Home Ciné #06 : À la rencontre du monstre, « Alien, le 8ème passager »
Scénariste quand il n’analyse pas les œuvres des autres, Damien…
Pendant toute la durée du (re)confinement, Arty te propose ses Home Ciné, un lieu convivial où nos rédacteurs et journalistes présenteront leurs films préférés. Ceux qu’ils ont vu à 6 ans, ceux qu’ils ont découvert suite à leur première rupture amoureuse, ceux qu’ils dévorent avec un paquet de chips chaque dimanche soir depuis dix ans… Bref, tous ces films de leur vie qu’ils souhaiteraient te faire découvrir, là, maintenant.
Aujourd’hui, Damien nous présente Alien, le 8ème passager, de Ridley Scott, 1979.
Dans la vie, tout est une question de timing
Premier monument d’une licence qui perdure encore aujourd’hui, Alien reste un OVNI intemporel dans l’histoire du cinéma. Mais comment un film proposant une direction graphique aussi radicale qu’onéreuse a pu être accepté par les studios d’Hollywood, puritains à l’excès, qui n’autorisèrent la prononciation du mot « fuck » qu’à partir de 1970 ? Question de timing : un nouveau genre en est à ses premiers balbutiements et l’atmosphère des studios est empreinte d’opportunisme depuis que Les Dents de la Mer et Star Wars ont ouvert la voie aux blockbusters de science-fiction.
Dans sa recherche de la nouvelle poule aux œufs d’or, la Twentieth Century Fox se tourne vers le seul script assez abouti de sa grande maison : le projet de Dan O’Bannon, illustre inconnu dont le seul fait d’arme est d’avoir collaboré avec Carpenter ainsi que sur un projet avorté : Dune. Eh oui. Sans Dune, Alien n’aurait probablement jamais existé, car c’est grâce à l’agglomération de tous les talents de cette ancienne équipe qu’Alien obtiendra une pâte si unique. On attribue très souvent le succès d’un film au réalisateur, mais il s’agit indubitablement ici d’une œuvre collective à l’ADN multiple.
Héritage théâtral et direction artistique divine
Le casting 4 étoiles ne brille pas qu’au sein de l’équipe technique : les acteurs, issus pour la plupart du théâtre, vont largement improviser les scènes afin de mettre de l’ordinaire dans l’extraordinaire. Un aspect documentaire qui permet au fantastique de prendre son temps sans brusquer le spectateur… Jusqu’à ce que l’horreur le saisisse la gorge. Le lieutenant Ripley, cette femme luttant dans un monde d’hommes est probablement le personnage le plus badass incarnée par la talentueuse Sigourney Weaver et qui sera la colonne vertébrale de la licence sur plus de 20 ans. Un phénomène (trop) rare au sein des films à grand spectacle et dont Alien peut se vanter d’être le précurseur.
Alien est une œuvre d’art bâtie sur une série d’accidents formidables et de compromis osés que l’on risque de ne pas revoir de sitôt dans notre monde aussi aseptisé qu’étroit. Un film artistiquement brillant jusque dans son utilisation du son comme pouls de l’angoisse. Un bémol : le film aurait-il mal vieilli ? Que nenni malheureux ! Il a été remasterisé en 2003 pour ne pas écorcher ta rétine de cinéphile averti. Il ne te reste plus maintenant qu’à embarquer à bord du Nostromo, cargo de transport intergalactique, et d’essayer de survivre face à l’horreur parasite et sans voix qui s’est glissée chez toi… Car « dans l’espace, personne ne t’entendra crier. »
ALIEN
Réalisé par Ridley Scott
Avec Sigourney Weaver, Tom Skerritt, Veronica Cartwright
Actuellement disponible sur Orange et Canal VOD