« La Traversée de Paris » : Éric Bouvet capture les rues désertes en plein Covid
Fondateur et ex-rédacteur en chef d'Arty Magazine, le grand manitou…
« La Traversée de Paris » : Éric Bouvet capture les rues désertes en plein Covid
De la chute du mur de Berlin au soulèvement du peuple ukrainien en 2014, Éric Bouvet est plus habitué aux théâtres de guerre qu’à des déambulations parisiennes. C’est pourtant bien l’Histoire qu’il immortalise avec sa série La traversée de Paris, que l’on montrera sans doute à nos petits-enfants : « tu vois, c’était ça le Grand Confinement en 2020 ».
Les rails vides du métro, l’esplanade du Louvre sans son affluence cosmopolite, le périphérique sans l’ombre d’une voiture. Un silence à la fois lourd et libérateur domine partout à Paris. Les clichés réalisés par Éric Bouvet, à raison de trois heures d’expédition tous les deux jours, saisissent le nouveau visage étrange de la capitale.
Le procédé peu commun qu’il utilise pour ses photographies, une chambre 8×10 sur tirage papier, prête un noir et blanc intemporel aux immeubles silencieux de Haussmann. On prend les paris : ses clichés à la plastique fortement marquée risquent de se retrouver d’ici quelques années dans les manuels d’Histoire.
Remontée dans le temps
Le procédé photographique utilisé par Éric Bouvet remonte au 19ème siècle, et conjugue la contrainte technique à son désir esthétique. Impossible en effet de faire développer les photographies quand les habituelles boutiques sont fermées : il s’agit donc d’imprimer lui-même les tirages avec un procédé rapide et peu coûteux.
Partant de cette contrainte technique, la vision d’Éric Bouvet trouble parce qu’on y voit la capitale dans un procédé qui la rend encore plus fantomatique. C’est le retour d’un naturalisme romantique que l’on croyait perdu depuis la disparition de ses pionniers, Eugene Atget et Gustave Le Gray. Avis aux amateurs : sa série La Traversée de Paris est mise en vente sur le site de la Factory Polka jusqu’au 12 mai, au prix unique de 145€ par tirage.