Les meilleurs albums de la semaine avec James Blake, Alex Ebert et Poliça…
Fondateur et ex-rédacteur en chef d'Arty Magazine, le grand manitou…
Notre rendez-vous hebdomadaire réunit la crème des sorties musicales. Au programme de ce samedi : le quatrième album de James Blake, les mixtures WTF d’Alex Ebert et l’expérience méta de Poliça. On termine la semaine avec nos newcomers coups de cœur : la techno mélodique de Mokado et l’electro-soul de Later.
James Blake – Assume Form (LP)
Notre morceau préféré : « Where’s The Catch ? »
C’est de nouveau une évidence : James Blake est bourré de talent. De sa voix cristalline inégalée, l’artiste dévoile un quatrième album ponctué de gimmicks au piano qui nous ferait presque oublier son précédent opus The Colour in Anything. Son nouveau disque assume ses contours pop alors qu’on l’attendait davantage sur un terrain urbain, après ses collabs’ avec Kendrick Lamar, Travis Scott et André 3000. Enfin, son refus de se complaire dans la noirceur, alors que le rouquin n’a jamais caché ses penchants dépressifs, résonne comme un appel d’air dans sa discographie. Si le chanteur ne se réinvente pas, Assume Form confirme sa place incontournable sur la scène mainstream sans ne jamais transiger sur la forme.
Alex Ebert – I vs I (LP)
Notre morceau préféré : « Stronger »
La chanteur d’Edward Sharpe and the Magnetic Zeros nous met les poils avec son nouveau disque solo I vs I. Faisant voler les frontières entre les genres, le californien propose un mix frappé entre rock, electro et psyché. Toujours là où on ne l’attend pas, l’artiste explore la dualité de l’amour entre simplicité et complexité, vulnérabilité et sécurité, droppant une œuvre intransigeante sur les remous de nos petits cœurs. En totale roue libre sur plusieurs titres (Fluid, King Kriller, Alex Meets The Night), le délirant Alex Ebert nous récupère sur d’autres percées géniales (I Smoke, Jealous Guy, Miracle) avant de nous toucher de plein fouet sur Stronger en évoquant sa relation avec Jade Castrinos, chanteuse d’Edward Shape. Le talentueux bonhomme aime prendre des risques.
Poliça – When We Stay Alive (LP)
Notre morceau préféré : « Feel Life »
Pour vendre un disque aujourd’hui, tout est question de storytelling. Avec Channy Leaneagh de Poliça, ça commence plutôt mal lorsqu’elle chute de son toit pour enlever de la neige. Immobilisée, l’artiste médite sur son malheur et entame sa guérison physique et mentale grâce au soutien de son médecin. Surtout, elle fait le topo sur sa colère, ses regrets et ses peurs. On avait peur à notre tour de tomber sur un disque plein de poncifs, c’est au contraire une libération pleine de force et d’optimisme que sa voix sucrée accompagne doucement. Composé pour moitié avant son accident et pour moitié après, l’album ne sacrifie aucune cohérence d’ensemble de l’électrifiant Feel Life au touchant Steady. Parfois un bon disque n’est pas question de storytelling mais de persévérance.
Mokado – Ghosts (EP)
Notre morceau préféré : « Mona »
Mâchoire décrochée et pied agité. Voilà l’état dans lequel nous avait laissé l’EP de Mokado, projet du percussionniste Sylvain Bontoux. Il squattait déjà nos colonnes parmi nos favoris du Prix Ricard Live et dans notre sélection mensuelle de clips. Le voici désormais avec Ghosts en pole position mélodique pour nous emporter de sa techno minimale où s’agite son instrument fétiche, le marimba. Portant une historie forte et singulière, son EP a été composé alors qu’il venait de retrouver des carnets de note de son grand-père, relatant la Seconde Guerre Mondiale et la Guerre d’Algérie. Transformer le feu en force, l’âme d’un guerrier de l’electro est née.
Later – On Time (EP)
Notre morceau préféré : « L.Y.E. »
Later n’arrivent pas trop tard, ils sont au contraire dans la fleur de l’âge. Après avoir signé un premier single sur Kitsuné, le jeune groupe issu de Pigalle dévoile leur cinq titres sur Cookie Records, maison de qualité et label de cœur. Débarquant avec la fraîcheur des newcomers, leurs productions électro-soul coulent comme une évidence solaire à ceux qui ont écouté James Blake, Jordan Rakei ou Jungle. C’est un peu le revival de Paris Plage en plein février, la vibe anglo-saxonne en plus.