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Pourquoi le coming-out d’Angèle sur Instagram est un geste fort en 2020 ?

Marin Woisard
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Avec une simplicité désarmante, la chanteuse a officialisé sa relation avec Marie Papillon : « Au moins, c’est clair… enfin non pas claire, Marie ». Pourquoi le coming-out d’Angèle sur Instagram reste un geste fort en 2020 ? On te livre notre petite analyse médiatique, sociale et artistique.

Lundi 10 août, Angèle a officialisé sa relation avec Marie Papillon – l’entrepreneuse connue pour ses stories rigolotes sur Instagram. Sur le réseau social, l’artiste belge a en effet posté deux photos d’elle avec un T-shirt où l’on peut lire : « Portrait of women who love women », une référence directe au long métrage Portrait de la jeune fille en feu de Céline Sciamma, une magnifique histoire d’amour lesbienne au 18e siècle avec Adèle Haenel et Noémie Merlant. En légende, la chanteuse a ajouté quelques mots ne laissant aucun suspens quant à son officialisation avec Marie Papillon : « Au moins, c’est clair… enfin non pas claire, Marie », suivi d’un emoji papillon. Et à l’entrepreneuse de se fendre à son tour d’un commentaire bien placé : « Elle en a de la chance cette Claire ».

Pourquoi ce coming-out reste un signal fort en 2020, et en particulier sur Instagram ? Le choix de la photo, de la légende et des emojis témoignent d’une volonté de simplicité, loin de la traditionnelle interview où l’on révèle son identité sexuelle. Il semble bien loin le temps où Mika dévoilait son homosexualité sur le magazine américain Instinct… En 2012, oui monsieur. En passant par le réseau social, Angèle s’approprie son coming-out dans la forme, le ton et le timing. Aussi, elle s’adresse directement à son public sans entremise. Sa communauté Instagram, forte de 2,8 millions d’abonnés, témoigne d’une puissance de communication aussi notable qu’un média grand public. En terme de comparaison, la presse tabloïd est à la traîne : 1,8 millions d’abonnés pour la locomotive Konbini et 346K pour l’ancienne garde Paris Match, sur leurs comptes respectifs.

Se réapproprier sa vie privée par le biais des réseaux sociaux

L’artiste se réapproprie doublement son histoire, après qu’un magazine people ait divulgué en novembre dernier des photos d’elle au bras de Marie Papillon. Des clichés qui avaient été pris à son insu : « C’est très violent de réaliser que des paparazzis se sont cachés en bas de chez soi et ont attendu des heures pour attraper, de façon préméditée, l’image qui ferait vendre. J’ai eu la désagréable sensation d’être traquée », confiait-elle pour Télérama. Ou l’histoire douloureuse d’une presse française vieillissante à l’affût du moindre scoop. Si Paris Match s’est empressé de titrer « Qui est Marie Papillon, la petite amie d’Angèle ? » (on s’abstient de mettre le lien de l’article), la presse people n’a plus l’apanage de l’effet d’annonce. Angèle renverse la vapeur en se réappropriant sa vie privée, et de comment elle choisit de la divulguer.

En 2014, la mannequin Cara Delevingne a posté une photo d’elle portant le T-shirt « We Are You ». Créé par Tillet Wright, le haut est destiné à ceux ne revendiquant pas une identité entièrement hétérosexuelle.

Les personnalités n’ont pas attendu Angèle pour faire leur coming-out sur le web. En 2013, le plongeur anglais Tom Daley postait une vidéo dans laquelle il annonçait être gay. La même année, le musicien australien Troye Sivan, alors âgé de 18 ans, révélait à son tour son homosexualité sur Youtube. Une manière d’assumer son identité en la dévoilant de manière la plus simple qui soit, tout en ayant conscience de sa portée potentielle : « J’ai une plateforme, et je devrais m’en servir pour prêcher le bien, si j’y arrive. Je sais que pouvoir observer un artiste gay vivant une vie heureuse, pleine de succès, et équilibrée est une chose que j’aurais appréciée à 13 ans. L’idée d’être cette personne pour quelqu’un d’autre est super pour moi, ça me motive pour continuer de vivre mon homosexualité ouvertement, honnêtement et fièrement » confiait le jeune artiste. Les deux personnalités ont été parmi les premières à se servir des réseaux sociaux pour briser les tabous.

La petite histoire du coming-out 2.0 de Troye Sivan à Cara Delevingne

Le 13 octobre 2014, c’est la mannequin Cara Delevingne qui a créé un vrai précédent sur Instagram. Plutôt discrète jusqu’alors sur sa vie privée, la modèle britannique avait posté une photo d’elle portant le T-shirt « We Are You ». Créé par Tillet Wright, le haut est destiné à ceux ne revendiquant pas une identité entièrement hétérosexuelle. La symbolique du vêtement présente des similarités troublantes avec celui d’Angèle, qui porte le T-Shirt créé par la photographe Rita Braz, fondatrice du projet artistique Q Revolt. Impossible également de ne pas penser au sweat « Anti-sexism Academy » que la chanteuse belge mettait en avant dans son clip Balance ton quoi, réalisé par Charlotte Abramow. Les uniformes de la vidéo avaient fait l’objet d’une collection capsule par la marque féministe Meuf Paris. Avec des accroches riches de sens, le T-shirt n’a pas dit son dernier mot.

Quand vie privée, geste artistique et dimension féministe se rencontrent

Dans la première version de son disque, Brol, Angèle parlait déjà de l’homosexualité féminine avec son track iconique Ta Reine. Mais c’est surtout dans sa ré-édition, sortie le 8 novembre 2019, que la chanteuse écrivait dans Tu me regardes : « Je jouais avec le roi, la reine a pris mon cœur ». Déjà, l’annonce de sa relation était inscrite entre les lignes. Sous couvert d’une pop music sucrée et accessible, Angèle assume depuis ses débuts artistiques des partis pris forts et engagés, qui la placent comme une porte-parole de l’acceptation lesbienne, à travers le prisme de son histoire personnelle. Les nombreux messages de soutien de la scène francophone ne mentent pas. Suite à sa publication du 10 août, Jeanne Added, Adèle Exarchopoulos, Cœur de Pirate, Lara Fabian, Aloïse Sauvage, Léna Situations ou encore Pomme ont multiplié les commentaires à base d’emojis cœur. Il fait parfois bon d’être Victime des réseaux.

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