Fondateur et ex-rédacteur en chef d'Arty Magazine, le grand manitou…
Formé du producteur Alejandro Acosta et de la chanteuse Nita Manjón, Fuel Fandango partage avec Rosalía le goût de l’électro-pop rehaussée de flamenco. Leur quatrième album, Origen, est un classique instantané.
Si Rosalía peut exister dans la pop culture comme l’héritière du flamenco, c’est grâce à des groupes comme Fuel Fandango qui défrichent le terrain de l’hybridation depuis plus de 10 ans. En 2014, Alejandro Costa et Cristina ‘Nita’ Manjón étaient nommés Meilleure Révélation dans la catégorie Groupe Espagnol par l’influent El País. À une époque où Rosalía courait encore dans les jupons de Rocío Márquez, la chanteuse de flamenco avec qui elle a travaillé pour le Primavera Sound en 2015, le duo défendait déjà son second album Trece Lunas.
Spirituellement parlant, les darons géniaux auraient beaucoup à transmettre à la jeune star. Loin de rester cantonné aux clichés de la culture ibérique, Fuel Fandango propose aujourd’hui avec son quatrième album, Origen, un mélange homogène de guitares espagnoles, de rythmiques africaines, de musique cubaine et d’influences plus urbaines. On garde secrètement l’espoir que les deux générations pourront un jour être rassemblées pour une collaboration.
Marin : Hola Nina et Alex. Comment faites-vous pour garder cette cohésion après 10 ans de carrière commune ?
Fuel Fandango : Franchement, ça fait maintenant un moment que l’on travaille ensemble, donc on se comprend très facilement. On a passé beaucoup de temps ensemble sur la tournée, on est devenu une famille. Notre connexion au moment de créer est vraiment fluide et naturelle.
M. : L’album s’appelle Origen (ndlr : « Origine ») mais votre son est très actuel. Quelle en est l’envie de mêler l’ancien et le nouveau ?
F.F. : C’est un disque dans lequel on mixe des sons ramenés de nos voyages à travers le monde. On a visité tellement de pays qui nous ont énormément inspirés, du continent africain jusqu’à l’Amérique latine. On a pensé que ces inspirations musicales pouvaient se mixer aux sons électro de manière à les moderniser, tout en ajoutant le son typique du flamenco. On peut définitivement dire qu’on adore mélanger l’ancien et le nouveau.
M. : L’utilisation du flamenco sur votre nouvel album est très remarquable, quelle relation entretenez-vous avec ?
Nina : Je suis de Cordoue en Andalousie, une ville où le flamenco fait partie de notre culture. Depuis toute petite, j’ai été en lien avec cet art qui est en quelque sorte une extension de moi et de ma personnalité. Je crois que chaque projet que je ferai dans ma carrière sera en lien avec le flamenco.
M. : Quand on pense à la scène espagnole actuelle en tant qu’étranger, on pense tout de suite à Rosalía. Qu’est-ce qu’elle vous inspire ?
F.F. : Nous travaillons sur le projet Fuel Fandango depuis des années, Rosalía est pour sa part une artiste émergente. Ça nous semble génial qu’une jeune ait pu parcourir le monde grâce à un style musical où le flamenco fait partie du mélange, c’est une façon d’initier les plus jeunes à ce style musical.
M. : Pouvez-vous me parler d’un morceau de l’album qui a une importance particulière pour vous ?
F.F. : Sur cet album, on a une chanson qui s’appelle Mi Danza. Le thème très rythmé invite à se laisser aller, à voir la vie d’une manière positive, plus particulièrement en ce moment. La danse est un moyen de s’évader et d’exprimer des émotions à travers notre propre corps : une manière d’exprimer la vie elle-même.
M. : Ma dernière question est la signature chez Arty Magazine. Quelle est votre définition d’un/e artiste ?
F.F. : Pour nous, c’est quelqu’un qui a la qualité d’exprimer ses sentiments à travers un type d’art, et qui est capable de changer l’humeur des autres à travers ses propres émotions. Il n’y a pas besoin d’être peintre ou musicien, on peut être artiste dans la vie courante, en faisant rire les autres ou en créant des moments spéciaux avec ses propres moyens.