Fondateur et ex-rédacteur en chef d'Arty Magazine, le grand manitou…
En première partie d’Angèle le week-end dernier, en solo aux Étoiles ce soir, on a réussi à accrocher Julien Granel entre-deux pour un entretien au long cours. Son dernier single Danse Encore vient de sortir.
Rue de Turenne, siège de Wagram. Une petite pluie fine tombe sur les pavés de l’Hôtel Particulier où le label est installé. Ce genre de matinée qui ne donne pas envie de se lever, à une exception près : Julien Granel. Celui qui lève les foules en première partie de la tournée des Zénith d’Angèle est une boule d’énergie irrésistible. Il nous attend dans le lobby, bagues multicolores aux doigts, sourire aux lèvres : l’éclaircie au milieu de la bruine parisienne. Le chanteur doit prendre ensuite un train pour rejoindre Maxenss, son autre grand pote, mais jamais il ne nous fera sentir la moindre urgence. Au contraire, le chanteur est tranquille comme un prince.
Des Landes à Paris, l’itinéraire d’un suractif attachant
Il faut dire que Julien a l’avenir devant lui. Ses titres sortent au compte-gouttes, de son single Tant que le soleil brille qui vient de fêter son second anniversaire, à son dernier tube Danse Encore sorti aujourd’hui. Le mystère savamment entretenu fait penser à la stratégie d’une certaine chanteuse belge qui avait fait progressivement monter la sauce. Julien Granel suivra t-il la même trajectoire fulgurante avec ses brols musicaux ? Tout en fantaisie et détermination, on prend les paris pour l’attachant suractif des Landes.
Marin : Salut Julien. Sur ton premier post Instagram, on te voit pianoter sur ton clavier. Ce visuel est tiré de ton premier single Tant que le soleil brille…
Julien Granel : Totalement, c’est une photo prise par mon ami Paul Perrault sur le tournage du clip Tant que le soleil brille. C’était le premier morceau que j’ai sorti et j’ai co-réalisé le clip avec Eliott Fournié. Ce piano Yamaha CP sur fond bleu était un imaginaire que j’avais, c’est d’ailleurs celui qui a servi à enregistrer le morceau, vraiment je veux dire. J’adore emmener la musique toujours plus loin avec un visuel graphique.
M. : Voilà un visuel de ton second clip La Mer à Boire où l’on retrouve la métaphore de l’océan. C’est parce que tu viens des Landes ?
J.G. (rires) : Oui c’est marrant, j’ai sorti les premiers morceaux avec lesquels j’étais le plus à l’aise, même si j’en avais composé plein d’autres. C’est vrai qu’il y a toute cette inspiration autour de la côte ouest. J’ai écrit La Mer à Boire à Biarritz au bord de l’océan… Ce n’est pas la mer d’ailleurs (rires). Cette fois ce n’est pas moi qui ait réalisé le clip (ndlr, O.S.A.K.A.H), mais j’aimais bien ces plans que j’ai extrait pour les mettre sur Insta’.
M. Qu’est-ce que tu voulais dire avec ce titre ?
J.G. : J’aime bien travailler la double lecture. Le message de La Mer à Boire est très positif puisque c’est une dédramatisation de toutes les choses qui peuvent arriver dans la vie : ‘C’est pas la mer à boire, on verra demain soir‘. J’ai bien aimé que le clip lie ça à des histoires qui s’entremêlent dans une soirée. J’avais envie de recréer cette sensation qui peut faire perdre la tête et permet de mettre en valeur le message. Même si un tournage prend beaucoup de temps, j’aimerais réaliser des clips de nouveau à 100%.
M. : En parlant de réalisateur, j’aimerais évoquer ton amitié avec Maxenss. Ce n’est plus un secret pour personne…
J.G. : Grave (rires). Sur cette photo, on peut analyser les jambes de Leo Walk derrière, c’était une vidéo dans les locaux de Walk in Paris. C’est assez révélateur de mon quotidien aux côtés de Maxenss. On est tous les deux un peu hyperactifs, c’est trop cool d’avoir un ami qui peut te suivre dans n’importe quel délire. Cette année, on a le gros kiff de tourner ensemble. Maxenss a démarré par Youtube sans avoir l’impression d’être youtubeur, et moi je suis arrivé de mon petit village dans les Landes à Paris. On grandit ensemble.
M. : Ta seconde amitié forte est celle avec Angèle. Comment la rencontre s’est-elle faite ?
J.G. : On s’est rencontré grâce à un ami en commun dans un concert en appartement. C’était avant qu’elle ne sorte tous ses sons. On s’est tout de suite hyper bien entendu, c’est une personne avec qui j’échange beaucoup musicalement et dans la vie. Comme avec Maxenss, c’est un bonheur absolu d’être emporté à travers la France en Tourbus pour faire des dates aussi grosses. C’est une chance inouïe et c’est encore plus génial de le vivre avec une pote.
M. : Bon, maintenant j’aimerais parler de ta passion pour les mèmes…
J.G. : J’adore lier Internet et la musique, les mèmes permettent de ne pas trop se prendre au sérieux et pouvoir rire de soi-même. Là, c’est une image du clip de Défait. Assez souvent quand je publie une image bizarre au premier abord, il y a un certain Yugnat999 qui se dépêche de faire un mème avec. Ça n’a pas manqué avec celle-ci, j’ai eu une notification quelques minutes après. Défait est un morceau que je jouais en clôture des Zénith et que j’avais envie de sortir.
M. : Culture Internet, toujours. Tu as eu un buzz autour de cette vidéo avec Maxenss. Tu me racontes cette histoire incroyable ?
J.G : On a comptabilisé au moins 20 millions de vues sur cette vidéo, mais c’est impossible de tout comptabiliser avec la viralité des ré-uploads. C’était une bêtise qui ne faisait rire que nous, et un jour on en a mis quinze secondes sur Internet. On a perdu le contrôle quand Logan Paul l’a refaite en me créditant. Benny Benassi m’a envoyé des messages en me disant que c’était trop cool… C’est vraiment improbable. Je n’en parle plus trop mais ça continue à faire des millions de vues.
M. : Ça ne te fait pas bizarre qu’une petite vidéo de 15 secondes ait plus de retombées qu’une musique de 3 minutes ?
J.G. : Je trouve merveilleux qu’une vidéo faite en dix secondes soit autant vue. Très souvent ça ne faisait rire que nous dans notre entourage, mais c’était méga sincère. Cette sincérité se ressent et cette vidéo m’a appris plein de choses. Le prochain clip que je vais faire sera fait-maison avec mes potes, j’adore ce délire. J’essaie d’être le plus sincère dans ma musique, ça va avec cette idée.
M. : Tu cultives aussi ta passion pour la mode et le stylisme ?
J.G. : À fond ! Pour le coup, je viens d’un petit village dans les Landes où je me faisais insulter au lycée parce que je mettais des fringues trop colorées. Je ne comprenais pas comment des gens pouvaient être aussi virulents pour des tissus et de la couleur. Au final, ça m’a encore plus poussé à le faire. Je ne me suis jamais senti aussi épanoui depuis que je ne me pose plus de questions. Je me sens bien avec de la couleur comme d’autres personnes peuvent se sentir à l’aise avec un T-shirt blanc.
M. : Ton dernier post est celui d’un concert. Je me sens obligé de te poser la question signature chez Arty Magazine : quelle est ta définition d’un.e artiste ?
J.G. : J’ai du mal à dire frontalement : ‘Je suis un artiste’. Un artiste pour moi c’est quelqu’un qui va procurer une émotion à quelqu’un d’autre, que ce soit du son, du bruit, une vidéo marrante… Dès qu’il y a de l’émotion, il y a de l’artistique.