The Architect, alunissage réussi
Diggeur compulsif, Arthur a toujours de bonnes histoires musicales à…
À l’occasion de la sortie le 12 juin 2020 de son dernier album Une Plage Sur la Lune, The Architect nous ouvre les portes du beatmaking et de son univers. Après son 1er EP Foundations comptabilisant plus de 35M de streams, The Architect nous fait le plaisir de revenir et nous raconte son histoire le temps d’un voyage.
Arthur : Pour ceux qui te découvrent, peux-tu nous parler de ton univers musical ?
The Architect : Je suis DJ, beatmaker, passionné de musique et notamment de vinyles. Je m’intéresse à de nombreuses choses comme le cinéma, l’art en général ou la culture hip-hop qui m’influencent autant que mon quotidien avec mes enfants pour produire. J’aime les mélanges de styles même si on me classe souvent dans la catégorie trip-hop.
A. Quels artistes t’inspirent le plus dans la musique que tu crées ?
TA. Il y a plein de beatmakers qui m’inspirent, que ce soit de la nouvelle génération ou des plus expérimentés. Mais on va dire que les Djs des années 2000 tels que Cut Chemist ou DJ Shadow m’ont vraiment marqué. Cette génération turntablism [NDLR : l’art de créer de la musique grâce aux platines à vinyles et aux disques vinyles] m’a poussé à perfectionner mes scratchs et surtout expérimenter ma musique pour briser les frontières des styles.
A. Quelle est l’histoire de ce nouveau projet intitulé Une Plage Sur La Lune ?
TA. C’est un disque créé pour donner un peu de « suspension » à nos jours.
C’est un peu pour dire : « Arrêtez tout ! Prenez un moment pour vous détendre sur ma plage ! » Ce projet a été conçu sur une longue période car mon premier EP est sorti il y a déjà plus de 7 ans. J’ai voulu prendre le temps pour rassembler certains morceaux que j’avais débutés il y a un moment et des nouvelles compositions, pour trouver un équilibre qui me correspond. J’aime laisser les gens s’approprier ma musique et en faire leur propre interprétation.
A. Comment déniches-tu les samples que tu utilises ?
TA. J’écoute beaucoup de musique et je pense être assez ouvert, ce qui m’amène à découvrir énormément de styles, labels, artistes… Par exemple, en ce moment je digg pas mal de 45 tours de musique péruvienne. Je cherche sur tous les supports et un peu partout. Pour ma part, le plaisir est toujours plus fort lorsque tu déniches une perle en vinyle. Avec le temps, j’ai aussi créé une relation assez particulière avec mon disquaire. Depuis peu, j’essaie de partager quelques trouvailles sur mon Instagram avec des stories que j’ai nommées Dusty Goodies.
A. Tu sembles donner beaucoup d’importance aux collaborations. Sur le morceau Royom, c’est le rappeur Fliptrix du label High Focus Record et membre de The Four Owls qu’on entend. Comment vous êtes-vous rencontrés ?
TA. J’aime collaborer sur certains de mes morceaux, c’est toujours un réel plaisir de partager ses idées avec un autre artiste et de donner de l’ampleur à mes instrus. Au sujet de Fliptrix, je suis The Four Owls et son projet depuis longtemps. J’apprécie la plupart des sorties du label High Focus et j’ai la chance de partager ce kiff avec mon manager. Celui-ci avait pour projet de le faire venir dans notre ville à Saint-Étienne pour un live donc on a pu se linker rapidement à travers le net avant de nous rencontrer lors de ce concert où je jouais également. On va dire que le feeling est passé pendant cette soirée car on a même pu faire un track live freestyle ensemble pendant mon set. Suite à ça, on est bien resté connectés via le net et l’envie mutuelle de taffer ensemble a pu aboutir sur mon album avec le titre Royom dont je suis assez fier.
A. Travailles-tu en parallèle sur d’autres projets ?
TA. Je suis investi dans pas mal de projets dont BLOC qui est un collectif pluridisciplinaire mêlant musique, peinture, théâtre et vidéo avec un rappeur Mejah, les street artists Ella & Pitr, la chanteuse/styliste caminuksuk… Je suis aussi beatmaker pour le crew de L’Entourloop. On peut également ajouter à cela le projet familial qui me prend pas mal de temps.
A. En 2013, tu sortais ton premier album Foundations. J’ai lu qu’il t’avait amené à faire plus de 200 dates. Peux-tu partager avec nous le souvenir d’une scène qui t’a particulièrement marqué ?
TA. Effectivement, j’ai eu la chance de me produire lors de nombreux concerts, autour de 300 environ je pense. C’est difficile de sortir une seule anecdote mais ce que je retiens surtout c’est que ma musique a pu se partager à travers le monde entier et m’a amené à beaucoup voyager. J’ai pleinement conscience d’être un privilégié donc j’essaye de le rendre aux gens en live avec ma musique. J’ai aussi le souvenir d’un bon périple à l’autre bout du monde, dans un bus entre le Guatemala et le Nicaragua, où j’ai passé 20H aller et 20H retour pour faire un set d’1 heure… Lorsque tu passes les frontières du Salvador et de Honduras, tu n’en mènes pas large. Mais j’ai plein de souvenirs assez dingues de cette tournée en Amérique Centrale.
A. Est-ce que ton nouveau projet va donner lieu à des lives ?
TA. Oui, nous avions une tournée de prévue avec Befour qui m’accompagne en live sur la partie VJ. La situation actuelle nous a contraint d’annuler tous les plans et je vous avoue que les concerts assis ne nous excitent pas vraiment. On espère pouvoir défendre Une Plage Sur La Lune le plus rapidement possible, on en rêve presque.
A. Ma dernière question est notre signature chez Arty Magazine. Quelle est ta définition d’un artiste ?
TA. Pour moi un artiste, c’est tout simplement une personne qui en touche d’autres, avec sa créativité et à travers ses œuvres. Un artiste peut nous faire rire, pleurer, réfléchir, penser, danser mais toujours ressentir des émotions. Et je pourrais ajouter une citation d’Albert Dupontel que j’aime bien même si elle ne me ressemble pas vraiment : « Un artiste est une personne qui véhicule avec brio l’amour qu’il a de lui-même pour se faire aimer des autres… ».
Écoutez Une Plage sur la Lune sur Spotify.