Anna Uru, cœur d’artichaut à fleur de peau
Fondateur et ex-rédacteur en chef d'Arty Magazine, le grand manitou…
Les illustrations délicieusement grivoises d’Anna Uru ont attisé notre curiosité. Découverte d’une artiste au caractère bien trempé.
Dans le métro, sur les murs, partout dans la ville : une sexualité obscène s’affiche en quatre par trois. À chaque nouvelle publicité, on perd un peu plus l’espoir de découvrir une sensualité bienveillante. L’illustratrice Anna Uru ravive notre flamme éteinte de son univers coloré, fantasque et délicieusement grivois.
Représentée par l’agence Pekelo, elle met en scène de petits personnages aux poses mi-suggestives, mi-drôlatiques. Ni poils, ni tétons, les objets se substituent à l’attribut phallique sans en déposséder l’homme. Au centre de la partition créative, la figure féminine se dresse d’une désinvolture toute en courbes. L’absence de traits du visage nous invite à l’identification : oui cette femme libre, cet homme culotté, ce couple coquin, ça pourrait être nous.
Sous l’apparente candeur de son œuvre, l’émancipation du corps est revendiquée, et elle s’engage contre la présence des produits toxiques dans les tampons. Il est rare de reconnaître l’identité d’une artiste à chaque réalisation, Anna en fait partie. Soit-il virtuel, son coup de pinceau nous rend toute chose.
Marin : Bonjour Anna. Si tu devais donner une couleur à ce que tu ressens actuellement, laquelle serait-elle ?
Anna : Bonjour Marin. Je me sens très #9BDDD4 en ce moment.
M. Qu’est-ce qui te motives au quotidien ?
La certitude que le meilleur est encore à venir.
M. Si tes créations étaient une musique ?
« Do you wanna funk » de Patrick Cowley et Sylvester. Une bonne vieille métaphore filée de la fornication portée par un voisement très 80’s, et des rythmiques joyeuses et endiablées.
M. Quel tabou de notre société aimerait-tu faire sauter ?
Taboo’ge ton corps ― ou, pour les profanes, tous les tabous relatifs au corps des femmes et de l’utilisation qu’elles en font.
M. Le futur est-il féministe ?
Absolument. Le futur sur lequel je compte se bâtit sur une parité pérenne. Cette harmonie n’étant à l’évidence pas encore prête à être respectée, elle se doit d’être d’être conquise, indéfiniment.
M. Quelle illustration enverrais-tu dans l’espace pour présenter l’humanité aux aliens ?
Pas l’une des miennes, déjà. Selon sur qui ils tombent en premier lorsqu’ils passeront sur Terre, y’a moyen que le reveal de certains visages chamboule un peu les types.
M. Dans une autre vie, quel talent rêverais-tu d’avoir ?
La pondération. Ou celui de parler Fourchelangue ; on va pas se mentir, j’ai pas encore tranché.
M. 7 mots pour décrire ton Paris ?
Bicycletté, caféiné, enamouré. Du drame, des « jpp », des moulures au plafond et des bisous sur les fesses.
M. Enfin, la question incontournable chez Arty Paris, on n’y coupe pas. Quelle est ta définition d’une artiste ?
Péter à hauteur de son cul mais faire en sorte que l’odeur sente meilleur