« Mondo Domino » sur Arte : chronique d’un futur bien trop proche
Grande adepte des burgers maison et des baskets à plateforme,…
Ce samedi minuit dans l’émission Court-circuit, sur Arte, sera diffusé Mondo Domino, un court métrage d’animation réalisé par Suki. À ne manquer sous aucun prétexte.
Dans un vacarme de tronçonneuses assourdissant, des bûcherons fredonnent gaiement en abattant des arbres destinés à servir de décor pour un défilé de mode. Ainsi débutent les premières images de ce court métrage déroutant et saisissant à la dérision débordante. Le tout animé sur un Boléro de Ravel revisité à cappella de manière ensorcelante par le Trio Domino. L’œuvre cruellement bien choisie puisque ce chef d’œuvre fût le dernier de Maurice Ravel, avant l’atteinte cérébrale qui le condamna tout le reste de sa vie au silence.
On n’est pas loin d’être foutus, non ?
Une satire parodique contemporaine, sur ton de tragi-comédie musicale, marquée d’agissements plus grotesques et ubuesques les uns que les autres. Un farfelu et frénétique chaos d’attitudes et de comportements en chaîne, tous aussi confus qu’alarmants, associé à un sentiment de déjà-vu… À la vue de cette agitation sans fin d’évènements toujours plus affligeants que désolants, l’hypothèse d’un canular bâti sur un effet domino prend tout son sens et rend le court métrage fascinant et pragmatique : les causes mènent à des conséquences, généralement dévastatrices. Le réalisateur l’a bien compris. L’être humain, un peu moins.
Mondo Domino dépeint à sa manière toute la sottise et l’excès de l’espèce humaine qui s’auto-détruit sans en prendre conscience, à une vitesse terrifiante vers un monde qui court à sa perte, dans un dynamisme débridé. Un monde qui surexploite, surconsomme, surmédiatise, surconnecte, contrôlé par des pulsions et tentations absurdes. « Tel un petit bonbon acidulé pour mieux faire passer la pilule » d’une condamnation prochaine, ce film si coloré est à l’image d’un monde exalté, aliéné et excessif. On semble imprégné d’une fumée émanant d’un produit toxique, s’échappant d’un dessin aminé. Une fin du monde où la nature reprend ses droits même auprès des plus sereins ne se sentant ni ébranlés ni impliqués dans ces bouleversements.