Fondateur et ex-rédacteur en chef d'Arty Magazine, le grand manitou…
Ce vendredi 12 mars 2021, on fête le triste anniversaire d’une année sans concerts depuis l’allocution du Premier ministre de l’époque Edouard Philippe, au JT de 13h de TF1.
L’épée de Damoclès d’un troisième confinement plane plus que jamais au-dessus de nos têtes. Comme le doux parfum de la bière pression et la torpeur humaine des festivals ne nous ont jamais autant manqué, on prend les choses en main.
On est parti en quête de pansements sur YouTube pour dénicher les perles rares, les concerts mythiques, ceux qui nous font vibrer, qui ravivent en nous de joyeux souvenirs de communion. En attendant de pouvoir pogoter de nouveau dans une fosse à 45°C, voici notre sélection pour danser seul ou (soigneusement) entouré. On a trouvé dans notre quête des concerts d’Amy Winehouse, Phoenix, Lomepal, un live inédit de la tournée Alive des Daft Punk et bien d’autres.
Amy Winehouse – Glastonbury (2008) La plus grande voix jazz récente en état de grâce
Amy nous manque. Sa voix jazz incomparable, parmi les plus grandes de l’époque récente, emporte le Festival Glastonbury en ce doux mois de juin 2008. Dans un état second tout au long du concert, sa prestation authentique est jalonnée d’une interprétation imparfaitement parfaite de Back to black, jusqu’à la clôture dans la fosse de Rehab. L’artiste livre un concert pour autant historique capté par la BBC, entrant à jamais dans la légende avec son eye-liner ailé et ses cheveux en ruche. Deux mois plus tard, l’artiste posera un lapin mémorable à Rock en Seine. Il fallait être anglais cet été là.
Phoenix – Brooklyn Steel (2018) Le plus américain des groupes français
À chaque album, Phoenix renaît avec une configuration live toujours plus folle. Le chanteur Thomas Mars et ses trois acolytes ont transformé les routes du monde en résidence secondaire, avant d’être les premiers français à se produire au Madison Square Garden en 2010, avec l’apparition surprise et légendaire des Daft Punk en prime. Ce 9 juillet 2018, le groupe fait un nouvel arrêt à New-York pour défendre leur septième album, Ti Amo, dans la mythique salle du Brooklyn Steel sous les caméras du média Pitchfork. Ne boude pas ton plaisir : Lisztomania, Trying To Be Cool et 1901 ont rarement été aussi bien captés en live.
Dua Lipa – Live à Göttingen (2016) La méga-star à ses débuts dans un festival allemand
En 2016, Dua Lipa n’a pas encore mis le monde à ses pieds avec la disco-pop de Future Nostalgia, ni même sorti son premier album éponyme. Pourtant, une star est en train de naître face à nous. Le talent de la bête de scène nous éclate aux yeux sans l’overdose marketing qui entoure désormais son projet, avec le charme de quelques transitions approximatives et d’une salle à dimension humaine. On pourrait même dire que son haut jaune présage sa performance hallucinante aux MTV EMA. Le concert se termine en point d’orgue avec l’ultra sexy Hotter Than Hell tout juste sorti à l’époque. Et si cette captation était l’un des plus gros coups de la chaîne hambourgeoise NDR ?
Lomepal – We Love Green (2018) Le triomphe du rap au festival parisien
Le rap a triomphé cette année là au Festival We Love Green avec la présence de Migos, Lomepal et Moha La Squale. Sur le podium, la médaille d’or revient sans conteste au môme de Jeannine décochant ses hits foudroyants, interprétés avec une énergie impensable dès les premières minutes, puis enchaînés à une cadence folle jusqu’aux dernières secondes. Le concert capté par Arte est le souvenir parmi les plus dingues de son tour de France 2018/2019, conclu par un double Zénith sold-out en février. « Le nom c’est (Palpal) / Avec ou sans prétexte, on célèbre / On m’appelle (Palpal). »
Rosalia – We Love Green (2019) Le sacre français de l’artiste catalane
Et si l’on restait encore un peu à We Love Green ? Pour sa première date en France, Rosalía en total-look Gucci met le feu à la scène, bien qu’on lui ait répété que c’était mauvais pour la planète. Dommage pour We Love Green. Le pari est gagné quand on voit la transe s’emparer de la foule avec ce flamenco boosté à la pop urbaine : un acapella extraordinaire pour entamer les hostilités dès la 11ème minute, une interprétation énergique de Con Altura prouvant que l’artiste est la vraie star du titre, un final émouvant avec le classique parmi les classiques Malamente. La preuve par seize mille festivaliers que personne ne peut échapper à la tornade catalane.
Muse – Olympic Stadium de Rome (2013) Le gigantisme romain du groupe anglais
On préfère être honnête d’emblée de jeu : personne ne fait mieux question gigantisme que Muse à Rome en 2013. À une époque où la « Corona » était juste une célèbre marque de bière, tout y est pour les amateurs de marée humaine et de show pyrotechnique. On reprend goût avec le supergroupe anglais aux fosses transpirantes, aux grosses envolées ampoulées et à l’amour des scénographies déraisonnables. À défaut de demi-mesure, on s’en prend plein les mirettes avec les 50,000 spectateurs communiant ce 6 juillet 2013 dans une seule et même bouffée d’air chaud. Et sans te mentir, ça fait un bien fou.
Stromae – Racine Carrée Live (2015) Le maestro électro donne sans compter
Stromae s’est donné sans compter de la sortie de Racine Carrée en août 2013, jusqu’à la fin de sa tournée en octobre 2015. Représentatif de cette générosité, son concert au Centre Bell de Montréal nous gratifie d’une durée fleuve de 2H d’un show réglé comme du papier à musique. Quelques jours plus tard, l’artiste est le premier belge à réunir les 18,000 spectateurs du Madison Square Garden. Rétrospectivement, c’est aussi l’une de ses dernières dates avant que son corps ne lui dise stop, épuisé par une grosse fatigue physique, que la prise du médicament Lariam a contribué à accentuer… Son burn-out scellé, l’artiste met sa carrière en pause fin 2016, après une tournée de 200 dates en deux ans. En attendant son retour, on patiente avec nos plus beaux souvenirs Youtube.
The Blaze aux Nuits de Fourvière (2019) La mue dansante d’une musique intimiste
Comme des centaines d’autres festivals, les Nuits de Fourvière n’avaient sûrement pas anticipé de prendre une pause après le passage de The Blaze en juillet 2019. Heureusement, cette dernière édition s’est attachée les services d’Arte Concerts pour capter le show lumineux des auteurs de Territory, alors en pleine tournée à travers la France. La musique de The Blaze a beau être intimiste, elle prend une dimension spectaculaire en live. Les écrans géants ceinturant les synthés modulaires est sans doute l’une des plus beaux set-ups de la scène électro française… Bien que le duo soit en très bonne compagnie dans notre sélection.
Justice – Ultra Music Festival (2012) Le duo français à la conquête du monde
Tous les puristes de Justice le diront : la meilleure scéno du duo à la croix reste celle de la tournée de 2012. Version augmentée de l’originale de 2008 avec ses gros caissons Marshall, ses jeux de lumière minimalistes et son énergie rock, le show gagne en maturité et en maîtrise pour cartonner dans les plus gros festivals. Banco ! Le passage des français sur la scène principale de l’Ultra Music Festival en 2012 est l’un des points d’orgue de leur carrière live, conjuguant la démesure à l’américaine avec le savoir-faire artisanal de la French Touch. Il suffit de comparer ce shot d’électro saturé à leur second passage en 2017 sur une scène secondaire, pour mesurer la différence d’énergie et d’envie, et voir que Justice année après année s’est embourgeoisé sous une rafale d’effets inutiles.
Daft Punk – Alive Tour (2007) Et les Daft Punk créèrent le live moderne
Une tournée d’importance historique, vraiment ? Les Daft Punk ont effectivement inventé le concert électronique moderne, en étant les premiers à concevoir et agir en direct sur une structure lumineuse de LED. À l’époque, les artistes sont loin des normes que l’on connaît aujourd’hui, selon le régisseur lumière Michael Figges : « Les premiers concerts d’EDM avaient des installations simples : quelques enceintes et un rétroprojecteur. Les shows ont évolué jusqu’à ce fameux live révolutionnaire de Daft Punk à Coachella en 2006. » Depuis leur tournée de 50 dates en 2006 et 2007, les Daft Punk ne se sont plus produits devant un public à l’exception des Grammy Awards en 2014 et 2017.
Après la découverte d’un DJ Set inédit la semaine dernière, la vidéo YouTube des Daft Punk a été repérée par Tsugi il y a tout juste 24H. Comme nos confrères le soulignent à juste titre, il reste sûrement peu de temps avant qu’elle ne soit supprimée par les managers des robots casqués, qui souhaitent à tout prix privilégier l’écoute des albums studio.