Interview : Janie, l’étoile montante
Ayant erré dans le milieu de la finance pendant quelques…
Avec sa saga de 4 titres en piano-voix, Janie nous a bercés tout l’été grâce à ses textes mélancoliques et poétiques. Auteure et compositrice, l’artiste puise dans ses expériences personnelles pour faire naître des chansons à fleur de peau. Ses paroles en français et les mélodies qui les accompagnent sont déjà un remède contre la dépression automnale qui guette.
Anoussa : Bonjour Janie ! Nous t’avons découverte cet été avec ton titre Les mêmes chansons. Peux-tu nous dire quelques mots sur ta musique ?
Janie : J’ai lancé mon projet en décembre dernier avec une première chanson Discothèque puis un deuxième titre La Bibiz. Mon EP devait sortir en mars mais avec le confinement, le projet a été mis en standby. J’avais quand même envie de sortir des chansons et j’avais 4 piano-voix qu’on a décidé de sortir cet été [NDLR : Depuis Samedi, Nino ou Rose, Les mêmes chansons et Après toi]. J’avais aussi très envie de tourner avec la réalisatrice Élisa Baudoin. On s’est donc dit qu’on allait faire 4 clips pour ces 4 chansons.
A. : Tu as aussi été mannequin. Comment es-tu passée du mannequinat à la musique ?
J. J’ai toujours fait de la musique. J’étais dans plein de projets différents mais jamais solo. Je faisais aussi du mannequinat pour gagner ma vie et parce que j’aimais ça. J’avais quelques-unes de mes chansons qui étaient en stock depuis un bout de temps. J’ai ensuite trouvé les équipes qu’il me fallait et ça s’est fait comme ça.
A. : Tu es auteure et compositrice. Comment naissent tes chansons ?
J. : J’écris et compose avec mon piano la majorité de mes chansons. Ensuite, soit le texte vient tout de suite et c’est la magie, soit je le retravaille après. Pour le morceau Les mêmes chansons, Suzane a écrit le texte et Marso l’a composé. J’ai écouté cette chanson pendant le confinement et j’en suis tombée amoureuse, je la trouvais sublime. C’est venu comme une évidence. Suzane et Marso ont bien voulu me la donner. Ils m’ont dit qu’ils adoreraient que je la chante. J’étais ravie et trop heureuse.
A. : Dans cette chanson, tu cites Édith Piaf et Barbara. Ce sont des chanteuses qui t’inspirent ?
J. : Elles font complètement partie de mes références. Ma maman était fan d’Édith Piaf et de Barbara que j’ai écoutées toute mon enfance. Il y a aussi France Gall, Michel Polnareff, Michel Berger… J’ai vraiment eu cette culture de la variété française quand j’étais petite. Dans Discothèque, je fais aussi un petit clin d’œil à Christophe.
A. : Et que penses-tu de la scène française actuelle ?
J. : J’aime beaucoup Foé, Clara Luciani, Pomme, Juliette Armanet. Il y aussi Pierre Lapointe, Albin de La Simone, Vincent Delerme. C’est une nouvelle scène qui ramène à la chanson française, dans laquelle je me reconnais beaucoup et qui remet la chanson et le français en avant.
A. : Pour le clip Les mêmes chansons, tu t’es entourée d’Élisa Baudoin qui a réalisé un clip d’une incroyable photogénie et avec de très belles images. Peux-tu nous parler de votre rencontre ?
J. : On avait discuté sur Instagram il y a quelques temps et on s’était dit qu’on aimerait bien bosser ensemble. J’avais enregistré ses images pour mon projet. En cherchant des réal, j’ai pensé à Élisa en me disant que ça pouvait être parfait. On s’est recontactées et ça s’est fait hyper naturellement, on s’est hyper bien entendues. C’est une grande rencontre artistique entre nous. Tout ce qu’elle fait me plaît !
A. : J’aimerais également te parler du titre Nino ou Rose, un morceau courageux qui parle d’un thème très poignant et rarement abordé, celui de l’avortement …
J. : C’est quelque chose que j’ai vécu donc ça me semblait important d’en parler. Ici, on parle d’avortement mais je n’ai pas trop envie de poser ce mot sur cette chanson. Cette chanson parle d’une perte, de la perte d’un enfant de différentes manières mais chacun peut le comprendre comme il veut. J’aime vraiment que l’interprétation soit libre à chacun. Même si ce sont des douleurs différentes, il y a ce noyau similaire (la maternité, la femme).
J’aimerais tellement que cette chanson voyage davantage. Je n’ai jamais reçu autant de messages que pour ce morceau. Tous les retours que j’ai sur cette chanson sont importants. Des femmes et des hommes m’ont écrit, m’ont partagé ce qu’ils ont vécu, m’ont dit que ça les avait aidés, qu’ils se reconnaissaient, qu’ils pouvaient se reconnecter à ce qu’ils avaient vécu et à leurs douleurs. C’est aussi le but des chansons.
A. : Dans le morceau La Bibiz, tu as aussi fait le choix d’avoir un discours peu édulcoré sur le milieu du showbiz. Qu’est ce qui t’a donné envie de faire ce titre ?
J. : C’est tout simplement ce que j’ai observé et vécu. On a tous été à des soirées mondaines ou autres, à des réunions où on ne se sentait pas à l’aise ou pas à sa place, où c’étaient des paillettes et des « m’as-tu vu ». C’est quelque chose qui me pèse beaucoup. Je ne suis pas naturellement comme ça et comme je suis très sensible, je l’ai ressenti et ça m’a saoulée à force. Un soir, après une soirée, je suis rentrée chez moi et j’ai eu besoin de l’écrire. C’est un petit portrait maléfique mais rigolo de ce que j’ai pu ressentir mais évidemment que ce n’est pas tout le temps comme ça. Ce n’est pas méchant mais ironique avec un petit fond de vérité par-ci par-là.
A. : Ton premier EP sort prochainement. Peux-tu nous en dire quelques mots ?
J. : Il y aura 5 chansons très personnelles (dont Discothèque) qui retracent une période de ma vie. Les sujets sont très importants pour moi et me tiennent vraiment à cœur. Chaque chanson a son sujet, son univers. L’EP sera assez hybride : il y aura encore des piano-voix et des choses un peu plus dark. Il y aura un clip pour le premier single de l’EP et je vais continuer à faire des karaokés pour la fin de l’année.
A. : D’ailleurs, d’où te vient cette passion pour les karaokés ?
J. : Quand j’étais petite, il y avait une salle des fêtes dans mon village dans laquelle des soirées, lotos, karaokés, bals des associations étaient organisés. J’allais toujours au karaoké et je chantais sur la grande scène. J’ai toujours adoré parce que c’est hyper fédérateur : tout le monde connaît les chansons et on s’amuse dans une bonne ambiance.
A. : Tu as récemment donné un concert au Festival du Film Francophone d’Angoulême. Qu’as-tu ressenti en remontant sur scène ?
J. C’était trop bien ! La scène est l’endroit où je me sens le mieux sur Terre parce qu’on est dans l’instant présent, qu’on fait ce qu’on aime et qu’on partage des choses avec les gens. C’est une dimension qui me manque énormément. Ça m’a encore plus confortée dans l’idée que c’était ce que je voulais faire. C’est bien beau le digital mais au bout d’un moment, la musique se ressent aussi quand on la joue et quand les gens la reçoivent. Les projets en développement doivent trouver leur place et il faut avoir des trucs en réel. On attend tous de continuer à faire vivre nos projets à travers la scène et les rencontres.