« L’Origine du monde », premier essai transformé pour Lafitte
Après des études de littérature et de cinéma, Maxime s'est…
C’est la rentrée, besoin de décompresser ? On te propose L’Origine du monde, une comédie française grinçante, réalisée par Laurent Lafitte, un irrévérencieux de la Comédie Française. Sans surprise, ça fourmille d’humour noir.
Jean-Louis réalise en rentrant chez lui que son coeur s’est arrêté. Plus un seul battement dans sa poitrine, aucun pouls, rien. Pourtant, il est conscient, il parle, se déplace. Est-il encore vivant ? Est-il déjà mort ? Ni son ami vétérinaire Michel, ni sa femme Valérie ne trouvent d’explication à cet étrange phénomène. Alors que Jean-Louis panique, Valérie se tourne vers Margaux, sa coach de vie, un peu gourou, pas tout à fait marabout, mais très connectée aux forces occultes. Et elle a une solution qui va mettre Jean-Louis face au tabou ultime…
Aux origines…
Le scénario de L’Origine du Monde tient autour d’un concept simple qui nous plonge très vite dans un univers burlesque mais vraisemblable. La pièce à succès se construit comme les grandes comédies marquantes du théâtre français des années 60-80 (Le don d’Adèle, La Facture) et l’aspect fantastique de l’argument n’est absolument pas le centre du problème. Le cœur s’est arrêté, d’accord, alors les aventures de l’homme au cœur qui ne bat plus peuvent commencer sans plus de naturalisme.
Depuis quelques années, Laurent Lafitte avait envie de réaliser un film. C’est en sortant du théâtre, en 2013, après avoir assisté à une représentation de L’Origine du monde, la pièce de Sébastien Thiéry, qu’il a trouvé ce qu’il voulait porter à l’écran : une comédie aux situations décalées et à l’humour grinçant qui explore les secrets familiaux. L’adaptation de la pièce éponyme est assez fidèle. La première scène qui est peut-être (paradoxalement) la plus riche en dialogues est un ajout savoureux. Le film s’ouvre sur la fin d’un rapport sexuel et le début d’une engueulade. Tout le ton est alors savamment posé.
Bien qu’adapté d’une pièce de théâtre où les décors sont multiples, Lafitte quitte complètement l’esprit du huis-clos. Seuls les plans fixes pendant toute la première partie de l’œuvre confèrent une stabilité théâtrale qui n’est en rien gênante. Peu à peu, les actions s’enchaînent, le rythme aussi, et avec eux la caméra se dynamise. Le film s’accélère et nous accroche au récit qui devient de plus en plus loufoque.
… du rire
Comme dans la plupart des comédies, les personnages sont assez caricaturaux. Vincent Macaigne sort légèrement des rôles dans lesquels on a eu l’habitude de le voir. Ce personnage plus bourgeois, rasé de près, mais malhabile et introverti lui va particulièrement bien. Il est à l’origine de la plupart des situations comiques du film, bien malgré lui. Laurent Lafitte s’offre un rôle principal antipathique qui correspond aux personnages auxquels il nous a habitués. La coach de vie incarnée par une Nicole Garcia qui ne cherche pas à être drôle, toutefois, campée dans la rigidité de son personnage, ne peut que nous déstabiliser comme il faut.
Peut-être dans le but de faire plus cinématographique, Lafitte ajoute des scènes oniriques dans un montage parallèle maladroit. Ces scènes étranges n’apportent malheureusement pas grand chose au film. Hormis cet essai peu fructueux, Laurent Lafitte signe une première mise en scène globalement maîtrisée. On le sait, l’humour est ce qu’il y a de plus exigeant et il ne peut certainement pas plaire à tout le monde. L’Origine du monde ne déroge pas à la règle, et, entre les phrases cinglantes et irrévérencieuses, les situations ubuesques souvent sous la ceinture, il y a de quoi perdre plus d’un spectateur. Le titre de Gustave Courbet t’aura prévenu, L’Origine du monde n’est pas un essai philosophique sur la naissance d’une civilisation.