Son avidité pour l’écriture et son gros penchant pour la…
Yoa, jeune artiste suisse de 22 ans, a sorti son premier EP Attente le 22 octobre dernier. Elle nous plonge dans une bedroom pop intime, calme et réaliste. Chez elle, tout est affaire de sensations. Nous l’avons rencontrée dans sa loge, juste avant qu’elle ne s’abandonne au public de FGO-Barbara pour le festival Ici Demain. Et si demain, elle comptait sur la scène musicale française ? En attendant, elle nous a raconté ses premières fois.
Anaïs : Quel est le premier souvenir musical qui te vient à l’esprit quand t’étais enfant ?
Yoa : Une comédie musicale, Le Magicien d’Oz.
A. : Ton premier coup de foudre musical ?
Y. : J’en ai un peu honte aujourd’hui, mais c’est Michael Jackson…
A. : Le premier CD que tu as eu quand t’étais ado ?
Y. : L’album de Soko, I Thought I Was An Alien, que j’ai eu quand j’étais au lycée et sur lequel j’ai phasé de manière monomaniaque. Il m’a beaucoup influencé ensuite quand j’ai commencé à faire de la musique.
A. : Tu fais de la musique depuis combien de temps ?
Y. : Cela fait entre un an et un an et demi que je fais de la musique de manière professionnelle. Mais en réalité, j’ai une formation de musicienne. J’ai fait beaucoup de piano.
A. : Le premier concert que tu as vu ?
Y. : C’était Shakira quand j’avais 11 ans. Je m’en souviendrai toujours car elle a chanté Je l’aime à mourir dans une robe bleue immense. Très princesse. C’était incroyable.
A. : La première chanson que tu te souviens avoir chanté ?
Y. : Ma philosophie d’Amel Bent. Je la chantais devant mes parents quand je faisais des « pestacles » pour les invités, ils étaient très fiers.
A. : Et sous la douche ?
Y. : J’ai tout fait sous la douche (rires) ! Dans le sens où j’ai chanté tous les grands standards qui existent au monde : du jazz, des comédies musicales… Je me souviens avoir beaucoup chanté I Dreamed A Dream des Misérables.
A. : Le premier (ou première) artiste à t’avoir donné envie de faire de la musique ?
Y. : Je pense spontanément à Beyoncé quand j’étais petite, et plus tard FKA Twigs. J’ai toujours été fascinée par les grandes voix et les grandes performeuses. Mais, ce qui m’a vraiment donné envie de faire de la musique, c’est La Nouvelle Star que je regardais avec mes parents. À chaque fois, je me disais : « Moi aussi je peux le faire. »
A. : Et tu n’as jamais voulu t’inscrire ?
Y. : Non, ça me faisait trop peur. Je pense qu’il y avait aussi un truc de condescendance à la con, de me dire que je valais mieux qu’une émission de télé-crochet, alors qu’aujourd’hui, tous mes meilleurs potes ont fait La Nouvelle Star et ce sont des musiciens de ouf. En réalité, j’avais surtout peur et pas le cran de le faire.
A. : La première personne qui t’a mis le pied à l’étrier dans le monde de la musique ?
Y. : Il y en a deux. Il y a le guitariste du groupe Magenta qui est véritablement le premier professionnel à avoir écouté ce que je fais et à avoir cru au projet. La deuxième personne, c’est une attachée de presse qui s’appelle Mélissa Phulpin à qui j’ai envoyé mes morceaux par hasard, parce que je voulais des avis, et elle m’a tout de suite proposé qu’on travaille ensemble.
A. : Ton premier EP, comment le décrirais-tu ?
Y. : Comme un objet de réconfort. Je le trouve fébrile parce qu’il n’est pas aussi abouti que ce que je tends à faire maintenant, mais il est comme un doudou. J’avais envie qu’en l’écoutant, on puisse se sentir réconforté. C’était le plus important. Je suis assez perfectionniste d’habitude. Or, ce premier EP n’est pas un objet parfait mais je le trouve mieux comme ça.
A. : Et tes derniers morceaux ?
Y. : Plus radicaux. En fait, quand j’ai écrit les premiers morceaux de l’EP, je ne savais pas encore que je voulais faire de la musique. Mes derniers morceaux, qui sont encore au stade de maquettes, sont plus radicaux à la fois dans les thèmes abordés que dans la manière de produire. Il y aura moins le côté « fait dans ma chambre » qui fait l’essence du premier EP et que j’aime d’ailleurs beaucoup.
A. : Mais ce sera toujours de la bedroom pop, n’est-ce-pas ?
Y. : Oui, j’aime bien ce style. Je fais avant tout une musique où j’essaie de mettre en avant des sentiments universels à travers ma propre expérience. C’est un peu bateau dit comme ça, mais c’est réellement ce que j’essaie de faire. J’essaie de créer des images, de créer de l’universel à partir du très intime.
A. : Tu as des thèmes de prédilection ?
Y. : Pas vraiment. Je travaille plus sur les sensations. Je ne me dis jamais que je vais écrire un morceau sur le sexe ou sur la paralysie du sommeil par exemple. C’est plus une affaire de sensations. Je travaille à partir de ce que je ressens. C’est moi en fait mon thème de prédilection ! Et je pense que c’est en écrivant sur des trucs qui te concernent que tu les rends universels.
A. : Ta première fois sur scène, c’était quand ?
Y. : Mon premier concert, c’était à Petit Bain en août 2020. J’étais invitée par un label qui s’appelle Gentil Records. C’était super mais je l’ai vraiment senti passer, je n’étais pas aussi à l’aise sur scène que maintenant.
A. : Le premier contact avec les équipes d’Ici Demain s’est fait comment ?
Y. : Je suis lauréate d’un programme d’accompagnement de jeunes artistes, musiciennes et musiciens (ndlr, le dispositif Variation(s) organisé par FGO-Barbara) et c’est dans ce cadre que j’ai rencontré les équipes du festival qui m’ont programmée.
A. : D’ailleurs, c’est ton premier festival ?
Y. : Non, c’est mon deuxième. J’avais fait le Festi’Val de Marne.
A. : La première personne avec qui tu aimerais faire un duo ? Si tout était possible…
Y. : Arlo Parks. J’adorerais aussi travailler avec Rema, un artiste comorien qui fait de l’afrobeat.
A. : Ta prochaine première fois ?
Y. : Lundi, je fais l’Olympia en première partie de Feu! Chatterton. Ce sera la première fois que je chante dans cette salle et j’aimerais réussir à vite capter les gens, ce n’est pas facile d’être en première partie.
A. : C’est quoi ta technique pour capter les gens ?
Y. : Le regard. Il ne faut pas avoir peur de vraiment regarder les gens droit dans les yeux, sans les prendre en otage évidemment. C’est très compliqué d’avoir le bon regard avec le public, c’est quelque chose sur lequel je travaille.
A. : Qu’est-ce que je peux te souhaiter pour la suite ?
Y. : D’être intermittente avant la fin de l’année (rires).
A. : Et ta première fois avec Arty Magazine, c’était comment ?
Y. : C’était super, bien que ce soit difficile de faire une interview quand même.