« Le Soleil de ma mère », le documentaire qui nous fait voir différemment le conflit arménien
Défenseure activiste du Sun Spirit, proclamant à tue-tête qu’A stands…
Le Soleil de ma mère, illustration documentaire du conflit arménien l’opposant à l’Azerbaïdjan, sort ce dimanche 7 mars sur YouTube. Arty a pu le voir en exclusivité. On te donne notre sentiment.
Le jeune réalisateur Luchino Gatti s’est rendu en Arménie en 2020, pays alors en plein conflit avec l’Azerbaïdjan sur le sort du Haut Karabakh, emplacement géographique disputé par les deux nations depuis plus de 30 ans ; et cause de milliers de morts dans chaque camp.
Fraternité
C’est grâce à un ami, ancien boxeur d’origine arménienne, que Luchino Gatti part à la découverte de ce pays et de sa culture. Lorsque le conflit au Haut Karabakh se déclare à nouveau, c’est ensemble qu’ils décident, ayant une confiance presque familiale l’un envers l’autre, de partir en Arménie, sans plan précis, dans le but de s’approcher au plus près du front pour aider le peuple en guerre. Ensemble, ils vont voyager au cœur des événements et faire la rencontre de ceux qui vivent au quotidien le conflit. Au travers de leurs récits d’expériences, la visite de lieux historiques et de villages marqués par les affrontements, ils vont être frappés de plein fouet par la réalité du quotidien du peuple arménien.
Témoigner
Luchino Gatti participe avec pudeur au témoignage de ces événements historiques, à travers les retours de quelques hommes ayant vécu le conflit en première ligne, mais également grâce à l’architecture, à l’histoire, et aux dégâts, aux paysages… On pense notamment à une superbe église, dont on extrait comme on peut des plaques et autres artefacts afin de préserver le patrimoine historique arménien ; ou encore les débris de voitures ayant traversé des pluies de balles et autres artilleries lourdes, et sur lesquelles on a déposé d’immenses bouquets de fleurs ; également les sublimes paysages vallonés et désertiques qui séparent les villages les uns des autres. Tous les éléments sont mis au service du récit, ou plutôt du réel. On retrouve en permanence, en filigrane, la poésie et la sensibilité de Gatti à travers ses partis pris de réalisation et de narration.
Un voyage initiatique
Alors que le postulat de départ semblait être de prendre part au conflit pour apporter son aide, au fur et à mesure, l’aventure de ces hommes se transforme en voyage initiatique. Un peu à la façon d’Apocalypse Now, on s’enfonce toujours plus profond dans les terres, le ciel s’obscurcit et fait place à la nuit noire, puis la quête de sens devient de plus en plus obnubilante, frôlant parfois l’onirisme. L’utilisation parcimonieuse de la musique, quasiment inexistante, constitue un parti pris efficace dans la retransmission du réel. Quant aux images, filmées sur le vif, parfois à la volée entre deux chars militaires, elles participent à la mise en abîme du spectateur.
Là où d’autres oeuvres nous laissent dans l’obscurité pour méditer sur l’horreur des événements, Luchino Gatti choisit de nous donner l’espoir de la lumière. Nous ne sommes plus les mêmes au lever du soleil, changés à jamais comme à la suite d’un rite initiatique, et chacune des décisions à venir sera potentiellement plus lourde en sens mais également en conséquences.