Focus : « Objets Trouvés », le concept de live sessions qui met en lumière la relève urbaine
Fondateur et ex-rédacteur en chef d'Arty Magazine, le grand manitou…
Jeunes artistes, beats ciselés et flows puissants : le concept de live sessions Objets Trouvés met en lumière les talents de la nouvelle scène urbaine qui n’ont pas froid aux yeux. Basé à Bordeaux, le crew emmené par Louis Hubert et Tom Dupeyron met les moyens au service de leur projet, récoltant au passage le soutien de La Ville de Bordeaux et du département girondin. Co-programmés par ton magazine favori, les deux artistes Brö et Sutus se sont glissés dans la troisième saison. Rencontre et entretien avec leurs fondateurs.
Marin : Hello Louis et Tom. Vous avez créé le concept Objets Trouvés avec votre association Bout à Bout. Vous me racontez comment le projet est né ?
Louis : Le projet est né de nos deux initiatives, de l’envie de se faire plaisir dès la fin de nos études, et de se lancer dans notre passion à plein temps. On s’est dit : « On aime le rap, Tom tu fais de la vidéo, moi du son, viens on se fait plaisir ! ». Et de cette poignée de main est né le projet Objets Trouvés.
Tom : L’idée du projet était de pouvoir rencontrer et collaborer un bon nombre d’artistes hip-hop de la ville de Bordeaux en leur proposant un format nouveau, différent et (on l’espère) intéressant, pour eux comme pour le public. Dans la série, chaque artiste choisit un objet pour en livrer une interprétation musicale. Chaque objet dépeint une personnalité, raconte une histoire, fait voyager dans un univers. C’est comme ça qu’on aime découvrir des artistes.
M. Tu me parles de la scène bordelaise, comment le partenariat avec la Ville de Bordeaux est venu sur la table ?
L. C’est super important moralement d’être soutenu par des institutions qui nous font confiance, car ils voient nos objectifs se réaliser : mettre en lumière de jeunes artistes bordelais, faire parler la culture hip-hop à travers un format audiovisuel nouveau, impliquer des talents émergents dans un projet culturel et associatif.
T. En plus du soutien moral, nos partenaires nous apportent un soutien financier. Ça nous permet d’aller au bout de nos idées sans être limité par un budget. Les deux premières saisons étaient auto-produites donc plus modestes, alors que la saison 3 est vraiment l’aboutissement de ce que l’on voulait faire : en termes de qualité d’image, de communication, et même d’accueil des artistes.
M. Comment est-ce que vous choisissez les artistes pour votre line-up ?
L. On va généralement à la rencontre des artistes qu’on souhaite programmer : bouche-à-oreille, réseaux, et parfois à la demande on accepte entre 6 et 12 artistes par saison. On regarde son univers, si l’artiste est sérieux, s’il a déjà sorti des créations intéressantes qui sont disponibles ou en cours de production. On a également organisé un concours de freestyles pour la saison 3 afin de faire participer notre communauté. Et on a fait appel à des labels et des médias parisiens : Arty Paris bien sûr, mais aussi Artichaut Records et Clear Waters Records.
T. On réfléchit à programmer un line-up global d’artistes qui ne se ressemblent pas. Quand on regarde l’entièreté d’une saison, l’idée c’est qu’on soit surpris à chaque nouvel épisode. C’est hyper important pour nous d’être le plus éclectique possible. Le mot « Rap » ne suffit plus aujourd’hui pour définir un style de musique aussi riche et varié. C’est exactement de la même manière qu’on réalise la programmation d’Objets Trouvés.
M. Vous avez des anecdotes particulièrement croustillantes à me raconter ?
L. On a du retourner la moitié de la première saison car le disque dur des rushs a cramé pendant un montage…
T. Certains artistes ont fini d’écrire leur texte dix minutes avant le début du tournage. C’est ça l’ambiance d’Objets Trouvés, on essaie de créer un cadre détendu tout en restant sérieux et professionnel !
M. Vous avez invité les artistes Sutus et Brö dans cette saison 3, qu’est-ce qui vous a plu chez eux ?
L&T. L’originalité. Sutus fait partie de cette vague parisienne d’artistes pop rap qu’on ne connait pas, mais ça nous donne envie d’en apprendre un peu plus, car son épisode sonne vraiment bien. Et pour ce qui est de Brö, incroyable prestation, c’est de plus en plus fréquent de voir des artistes féminines interpréter des paroles sur des sons comme ça, et qu’est ce que ça fait du bien d’entendre ça. On sent (notamment dans son projet Klaus) que Brö a su trouver son univers. Ça donne envie de voir plus de filles rapper et chanter. On avait eu Loïse, Lucie et Maijay sur d’autres épisodes, les trois avaient livré de supers prestations, ça fait du bien à entendre.
M. Vous rêvez d’inviter quels artistes ?
L. Simple, précis : Tengo John pour son flow incroyable et son chant mélancolique hors du commun. Sally pour son univers et sa voix si particulière. Julien Granel car c’est un artiste de ma ville de naissance, j’ai déjà assisté à ses premiers concert à mon lycée. C’était déjà incroyable quand il était en examens de fin d’année au conservatoire, aujourd’hui son univers est vraiment bien travaillé, ça sonne vraiment très bien. Et pour le dernier, Demi Portion, car c’est LA référence du freestyle, et sa joie de vivre donne envie de le suivre.
T. Le rêve serait d’inviter Blu Samu ! Son énergie, son charisme et son talent feraient de son épisode l’un des meilleurs. Et l’aboutissement serait de faire un épisode avec Odezenne. Pur produit bordelais, ils œuvrent encore aujourd’hui pour faire rayonner leur ville de cœur dans le rap game avec humilité et talent. Les ami(e)s, si vous nous entendez.
M. Et comme c’est la tradition chez Arty Paris, quelle est votre définition d’un artiste ?
L. Pour moi, un artiste c’est quelqu’un qui parle avec le cœur et qui arrive à nous faire ressentir et vivre son univers.
T. Un artiste n’est rien sans son équipe. Pour moi un artiste n’est pas seul. Un artiste c’est la somme d’un message à exprimer, d’un moyen de le porter et de plein de personnes talentueuses pour l’entourer.
Retrouvez Objets Trouvés sur Youtube.