« Akira » : Le cultissime animé japonais débarque en salles en 4K
Scénariste quand il n’analyse pas les œuvres des autres, Damien…
En cette période de morte saison pour la culture, les distributeurs choisissent de ressortir certains chefs-d’œuvre de leurs tiroirs en version 4K. C’est le cas du vibrant La Haine de Mathieu Kassovitz ou encore de l’impétueux Apocalypse Now de Francis Ford Coppola – mais aujourd’hui nous parlerons d’Akira, film d’animation japonais de Katsuhiro Ōtomo sorti en 1988. Et les copains, y’en a des choses à dire !
Ce récit dystopique évolue dans un Tokyo aux traits d’une Babylone apocalyptique. Kaneda, petit voyou de 15 ans avec une GROSSE cylindrée, vit la nuit avec sa bande, qui se dispute leur territoire avec d’autres clans. Au cours d’une de leurs confrontations quotidiennes, Tetsuo, un ami d’enfance de Kaneda, est victime d’un étrange accident, et est évacué par l’armée. Il sert alors de cobaye pour une expérience top secrète : le projet Akira.
Considéré comme un des monuments de la science-fiction, Akira est avant tout une expérience visuelle où l’approche est plus conceptuelle que narrative. Ne t’attends pas à trouver ici la figure du héros. Il n’y a que des personnages vivant des choses dramatiques à un moment donné, et l’intrigue est simplement le mélange de tous ces événements. Tous cela sert a révéler des thématiques chères à Ōtomo, par ailleurs d’une modernité accablante.
Une expérience visuelle où l’approche est plus conceptuelle que narrative
L’ultra-violence et les dangers de la science sont représentés par une vision chaotique d’une mégalopole empreinte de l’Histoire traumatisante du nucléaire, d’une société capitaliste sur le déclin. Un monde où les hommes ne se soucient plus que de leur petit ego pour assouvir leurs bas instincts, sans prendre en compte la causalité de leurs actes, comme on peut le constater dans chacune des scènes de bécanes du film. Car la crise n’est pas seulement économique, elle est aussi spirituelle. La croyance est remplacée par la science et le monde devient fou par manque de compassion et de valeurs.
Cet ensemble de sujets dits « matures » ont pu être travaillés avec une rare subtilité, grâce à une écriture de l’univers étendu aussi rare que complexe. Katsuhiro Ōtomo a rédigé plus de 2000 pages de notes pour constituer ce monde futuriste, et ça se sent. Regarde chaque figurant évoluer dans ce méli-mélo de structures gigantesques aussi foisonnantes que délabrées. Regarde chaque mouvement, chaque mimique. Il n’y a pas de hasard dans l’animation. La grande force de ce film est qu’il se compose d’une foule d’anonymes apportant des détails essentiels à la mosaïque de ce monde défaillant.
Un travail artisanal au budget colossal d’un milliard de Yens
Ce tour de force incroyable résulte d’un travail artisanal (au budget colossal d’un milliard de Yens, certes, mais tout de même), à une époque où lorsque l’on fait une erreur après que le dessin ait ses couleurs définitives, c’est n’est pas juste un rush que l’on peut supprimer en un claquement de doigts. Non, ici la pâte est humaine, et comment ne pas le ressentir dans chaque plan ? Plus de 150 000 celluloïds (les dessins propres au film d’animation) ont été nécessaires pour la création de ce long-métrage. Un boulot monstre pour le plus grand plaisir de nos mirettes.
Ce film est un coup de poing dans la vitre du bocal qui nous sert de cerveau. Au-delà de l’œuvre, Akira est un défi. J’exagère sûrement, mais si tu prends le temps d’aller le voir en salles, ce sera une expérience qui changera probablement ta façon d’appréhender les films, de lire de la BD, et ce, peut-être jusqu’à ta vision du monde… Comme un air de liberté.