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6 albums à écouter cette semaine : Thomas Azier, Victor Solf, Muddy Monk…

6 albums à écouter cette semaine : Thomas Azier, Victor Solf, Muddy Monk…

Marin Woisard

Tu commences à connaître la rengaine : quelles sorties fallait-il écouter cette semaine ? On ne sait pas si c’est le retour des beaux jours ou le crû exceptionnel de cette semaine qui nous rend jouasse. En tout cas, Thomas Azier, Victor Solf, Muddy Monk, Régina Démina, GoGo Penguin et Animali font kiffer nos oreilles de mélomanes comme jaja.

Thomas Azier – Love, Disorderly (LP)
Notre morceau préféré : « If There’s a God »

Le néerlandais Thomas Azier cristallise tous nos espoirs depuis la sortie de son EP Hylas 001 en 2012. On était loin d’être les seuls – l’artiste a signé chez le mastodonte Universal Music pour son premier album Hylas en 2014, avant de dévoiler l’écrin de Rouge en 2017 réalisé par Dan Levy. De la pâleur grandiose de la new wave de ses débuts, le chanteur mue vers une fougue pop teintée de post-punk avec son troisième album Love, Disorderly. En huit morceaux, celui qui habite désormais à Berlin fait vibrer ses synthés, braque ses textes vers un discours socio-politique, et s’abandonne aux expérimentations futuristes. Plus que tout, c’est sa voix de ténor qui perce au-dessus des accords comme un puissant cri du cœur : crescendo d’émotions sur Hold On Tight, incantatoire sur la reprise de Gala Freed from desire, volubile d’élégance sur If there’s a god. Album après album, Thomas Azier fait voler en éclats toutes nos certitudes pour nous glacer de beauté.

Victor Solf – 12 Monkeys (Mixtape)
Notre morceau préféré : « Tomorrowland »

Victor Solf ne tient plus en place. Après s’être libéré de l’aventure de Her, le chanteur, compositeur et interprète a sorti son EP neo-soul Aftermath au mois de janvier. On ne s’attendait pas à le revoir aussi tôt avec sa mixtape 12 Monkeys enregistrée au cours du confinement. Les six titres célèbrent son talent de producteur avec un piano omniprésent et l’influence notable de Kanye West, Childish Gambino et Jamie XX. Référence directe à l’univers de Terry Gilliam (L’Armée des 12 singes), Victor Solf semble avoir aspiré la folle inventivité du réalisateur british pour repousser les limites de son univers. C’est entre quatre murs que l’artiste fait rebondir son timbre chaud pour échapper à la solitude ; comme si de l’enfermement physique naissait sa libération créative, magnifiquement mise en scène par Liswaya dans un clip fleuve.

Muddy Monk – Ultra Tape (EP)
Notre morceau préféré : « Encore Un Peu »

Le compositeur suisse Muddy Monk revient en cinq productions synthétiques qui tirent le meilleur des machines, en l’occurrence un Akai MG1214, pour développer son univers romantique à la lisière du robotique. De sa douce orfèvrerie confectionnée dans un studio bruxellois, l’artiste questionne des sujets universels tels que l’humain, l’amour, la religion ou encore le rejet. C’est comme si le robot de Metropolis de Fritz Lang agitait sa main métallique au-dessus de synthés pour se découvrir un cœur abîmé par les déchirements de la vie. Car du clip d’Encore un peu à celui de Mylenium réalisés par l’illustrateur Dexter Maurer, le producteur aux doigts d’or propose un storytelling où les androïdes aspirent à de grandes émotions humaines en s’incarnant dans divers mythes – La Création d’Adam de Michel-Ange ou la chute d’Icare.

Régina Demina – Hystérie ! (LP)
Notre morceau préféré : « Chimère »

La princesse de la poésie bubblegum frappe un grand coup en chevauchant à travers la plaine technoïde son opus Hystérie !. Artiste pluridisciplinaire aperçue en résidence au Palais de Tokyo et dans les clips de Contrefaçon, Régina Demina s’est construit un personnage échappé d’un animé de Disney sous acides qui craquelle les frontières entre fantasme et réalité. Son album s’adresse aux grands enfants qui rêvent de caresses naïves (Couzin), d’idole siliconée (Nabilla), d’angélus gabber (Ondine mélancolie), de catharsis amoureuse (Pyromane) et de mal-être existentiel (Chimère). C’est le romantisme noir du roman culte Hell de Lolita Pille qui rencontre les lumières du dancefloor, la désillusion enchantée de Sex Education qui foule le sol bétonné d’une wharehouse, le vice américain des bouquins de Bret Easton Ellis qui s’exporte dans le 16ème arrondissement. La Principissa Hystera s’est fait un nom.

GoGo Penguin – GoGo Penguin (LP)
Notre morceau préféré : « Atomised »

Signé sur le mythique Blue Note, le trio mancunien GoGo Penguin n’est pas manchot de leurs six mains. Aux férus de jazz, le pianiste Chris Illingworth, le batteur Rob Turner et le bassiste Nick Blacka ne sont pas des inconnus. Ce sont même les stars d’un jazz fusion en pleine ébullition qui fait salle comble à chacune de leurs tournées depuis leur formation en 2012. Leur cinquième album célèbre leur goût vorace pour les rythmiques et les accords s’emballant à mille à l’heure, semblant toujours frôler la ligne blanche de leurs folles autoroutes instrumentales, sans ne jamais s’emboutir les uns dans les autres par une osmose fascinante de technique. Il y a l’héritage des premiers constructeurs minimalistes, parmi qui Steve Reich, John Adams, et même Erik Satie auxquels leur armature mélodique rutilante doit son savoir-faire. Cet opus où surgit l’hypnose par l’aisance est la Rolls Royce des groupes acoustiques ; tout a l’air confort quand on appuie sur le champignon, mais leurs turbos relèvent de l’excellence anglaise.

Animali – Mary D. Kay (LP)
Notre morceau préféré : « Genetic Bomb »

Au-delà de la grande qualité mélodique de leurs titres, la plus grande surprise avec Animali est de découvrir leur appartenance à la scène lyonnaise indie. Avec leur hit Genetic Bomb, on les imaginait davantage cruiser avec Kevin Parker de Tame Impala ou dans le sillage surréaliste de Wayne Coyne des Flaming Lips. C’est un référentiel double comme les acolytes qui composent le groupe : Julien Jussey et Benjamin Richardier. Les compères présentent leur premier album Mary D. Kay aux thématiques universelles – notre planète a la gueule de bois, nos sociétés croulent sous les diktats, et nos enfants vont se retrouver avec un boxon sans nom sur les mains. Plutôt que virer drama kings, les acolytes plaquent sur ce constat morose les accords d’une pop entêtante et délicate. En latin, « animali » signifie « doué de vie ». C’est bien le sentiment qui prédomine à l’écoute de cet album tissé d’un espoir psychédélico-contemporain.

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