Home Ciné #12 : John Carpenter nous donne des sueurs froides avec « Halloween »
Ses origines ardennaises lui font aimer la bière belge autant…
Pendant toute la durée du (re)confinement, Arty te propose ses Home Ciné, un lieu convivial où nos rédacteurs et journalistes présentent leurs films préférés. Ceux qu’ils ont vu à 6 ans, ceux qu’ils ont découvert suite à leur première rupture amoureuse, ceux qu’ils dévorent avec un paquet de chips chaque dimanche soir depuis dix ans… Bref, tous ces films de leur vie qu’ils souhaiteraient te faire découvrir, là, maintenant.
Aujourd’hui, Camille nous présente Halloween, la nuit des masques, de John Carpenter, 1978.
J’ai mis du temps à me mettre aux films d’horreur. Mal réalisés, trop sanglants, personnages principaux trop fades… Les a priori pouvaient y aller bon train. Mais ça, c’était avant de découvrir le troisième film de John Carpenter. Ce concentré d’angoisses m’a aussi fait comprendre que les slashers, ce sous-genre de films d’horreur qui met en scène des psychopathes, tuant une bande de jeunes à l’arme blanche, étaient mes préférés. Pitch : Durant la fête d’Halloween de 1963, le petit Michael Myers poignarde sa sœur aînée puis se mure dans le silence. Il atterrit dans un asile psychiatrique dont il finit par s’échapper 15 ans plus tard pour retourner sur les lieux du crime. Myers le tueur, grimé de son célèbre masque, décide de s’en prendre à Laurie Strode et ses amis, lors de la nuit d’Halloween.
Une référence au Psychose d’Hitchcock, tout en suggestions
Ce classique de l’horreur, à la frontière du film à suspense, excelle dans l’art de la suggestion. Les images sanglantes étant quasi bannies, le pouvoir de l’épouvante réside dans l’imagination propre au spectateur, qui se laisse entraîner par la bande-son composée par Carpenter lui-même. D’une simplicité enfantine, la rythmique de la musique n’en est pas moins aussi effroyable qu’inoubliable.
Avec ce long métrage à petit budget qui en a rapporté très gros, John Carpenter démontre son savoir-faire dans une réalisation bien ficelée et épurée, tout en distillant ses références cinématographiques. Les échos de mise en scène entre Halloween et Psychose s’apprécient grâce au procédé hitchcockien de la caméra subjective, donnant au spectateur la possibilité de vivre pleinement suspense et effroi. Ce slasher se lit d’ailleurs comme un hommage à Hitchcock, puisque Jamie Lee Curtis qui interprète Laurie – et dont le talent d’actrice participe au succès du film – n’est autre que la fille de Janet Leigh, assassinée sous la douche de Psychose.
Le point fort du film, et le plus flippant, c’est la capacité de Carpenter à insuffler l’idée que le Mal se cache dans n’importe quel coin d’une paisible petite bourgade américaine. Le procédé d’identification aux personnages, dont la mort est inéluctable, fonctionne à plein régime. Il est renforcé par le comportement du tueur, qui lui, au contraire, te semble étranger (à moins que tu n’aies l’âme d’un psychopathe ?). La distance de l’antagoniste, froid et sans émotion, s’explique par le masque blanc inexpressif dont il est affublé. Pour l’anecdote, Nick Castle, grand pote de Carpenter et qui joue l’un des plus fameux boogiemen, Michael Myers, devait enfiler à l’origine un masque de clown. Mais le directeur de production a opté pour le masque du capitaine Kirk de Star Trek, retravaillé avec de la peinture blanche comme la mort (plutôt futé, avouons-le). L’objectif de déshumaniser Myers, toujours plus, s’avère une franche réussite.
De nombreuses suites, de facture inégale, ont été produites… Une sort pourtant du lot : le remake de 2018. Pour les 40 ans de la toute première version, David Gordon Green, assisté de Carpenter, redonne vie à Michael Myers et Laurie Strode, unique survivante des massacres. Avec une Jamie Lee Curtis plus en forme que jamais.