Interview : Julian Starke, l’éminence grise de French Waves
Fondateur et ex-rédacteur en chef d'Arty Magazine, le grand manitou…
Le projet de Julian Starke, French Waves rend hommage à la French Touch avec un documentaire, une websérie, un site interactif et une tournée de concerts. Point n’en faut trop.
À seulement 27 ans, Julian Starke est devenu le documentariste officiellement officieux de la French Touch. Ex-vidéaste attitré de Pain Surprises, le réalisateur a interviewé les têtes d’affiche de ces 25 dernières années avec Pedro Winter pour parrain : Laurent Garnier, Cassius, Breakbot, Rone, Para One, Fakear… Cerise sur le gâteau, son ami d’enfance Jacques Auberger a participé à l’écriture du projet. Oui, on parle bien du fameux Jacques.
Soutien du CNC, UniFrance, la SACEM et CStar
Soutenu par le fonds d’aide à la création du CNC, le documentaire French Waves est la pierre fondatrice du projet. Sans jamais tomber dans une vision immobiliste, Julian brosse l’histoire d’un mouvement alternatif plus que jamais vivant, de la naissance des premières raves jusqu’au plébiscite international. Il raconte aussi comment la nouvelle génération s’est emparée de l’étiquette French Touch pour la perpétuer à sa manière, avec de jeunes têtes qui continuent à renouveler l’héritage des années 90.
Place maintenant à la fête. Car French Waves, c’est aussi une tournée mondiale de vingt dates avec une formule de masterclass, projection et clubbing. De passage en coulisses, on a rencontré Julian pour lui poser quelques questions.
Marin : Salut Julian. Quelle musique définirait ton état d’esprit en ce moment ?
Julian : En ce moment, j’écoute des musiques chantées : rap, r’n’b et hip-hop. Je sais pas vraiment pourquoi, je pense que j’ai besoin de m’aérer.
M. : Est-ce que tu peux te présenter en trois hashtags ?
J. : #Inclusif : Parce que j’aime toujours faire de la place pour les nouveaux venus dans l’équipe. Ça me fait plaisir que les gens prennent du plaisir aux soirées que l’on fait ou en voyant les films que je réalise.
#Borné : C’est une nécessité quand tu veux accoucher d’un projet, que tu es le seul à le visualiser et que tu veux le partager avec le plus de gens possible.
#Enfantin : J’aime bien m’émerveiller de choses simples, parfois débiles même… Mais je pense que c’est comme ça que tu arrives à voir les bonnes choses de la vie.
M. : Tu était le vidéaste attitré du collectif Pain Surprises. Réaliser des clips pour La Femme, Kartell ou Superpoze, c’est ce qui t’a mis le pied à l’étrier ?
JS. : Réaliser des clips, c’est génial ! Quand l’alchimie se crée avec l’artiste, tu as une liberté de travail rare. Pas besoin d’histoire, pas besoin de cohérence, juste une question de sensations. Pour moi la musique c’est ce qu’il y a de plus pur. Quand j’ai l’occasion de m’exprimer sans trop de règles, je fonce.
M. : Comment expliquerais-tu la dimension transmedia de French Waves à un enfant de 10 ans ?
JS. : Hmmm… Bonne question. Je pense que je lui dirais : « C’est une histoire de la musique électronique en France avec les papas et les plus jeunes. » À mon avis, on n’a pas besoin de leur expliquer la dimension transmédia, ce sont plutôt eux qui peuvent nous apprendre des choses à ce sujet.
M. : Quelle anecdote de tournage t’a particulièrement marqué ?
JS. : Une scène dont je suis fier dans le documentaire, c’est le moment où Fakear et Jacques sont chez Superpoze. Jacques, qui est un ami d’enfance, venait de sortir son disque. On ne savait pas du tout si le disque allait prendre, mais il m’a tellement aidé pour le projet je l’ai invité à figurer dans French Waves pour le remercier. Puis au fil du tournage, il n’a pas seulement gagné sa place dans la scène électronique, il est devenu indispensable au documentaire. D’ailleurs Jacques et Superpoze ont ensuite sorti un EP ensemble.
M. : Le dialogue entre les formats est une composante essentielle du documentaire ?
JS. : C’est tout l’enjeu du projet. Grâce à mon producteur, je me suis posé beaucoup de questions sur les formats. En étant honnête avec moi-même, je me suis rendu compte qu’il n’y avait pas que la salle de cinéma qui m’intéressait. Comme beaucoup de gens, je passe du temps à mater des clips, des vidéos, écouter de la musique en streaming, pirater des films. Mais je sors aussi à des soirées ou des concerts. J’ai réfléchi à comment je pourrais être intéressé par mon projet : c’est là que les différents supports sont devenus indispensables.
M. : Dans un reportage pour ABC, David Guetta était décrit comme un pionnier de la House Music aux États-Unis. À quand la saison 2 de French Waves sur un network américain pour rétablir la vérité ?
JS. : Ce serait cool (rires) ! J’ai remarqué qu’aux États-Unis, ils ne savent pas que la House Music et la techno viennent de chez eux. Pour eux, c’est un truc d’européen. En ce moment je travaille sur un autre projet, mais je suis ouvert s’il y a des gens qui veulent reprendre le flambeau pour un second volet. J’aiderais volontiers.
M. : French Waves est actuellement en tournée à travers la France. Pourquoi avoir choisi de projeter le documentaire dans des clubs et pas des cinémas ?
JS. : Plus la tournée avance, plus on essaie de placer le film dans des cinémas. C’est mieux pour la diffusion en terme technique, mais surtout que les gens voient le film d’une autre manière. On n’a pas vraiment de distributeur, donc c’est un peu laborieux : ça prend beaucoup de temps…
M. : Qu’est-ce que je peux te souhaiter pour la suite ?
JS. : Je suis en train d’écrire mon premier long métrage, un film sur le passage de l’adolescence à l’âge adulte dans l’univers du skateboard. J’espère que 2019 sera une belle année pour tous les projets !