New York par Scorsese : Pretend it’s a city, sur Netflix
Depuis l'âge où elle attendait que son père rentre du…
Série documentaire Netflix réalisée par Martin Scorsese, on te dit pourquoi Pretend it’s a city est un « must watch » de la plateforme, à sa façon.
Loin des séries documentaires de true crime qui abreuvent Netflix, Scorsese propose sept épisodes qui suivent les déambulations d’une septuagénaire newyorkaise dans Manhattan. Peu attractif me diras-tu ? C’est que Fran Lebowitz n’est pas n’importe qui.
Qui es-tu, Fran Lebowitz ?
En France, son nom n’évoque pas grand chose, si ce n’est peut-être aux adeptes des late-night shows américains ; elle fait pourtant salle comble lors de ses conférences aux États-Unis. Autrice de trois livres et journaliste, elle était une des figures de l’intelligentsia américaine des années 70 ; proche notamment d’Andy Warhol et de Robert Mapplethorpe. Aujourd’hui, alors qu’elle n’a plus écrit depuis 1994, elle circule dans le pays, donne des conférences, et participe aux émissions de Jimmy Fallon, Seth Meyers et confrères.
Si Fran Lebowitz garde son aura, c’est grâce à son esprit quelque peu hors du commun, cynique, à ses traits d’esprit acerbes et à ses prises de position parfois snobes mais surtout très drôles, sur à peu près tout : la technologie, le tourisme, les fêtes, le métro… Enfin, toutes les composantes du quotidien d’un New-Yorkais et d’un urbain en général. Son humour un peu plaintif rappelle celui de Woody Allen, et les similitudes ne s’arrêtent pas là. Un look à la Diane Keaton (blazer, jean), un rapport à la ville, un phrasé ininterrompu et digressif en font un double plutôt caustique du réalisateur.
La Grande Pomme en toile de fond d’une amitié véritable
Ce qui transparait également à l’écran, c’est la fascination de Martin Scorsese pour cette femme, liée peut-être à l’amour qu’ils partagent pour la ville de New York ; ou des souvenirs communs, des conversations entre eux, que l’on soupçonne récurrentes. La mise en scène semble naturelle à l’image de leur dynamique, sobre. Il l’écoute, choisit des lieux familiers où elle peut se livrer, être à l’aise. Il l’accompagne et reçoit ses tirades en riant, créant ainsi un écrin illustré à ses monologues.
Car s’il y a bien un sujet à cette série, c’est la parole. Une parole travaillée, dont on sent qu’elle a été testée, avec un sens de la formule qui touche exactement au but, qui sait ménager ses effets. C’est un quasi one-woman show que créent le réalisateur et son sujet tellement la personnalité de cette femme semble être une performance continue.
On peut reprocher à la série cependant, de ne pas aborder des points biographiques intéressants (ne serait-ce que le passage de Fran Lebowitz au Studio 54 et ses discordes avec Andy Warhol) qui auraient ancré le personnage dans une histoire, un contexte. Comment devient-on une personnalité publique lorsque l’on vient d’une famille moyenne juive du New Jersey ? Voilà qui aurait peut-être apporté de l’épaisseur au sujet. Oui, 7 épisodes, c’est parfois long lorsque l’unique objet est une personnalité dont on n’aborde pas les points politiques, à savoir être une femme juive et lesbienne ayant grandi dans les années 60.