Netflix et « Formula One », pour l’amour du caoutchouc qui brûle
Il mène sa vie une manette à la main, absorbant…
La saison 3 est à peine sortie depuis le 19 mars, que la Toile s’enflamme déjà pour Formula One : Drive to survive. Comment Netflix a-t-elle réussi à imposer une série sur les rêves et les déboires des pilotes de Formule Un, le sport le plus compétitif du monde ?
Le 8 mars 2019 débarquait sur la plateforme américaine Formula One : Drive to survive (évidemment embellie d’une magnifique traduction française, Pilotes de leur destin), un docu-série en 10 épisodes revenant en images sur le championnat du monde 2018 de Formule 1. Pas de confusion possible, on est bien d’accord : Netflix vient de sortir une série qui retrace les événements de la dernière saison… de Formule 1. Allez, pourquoi pas ?
Bien mal nous aurait pris de ne pas jeter un œil à cette cascade d’émotions sur fond d’asphalte brûlé et de pneus qui crissent. Contre toute attente, on le répète, ce documentaire nous met une claque à chaque épisode. Qui aurait cru se prendre de passion pour les piques passives-agressives du Team Principal (le responsable de l’équipe, en somme) de Red Bull face à ses meilleurs rivaux, Mercedes et Renault ? Et d’où viennent ces 20 pilotes, ces 20 personnes uniques au monde, puisque seules au sommet d’un sport qui ne compte que dix équipes dans l’ensemble de sa fédération ?
Les meilleures recettes sont celles qui fonctionnent
Rendre compte de l’originalité et de la singularité parfaitement extraordinaire de ce sport hors du commun, voici le pari pas si fou lancé par les producteurs de Box to Box Films, déjà auréolés des succès mérités de Senna, Maradona, Ronaldo, ou de Make us Dream (pour tous les fans du fantastique Steven Gerrard). Soit les détenteurs de la recette magique du documentaire sportif (mais pas que, puisque James Gay-Rees produisait également Amy en 2015, qui nous faisait verser des larmes sur la chanteuse trop tôt disparue) qui te prend aux tripes parce que savamment filmé, toujours émotionnellement juste, et surtout éclatant d’un montage indéniablement maîtrisé.
En l’occurrence, Formula One, c’est chaque année une saison des voitures les plus rapides de la planète, pilotées par des types parfois d’une vingtaine d’années, mais toujours complètement fous. On ressent parfois l’excitation tremblante qu’Alex Honnold nous imposait lorsqu’il grimpait sans attache les 800 mètres d’El Capitan, la falaise la plus abrupte et dangereuse du parc de Yosemite, en Californie (voir Free Solo, Oscar du Meilleur film documentaire en 2019). Ces pilotes de Formule Un sont bourrés de charme, voyagent aux quatre coins de la planète, adorent se détester, risquent leur vie à chaque virage, et esquivent des coups de couteau dans le dos en ne s’empêchant pas d’en mettre de temps en temps. Un côté Game of Thrones du monde réel, qui reste pourtant un monde loin, si loin du nôtre.
Immersion dans la réalité dans un, deux, …
Le plus beau coup de force de la série reste probablement la manière dont elle rend fan chacun de ses spectateurs. On te met au défi, toi qui commencera à la binge watcher à la lecture de cet article, de ne pas intégrer à ton vocabulaire immédiat et quotidien des injonctions de « box, box, box » à ton compagnon ou des « keep pushing » bien sentis à ta grand-mère. Combien déjà se sont pris de passion à se retrouver entre amis pour le Grand Prix du dimanche (combien devant leur télé pour celui du Barheïn le 28 mars dernier) ? Combien encore sont allés stalker le compte Instagram de Charles Leclerc, ce diable monégasque ?
Formula One, la série documentaire qui te fait aimer et t’intéresser à la Formule Un, un sport de millionnaires passablement hors du temps et de leurs concitoyens, est LA bonne surprise depuis deux ans maintenant, celle qui te fait attendre le printemps suivant comme rarement auparavant. Sur le fond autant que sur la forme, d’une virtuosité exemplaire et sans pareil, le show vaut un détour en ligne droite suivi d’une chicane mortelle en plein Monza, Italie, qui te collera à ton fauteuil pour les 30 épisodes à venir.