Interview : Adam Carpels cristallise déjà nos espoirs avec son premier single « Sabana »
Fondateur et ex-rédacteur en chef d'Arty Magazine, le grand manitou…
Le parisien d’adoption Adam Carpels se produira en concert au Crossroads Festival, dont l’édition en ligne se tiendra du 8 au 11 septembre. Rencontré au hasard d’une bière nocturne dans le 18ème arrondissement, l’artiste mêle influences UK, hip-hop et électro dans son premier single solo Sabana.
Marin : Hello Adam. La légende urbaine raconte que tu viens de Lille et que tu as baigné dans le hip-hop. Bruits de couloir ou histoire vraie ?
Adam : La légende dit vrai ! J’ai fait mes premiers pas dans la musique électronique avec le hip-hop, en produisant d’abord pour des copains rappeurs, puis ensuite pour quelques collectifs de ma région. C’est donc avec le hip-hop que j’ai fait mes premières armes, appris à produire du son, le mixer, etc… Il s’avère que je me suis désormais pas mal éloigné de ce milieu dans lequel je ne me retrouvais pas artistiquement, mais ma musique est clairement influencée par le hip-hop et je considère toujours en faire, mais d’une autre façon.
M. Ta track Sabana est sortie chez les Lillois de Bruit Blanc, qui se définissent comme « pas vraiment un label, pas vraiment un collectif, pas vraiment un éditeur de fanzine, et n’organise pas vraiment de concerts. mais un peu quand même. » Tu me racontes quel est ce mystérieux collectif ?
A. Bruit Blanc, c’est un collectif et label qui est mené par Romain (Mardi Midi) et Leila. Ce qui est génial avec eux, c’est qu’ils ne se prennent pas la tête avec des contrats d’exclusivités, par exemple. Ce qui compte pour eux, c’est d’aider les artistes de la région qui correspondent à leur esthétique à avancer. C’est de la grosse débrouille car on n’a pas tous les sous qu’il faudrait pour aller dans des énormes studios. Au final, ça devient leur force. Ce sont les seuls gens de Lille avec qui je me vois travailler à l’heure actuelle, car pour moi ce sont les seuls qui comprennent les vrais besoins d’un projet comme le mien et qui sont à l’écoute.
Je leur ai proposé de sortir la toute première track de mon projet chez eux et Sabana est née. En ce moment, on travaille sur la sortie d’une seconde track pour l’automne et on a pour idée d’emmener le projet aux iNOUïS cette année. Grâce à eux, j’ai pu rencontrer plein d’artistes géniaux de ma région comme Yolande Bashing ou Demain Rapide, qui sont des gens avec qui je travaillerai probablement un jour, enfin s’ils le veulent, bien sûr.
M. J’ai découvert ton univers électro breaké, progressif et chaleureux avec cette première track Sabana. Où vas-tu puiser l’ensemble de tes influences qui nous font voyager du Royaume-Uni jusqu’au reste du monde ?
A. À vrai dire partout ! Pour bosser les tracks de l’EP à venir, j’ai capté des sons autour de moi avec un micro Zoom, dans mon jardin, des forêts, des marais… Le but, c’est d’essayer de confronter ces sons captés dans mon environnement proche avec des samples de musique du monde. L’idée, c’est de montrer que le beau et les beaux sons sont partout et de proposer une électro « World » qui traverse toutes les frontières sans aucune limite. Évidemment, le Royaume-Uni, car la musique que je fais est extrêmement influencée par la musique UK type Massive Attack, grime ou encore bass music. La musique UK est déjà en elle-même très impactée par beaucoup de choses comme la musique jamaïcaine par exemple, et tout ça j’en fais ma petite tambouille dans Sabana… Ainsi que dans les track que vous entendrez au Crossroads et sur l’EP.
M. On te connaît aussi pour ton travail sur la chanson T.O.X.I.C de Thérèse que tu as produite. En quoi ce projet est-il complémentaire du tien ?
A. En fait, c’était assez évident pour moi de bosser avec Thérèse, comme intéressant et complémentaire. Elle m’avait expliqué vouloir des sons liant la musique UK Pop avec des instruments asiatiques et du hip-hop. Mon projet solo étant lui même un mélange de plein de choses, c’était assez évident que ça fonctionnerait. On s’est lancé, ça a donné T.O.X.I.C et un EP en préparation dans la même esthétique. C’est super pour moi parce que ça me permet de bosser avec des sonorités que je connais mal et d’enregistrer de vrais instruments traditionnels de toute l’Asie, chose nouvelle pour moi. C’est donc pas tout à fait pareil que mon projet dans la pratique, mais dans la forme ça y ressemble beaucoup.
M. Dans mon oreillette, on m’informe qu’un EP est à venir pour 2021. As-tu une petite info en exclusivité pour nos lecteurs ?
A. La personne dans ton oreillette est très bien informée. Effectivement, je suis en pleine compo de mon EP. Ce que je peux vous dire c’est qu’une seconde track sortira à l’automne (date à venir) et que je prends le temps qu’il faut pour proposer un bel objet sonore. Je ne me mets pas la pression sur une date de sortie, mais ça ne saurait tarder… Petite exclusivité pour vous parce que je vous aime : il y aura deux featurings. Un avec Thérèse et un second avec un ami producteur qui s’appelle Numérobé.
M. Et comme c’est la tradition chez Arty Magazine, quelle est ta définition d’un artiste ?
A. Question vaste et intéressante… Pour moi, il n’y a pas de bonne définition d’un artiste. C’est à mes yeux quelqu’un qui a décidé de consacrer sa vie à réunir les gens. C’est un artisan qui crée des objets sonores, visuels, physiques… Pour que d’autres humains pensent à autre chose le temps d’un spectacle ou d’une exposition. C’est finalement quelqu’un qui donne sa vie pour questionner, réunir et rassembler les autres. C’est pour moi l’un des piliers fondamental d’une société qui fonctionne. Car ce sont des gens qui peuvent nous questionner sur le monde qui nous entoure sans devoir rendre de comptes à qui que ce soit. Une société sans art et sans transmission de l’art, pour moi, n’a aucun intérêt.
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Le Crossroads Festival se la joue 100% digital avec 28 concerts en ligne