Arty Awards 2020 : Les albums de l’année selon la rédaction
L'homme-mystère... On dit même qu'ils sont plusieurs.
2020 vient (enfin) de se terminer ! Cette année particulière aura probablement été adoucie par la musique – essentielle – pour surmonter le confinement et apaiser nos cœurs meurtris, enfermés et en manque de concert. La rédaction te présente les Arty Awards 2020 et te révèle les meilleurs albums des douze derniers mois selon nos rédacteurs. Cette sélection de l’année est ainsi marquée par de jolies découvertes, la confirmation d’artistes émergents et de coups de cœur.
Rone – Room with a View (LP)
Le morceau préféré de Marin : « Human »
Room With a View n’est ni l’album le plus accessible de Rone, ni le plus évident sorti en 2020. Les arpèges électroniques mêlés aux effusions de voix forment un ensemble compact, à la lisière de l’abstraction, pour se concentrer sur l’émotion pure. Et quelle émotion. Le compositeur éclairé associe sensations physiques et ressenti psychique, en faisant trembler les parois de notre cœur comme les murs du Théâtre du Châtelet où était présenté l’album en mars, et nous ébranle par la poésie de sa conscience écologique et sociale. En combattant nos peurs irrationnelles par le rêve, les fantômes obscurantistes par l’espoir, le vacillement moral par le feu artistique, Rone parle des périls de notre époque sans n’avoir besoin de prendre une seule fois la parole.
Chroniqué par Marin
Ben Mazué – Paradis (LP)
Le morceau préféré d’Anoussa : « Semaine A / Semaine B »
Avec Paradis, sorti au début de cet automne, Ben Mazué a donné naissance à un quatrième album rempli d’une douce mélancolie enivrante qui permet d’espérer en des lendemains plus lumineux après le départ de cet.te Autre qui a tant été aimé.e. Ben Mazué possède un véritable talent. Il sait sublimer la routine et ses petits détails, comme peu savent le faire : son quotidien partagé avec ses enfants, entre la semaine A et la semaine B, les tendres souvenirs qui demeurent lorsqu’une moitié de vie disparait. Au fil des 14 chansons, Ben Mazué confie sans détours ses émotions qui torpillent le cœur et les tempêtes affrontées. Outre la sensibilité bouleversante de ses textes, la production, quasi symphonique, est sublimée par les cuivres et les cordes parfaitement orchestrés. L’écoute de ce Paradis est un message d’espoir pour tout.e.s ceux et celles plongé.e.s dans la détresse et le chagrin des matins désenchantés.
Chroniqué par Anoussa
Lous and The Yakuza – Gore (LP)
Le morceau préféré d’Amélie : « Dans La Hess »
En octobre 2020, Lous and The Yakuza a dévoilé son premier album Gore produit par El Guincho (producteur de la chanteuse espagnole Rosalía). Un disque autobiographique dans lequel l’artiste belgo-congolaise relate son parcours, sans filtres, dans des sonorités trap, hip-hop, et R&B. Engagée dans les luttes raciales, la chanteuse mentionne l’année d’indépendance de son pays natal – le Congo – sur le titre Solo. Un album intime et parfois sombre où la chanteuse évoque son viol dans le morceau poignant Quatre heures du matin. Entre force et fragilité, la chanteuse aborde sa solitude, ses blessures et ses trahisons dans une poésie qui laisse entrevoir la douceur.
Chroniqué par Amélie
Soccer Mommy – Color Theory (LP)
Le morceau préféré de Anaïs : « Yellow is the color of her eyes »
Le bleu pour la dépression, le jaune pour la maladie, le gris pour la mortalité. À tout juste 23 ans, Soccer Mommy revient avec un deuxième album Color Theory qui explore avec intensité toute une palette d’émotions. Pourtant, le contraste est saisissant : ses états d’âme sombres, la douceur de ses mélodies et de sa voix bercent volontiers l’imagination, telle une invitation à la balade. En outre, ses textes sont véritablement magnétiques à l’image du morceau yellow is the color of her eyes (« See her face in the waves, her body floating. And her eyes, like clementines, I know that she’s fading »).
Chroniqué par Anaïs
Oliver Tree – Ugly is Beautiful (LP)
Le morceau préféré de Apolline : « Let Me Down »
Sorti en juillet 2020, l’album Ugly is Beautiful a constitué un véritable trésor de nostalgie. Tout comme son auteur, Oliver Tree, les 14 titres du projet sont hauts en couleur et fleurent bon les guitares de garage band aux accents indie rock. Personnage fantasque à la coupe au bol et aux pantalons larges, Oliver Tree semble tout droit provenir d’une autre époque, ce qui se ressent particulièrement sur les titres de Me, Myself & I ou encore Cash Machine. Album à consommer sans modération en 2021 !
Chroniqué par Apolline
Marc Rebillet – Loop Daddy III (LP)
Le morceau préféré de Léola : « Therapy »
Marc Rebillet est une véritable bête de scène. Depuis son salon ou directement devant un vrai public, l’artiste franco-américain nous dévoile son talent et sa passion pour l’improvisation du live, pour le plaisir de nos yeux et de nos oreilles. En octobre dernier, il nous a livré Loop Daddy III aka un masterpiece hors du commun qui, en une écoute, peut nous conquérir instantanément ou alors, au contraire, nous dépasser. Ce nouveau disque nous prouve que Marc Rebillet, le youtubeur et chanteur, est non pas un artiste mais bel et bien un performeur qui a plus d’un tour dans son sac. Armé d’une loop station, de percussions, d’un clavier et surtout de diverses voix, il passe sans peine d’un morceau évoquant le gospel à des sonorités plus trap, pour revenir sur un titre funky pour nous faire danser. De quoi tourner la page comme il se doit d’une année éprouvante.
Chroniqué par Léola
Victor Solf – 12 Monkeys (EP)
Le morceau préféré de Luis : « In Your Eyes »
Pendant un an, tout a été calme pour Victor Solf… En apparence seulement. Si le chanteur du duo Her a pris une pause créative après la fin de son groupe, il en a profité pour travailler sur son premier projet solo. Après son premier EP Aftermath, sorti en janvier 2020, sa mixtape 12 Monkeys a suivi en juin dernier, après le premier confinement. Le chanteur expérimente beaucoup : un saxophone vif, des samples de voix et un orgue prééminent. Les six titres sont imprégnés de néo-soul mais jonglent également avec d’autres registres musicaux, faisant alterner des ballades avec de puissants hymnes, quand le titre Party semble presque nostalgique. Comme à son habitude, Victor Solf fait rayonner son timbre chaud tout en brillant au piano.
Chroniqué par Luis
Adrianne Lenker – Songs (LP)
Le morceau préféré de Zoé : « Anything »
Adrianne Lenker (Big Thief) a profité de son confinement pour s’isoler et composer ce qui s’apparente à la BO de son cœur. En octobre dernier, l’autrice et compositrice américaine a dévoilé son album Songs, pensé durant la quarantaine. La chanteuse s’épanche sur ses émois liés à une rupture amoureuse douloureuse, en pansant ses blessures. Cet album, porté en guitare-voix, vient contraster la douceur et la brutalité de ses sentiments à travers 11 ballades folk et nostalgiques. Adrianne nous emmène loin, hors du temps, nous faisant part de ses sentiments endeuillés, marqués par la solitude et propose ainsi l’un des moments musicaux les plus intimes de l’année.