exceptionnel.
M. : Comment s’est organisée la programmation qui parvient à conserver le mélange d’invités français et américains ?
JL : Nous avons maintenu notre process habituel, ne sachant pas si le festival aurait lieu physiquement ou pas. Au final, on a parvenu à maintenir la ligne artistique et événementielle du festival avec une séance d’ouverture, de superbes jurés, deux invités d’honneur, quatre compétitions avec une remise de Prix, des showcases… Un vrai festival mais à la maison.
Pour cette 9ème édition, on a néanmoins concentré notre attention sur les invités d’honneur vivant en Europe afin de faciliter le live et ne pas avoir de problèmes liés au décalage horaire.
M. : À titre personnel, quelle est ta plus grande fierté pour cette édition digitale et atypique ?
JL. : L’existence même de cette édition online. Nous avons choisi de le voir comme une opportunité exceptionnelle d’amener un certain cinéma indépendant à domicile. C’était essentiel à nos yeux et c’est ce qui a donné du sens à ce travail.
M. : Il y a aussi le pari inédit de la gratuité du festival. Qu’est-ce qui a motivé cette décision ?
JL. : À situation exceptionnelle, décision exceptionnelle. Nous avons pris cette décision afin de participer à l’effort collectif de lutte contre le COVID-19 en offrant cette programmation faite de découvertes et de premiers films. C’est ainsi que nous avons choisi de défendre le cinéma cette année.
M. : As-tu des coups de cœur plus personnels que tu nous conseillerais ?
JL. : Je souhaiterais mettre un coup de projecteur sur deux documentaires américains, Bloody Nose, Empty Pockets de Turner Ross et Bill Ross et 17 Blocks de Davy Rothbart, qui dressent un portrait des États-Unis d’aujourd’hui. Il y a aussi deux magnifiques sélections de courts métrages et notre sélection française composée de six longs métrages dont cinq premiers films. L’une des grandes forces de cette sélection est d’ailleurs d’être parvenue à montrer les différents visages du cinéma indépendant français avec six œuvres très différentes les unes des autres, portant des thématiques sociales fortes.
M. : Le Festival se tient jusqu’au mardi 16 juin 2020. Qu’est-ce que je peux te souhaiter désormais ?
JL. : Que cette année reste exceptionnelle. Et que cette interview se fasse en face-à-face en 2021 pour les 10 ans du festival ! Nous avons eu à ce jour plus de 60 000 visionnages online, le cinéma est plus vivant que jamais. Cette situation nous l’a rappelé et nous sommes impatients de se retrouver l’année prochaine, « en vrai. v