« Chromatique » : les petites planètes texturées de Fanny Garnichat
Fondateur et ex-rédacteur en chef d'Arty Magazine, le grand manitou…
Après son exposition Puzzles, la collagiste Fanny Garnichat est retournée à ses petites découpes géniales de magazines pour sa série Chromatique. Rendez-vous à la Galerie du Pop-Up du Label pour le vernissage de son expo jeudi 31 octobre.
Des bouts de laitue, des morceaux de viande, des drapés de vêtements… Des textures recyclées s’inscrivant en pleine tendance upcycling. Des images quotidiennes que Fanny Garnichat fait sortir de l’ordinaire. Un panache de formes et de couleurs pour une nouvelle série placée sous le signe de la métamorphose chromatique.
Membre du studio féminin de designers et scénographes Par Ici, la collagiste fait partie de nos artistes sûrs que l’on suit projet après projet. Son univers pétri d’imaginaire et de poésie nous envoie bouler sur de petites planètes colorées, là où le vide côtoie le plein, en orbite au milieu des découpes. On navigue en pilote automatique au milieu des formes étonnantes et palpables de son système solaire, comme si Star Wars avait été imaginé par Alexander Calder.
L’artiste autodidacte cite pour influences principales la démesure des formes de Botero, la désinvolture bigarrée de Niki de Saint Phalle, et le travail photo de Maisie Cousins : « J’aime énormément les associations de couleurs et la magistralité avec laquelle elle compose des natures mortes extrêmement fortes et émotionnelles, à la frontière du sublime et à la fois de l’écœurement« .
Fanny ne hiérarchise pas le beau et le laid selon le matériau d’origine. De là vient sa capacité à transformer le trivial en exception. Dans son œuvre picturale et abstraite, un vieux caoutchouc et un tissu de grande facture créent par leur cohabitation un ensemble harmonieux à l’œil.
L’attraction de la texture prime sur tout. Le mouvement même de ses créations évoque une boule de papier que l’on froisse avant d’être jetée à la corbeille. Si ce n’est que leur délié nous invite à reconsidérer ce qui n’est qu’une chute dans notre quotidien, ou tout au plus un magazine de salle d’attente où elle va piocher sa matière première. C’est un regain de sens aux objets que l’on déprécie. Une invitation à trouver la seconde nature des outils à usage unique, pour éviter que notre Terre ne devienne à son tour une de ces petites planètes surchargées.
En dehors de son atelier, Fanny entretient ses obsessions visuelles sur les plateaux (shootings et tournages). Décoratrice sur des clips d’Enchantée Julia et des shootings photo, elle rend son savoir-faire concret par le film. Pour l’artiste multidisciplinaire, les projets ne manquent pas. Bien qu’on n’ait malheureusement pas le droit de tout dire, sous peine de finir haché menu en pelote colorée. Par contre, elle ne dirait pas non à des collaborations avec Bonnie Banane, Vladimir Cauchemar, Philippe Katerine et Flavien Berger. On ne peut pas rêver sous les astres bigarrés ?