« Grand Prix »: Benjamin Biolay, la mélancolie à 100 à l’heure
Amatrice du kitsch, de vieux fromages et de pop bien…
Grand Prix, c’est le nouvel album de Benjamin Biolay sorti le 26 juin dernier. Un album qui a démarré à toute berzingue avec la sortie du single Comment est ta peine. Trois ans après Volver, le chanteur signe son 9ème album, le plus intime de tous.
Enregistrées au Studio de la Seine à Paris, ses nouvelles compositions sont résolument rock. On y entend ses influences comme The Strokes ou The Cure. Les synthés analogiques vrombissent au milieu des guitares. Dans ce nouveau disque, il file la métaphore de la Formule 1 et du grand prix, dont le titre éponyme est le premier écrit après l’accident de Jules Bianchi au Grand Prix du Japon, à Suzuka en 2014. Le jeune homme succombera à ses blessures. Fasciné par la vie des pilotes, Benjamin Biolay avait été marqué par le décès du Français. Dans une interview pour Ouest France, il confiait : « (ndlr : la Formule 1), ça accompagnait nos vies un dimanche sur deux. »
Des paroles d’une honnêteté frappante
Le 1er titre de l’album, Comment est ta peine fait caisse de résonance au confinement : « Il faudrait qu’on apprenne / À vivre avec ça / Comment est ta peine ? / La mienne s’en vient, s’en va ». Il est une déprime grondante, une saine colère à laquelle s’attelle le chanteur dans un groove électro. Pour passer la première vitesse, il suffit d’enclencher la musique et danser. Si le sport automobile semble être au cœur de ces 13 titres, ce qui fait le carburant de Grand Prix, c’est l’axe résolument pop qu’il n’a jamais quitté : la mélancolie. Comme une forme de rébellion, ses paroles sont d’une honnêteté frappante, dans lesquelles le soupçon de vulgarité est moteur de vérité. Ce qui les rend encore plus touchantes, c’est que Biolay ne susurre plus, il chante. Et plus que les mots, c’est sa voix qu’il laisse découvrir et ainsi son public rentrer dans son intimité.
Grand Prix a passé la ligne d’arrivée mais n’a pas terminé sa course. Le chanteur sera en tournée à l’automne prochain dans toute la France. Son concert à l’Olympia, ce vendredi 30 octobre, affiche déjà complet. En attendant, Benjamin Biolay est loin d’être « un vieux moteur si [on] soulève le capot ». Il s’inscrit, pour de bon, dans la légende de la chanson française.