Son avidité pour l’écriture et son gros penchant pour la…
Depuis son premier EP Loon en 2018, la chanteuse strasbourgeoise Iris Di Napoli s’est affirmée avec son projet en anglais JOKO. La jeune artiste propose une pop libre, indépendante, enivrante et mélancolique. Nous l’avons rencontrée, dans l’intimité d’un studio, à l’occasion du festival Ici Demain, pour une de ses toutes premières interviews. Et nous étions (presque) encore avec elle sur la scène de FGO-Barbara.
Anaïs : Salut Iris ! Voilà trois ans que tu fais de la musique. As-tu toujours voulu en faire ?
JOKO : Non, pas du tout ! Je ne faisais pas de musique avant. Je faisais des études pour être sage-femme et encore avant, j’ai fait une licence d’anglais. J’ai vraiment commencé avec JOKO. Mais, je ne pensais pas du tout faire ça.
A. : Quel est ton premier souvenir musical ?
J. : Mes deux parents sont chanteurs d’opéra, donc je pense que mon premier souvenir musical remonte à quand j’étais dans le ventre de ma mère et qu’elle chantait. Elle m’en parle assez souvent. Après, j’ai pas mal de souvenirs en voiture avec mes parents quand on partait en vacances. On écoutait toujours beaucoup de musique : Janis Joplin, The Beatles, The Doors, Paolo Conte… C’est dans ces moments-là que je me suis rendue compte que la musique accompagnait la vie.
A. : Ton premier coup de foudre musical ?
J. : Les Spice Girls ! C’est le premier album que j’ai acheté. Je connaissais toutes les chansons, j’avais l’impression d’être totalement bilingue en les chantant. En fait, pas du tout.
A. : Le premier concert que tu as vu ?
J. : Encore les Spice Girls ! Je n’avais pas dix ans et j’avais convaincu mon oncle qui habitait à Paris à l’époque. Moi, je vivais à Strasbourg. J’avais fait des mèches comme les Spice Girls avec un mascara pour cheveux. On était hyper loin, on ne voyait rien, juste des silhouettes bouger… Il m’a porté sur ses épaules pendant quasiment tout le concert.
A. : La première chanson que tu te souviens avoir chanté ?
J. : J’étais au conservatoire, enfant. Je faisais des percussions et de la chorale. Mes premiers chants au conservatoire m’ont un peu traumatisée d’ailleurs. C’est pour cela que j’ai arrêté de faire de la musique pendant très longtemps.
A. : Ah bon ? Pourquoi traumatisée ?
J. : C’était des chants hyper aigus en allemand, pas vraiment drôles à chanter.g
A. : Quel est le premier (ou la première) artiste à t’avoir donné envie de faire de la musique ? Encore les Spice Girls ?
J. : Clairement ! Mais il y a un concert de The Dø à Londres qui m’a aussi marquée. D’ailleurs, j’y suis allée avec le même oncle que j’avais convaincu parce que ça ne coûtait pas trop cher. Je ne connaissais même pas vraiment le groupe à l’époque. Et ça a été une expérience incroyable ! Je me suis tout de suite dit que je voulais être comme Olivia Merilahti, la chanteuse. Bon, j’ai mis des années à me lancer.
A. : Quelle est la première personne à t’avoir ouvert les portes du monde de la musique ?
J. : C’est Arthur (ndlr, Vonfelt), qui joue avec moi ce soir et que j’ai rencontré il y a pas mal de temps. Il faisait déjà de la musique avec plein de groupes. Je lui ai parlé plusieurs fois de mes envies de musique, mais très vaguement, et il a fini par fouiller dans mon ordinateur où j’avais enregistré mes démos sur Garage Band. Il m’a directement proposé qu’on fasse de la musique ensemble. Au départ, je lui en ai voulu de fouiller dans mon ordi, mais au fond j’étais trop contente que mes démos lui aient donné envie. Après, ça a pris beaucoup de temps. J’étais cadenassée de partout, très timide, très émotive. Mais il a su rester patient.
A. : Et l’étape d’après, ça a été quoi ?
J. : On a sorti un premier EP en 2018 (ndlr, Loon). Ensuite, pendant le confinement, on a enregistré une chanson que j’ai envoyée à Dan Levy de The Dø et au label Pain Surprises. Les deux m’ont répondu. Je suis venue vivre à Paris. J’ai rencontré de plus en plus de professionnels de la musique et surtout, j’ai enregistré dans les studios de Pain Surprises. C’était la première fois que j’enregistrais en studio.
A. : Comment décrirais-tu ton premier EP ?
J. : C’est un premier essai. Complètement home made du début à la fin. On a tout composé, enregistré et mixé nous-mêmes. Même les clips, je les ai fait avec mon frère. Il y a juste le mastering qu’on a fait faire par quelqu’un.
A. : Et ton deuxième ?
J. : Dans la continuité. Plus affirmé vocalement. Le fait d’avoir fait de la scène fait énormément évoluer la voix. J’ai pu aussi davantage m’exprimer et être moins scolaire. Je me suis sentie plus libre dans les paroles et l’interprétation.
A. : De manière générale, comment décrirais-tu ta musique ?
J. : Je suis souvent dans quelque chose de mélancolique. Je me sers vraiment de la musique pour exprimer une part plus sombre de ma personnalité. Dans la vie, j’aime rire et je suis plutôt sociable. Ma musique exprime des choses que j’ai plus de mal à exprimer dans la vie, ce qui me fait de la peine ou ce qui me perturbe.
A. : Te souviens-tu de ta première fois sur scène ?
J. : Oui, c’était horrible ! La scène, c’est impitoyable. Bon maintenant j’adore ça, mais lors de ma première scène, je me suis vraiment demandée ce que je faisais là. C’était à la Laiterie à Strasbourg. Je me souviens que je ne comprenais rien. Je ne savais pas ce que je voulais entendre dans les retours et en arrivant sur scène, j’avais l’impression de ne plus savoir chanter. Je crois que j’ai gardé la face mais honnêtement c’était chaotique.
A. : Finalement, ça ne t’a pas tant dégoûtée que ça puisque tu es là aujourd’hui ?
J. : Non (rires). J’ai été traumatisée pendant deux semaines, puis j’y suis retournée. C’était un peu mieux à chaque fois et c’est devenu carrément addictif.
A. : La première personne avec qui tu aimerais faire un duo ? Dans un monde idéal…
J. : James Blake serait le rêve total, mais j’aimerais beaucoup aussi faire un duo avec Lykke Li.
A. : Ta prochaine première fois ?
J. : Je pense que ce sera à ma release party. J’aimerais beaucoup faire monter une fanfare sur scène.
A. : Qu’est-ce que je peux te souhaiter pour la suite ?
J. : Beaucoup de concerts. J’ai aussi envie de développer le projet en Belgique et dans d’autres pays d’Europe.
A. : Et un prochain single aussi, non ?
J. : C’est prévu pour bientôt ! Mon prochain single sort le 8 décembre prochain avec un clip plein de vampires. Cela renvoie au statut de « proie » que l’on est facilement en tant que femme, mais aussi aux rapports hommes/femmes qui restent compliqués sans ambiguïté. Je vais sortir un nouvel EP le 28 janvier 2022.
A. : Et ta première fois avec Arty, c’était comment ?
J. : Très cool ! Je pense que ça doit être la quatrième interview de ma vie, donc tu es l’une de mes premières fois.