Professeure de philosophie et étudiante en histoire de l'art le…
Oscar Emch est venu présenter aux Bains Paris les titres de ses deux EPs, Portrait Craché et Respire (Bye Bye), autour d’un show bien ficelé. Juste après son dîner, dans les loges du festival, l’artiste nous donne ses impressions à chaud de la scène.
Manon : Salut Oscar, ton dernier projet Respire (Bye Bye) est sorti l’année dernière, on va retrouver certains titres ce soir ?
Oscar Emch : Oui, principalement les morceaux du dernier EP mais aussi des morceaux du premier, Portrait Craché.
M. : Mais aussi d’autres sons spécialement pour la scène ?
O. : Pour la scène je prépare des morceaux de transition, d’intro et d’outro, qui ne sont pas sur les enregistrements. J’ai deux musiciens live qui me permettent ces spécificités.
M. : Ces arrangements permettent une autre énergie ?
O. : Exactement, ça permet d’ajouter plein d’événements qu’on ne retrouve pas dans la musique studio. C’est très inspiré des lives de la musique gospel, ou de Tayc par exemple. Ça ajoute de l’énergie et un côté épique aux sons. C’est encore très nouveau pour moi.
M. : Tu es passé à la Machine du Moulin Rouge pour le MaMA Festival, et sur la scène des Étoiles avec Eskisse. Les dates parisiennes ont-elles toujours une saveur particulière ?
O. : Je me souviens particulièrement du MaMA car j’aime beaucoup cette salle. J’étais dans le club en bas, La Chaufferie de la Machine du Moulin Rouge, et je trouvais l’atmosphère vraiment particulière.
Je ne sais pas si le fait d’être à Paris change vraiment quelque chose, je pense surtout que ça dépend ce qu’on fait des événements. Lors de ma release party au Hasard Ludique en avril dernier, j’avais invité beaucoup d’amis, j’avais neuf choristes sur scène, mais je pense que si ça avait été à Montpellier, ça aurait été aussi bien.
M. : Et ce soir, en jouant dans ce club mythique des Bains, que ressens-tu ?
O. : Je suis très content, car les conditions d’accueil sont géniales. Ça met dans une bonne énergie.
M. : Et justement l’énergie, quand arrive-t-elle ? Juste en montant sur scène, un peu avant, après quelques morceaux ?
O. : Le mieux c’est quand ça arrive un peu avant. Mais il y a une problématique à laquelle on est beaucoup confrontés en tant que chanteur, c’est la mise en route. Parfois il faut quelques morceaux pour se sentir vraiment dans l’instant présent. Pour y parvenir dès le début, je m’échauffe pour essayer d’être dans la bonne énergie. Je ne suis pas encore un maître incontesté de ça.
M. : Tu as de l’adrénaline qui monte ou tu es très serein ?
O. : Avant c’était du stress, maintenant c’est de l’adrénaline assez cool. J’ai fait un gros travail sur ma voix, sur la présence scénique, ce qui est rassurant. L’âge et l’habitude font aussi changer les choses. J’ai construit une confiance en moi qui fait que l’adrénaline n’est plus inhibitrice de l’action mais m’aide au contraire à me lâcher.
Avant, ce qui me bloquait le plus, c’était d’être en-dehors de l’instant présent, en-dehors de moi. Je m’interrogeais sur la légitimité de ma présence scénique alors que j’étais censé être en train de délivrer un message.
M. : Tu réfléchis quand tu fais ta prestation ?
O. : Pas à chaque fois, mais actuellement je suis en rodage, on a fait que deux concerts avec les musiciens actuels. Je suis parfois encore dans le côté technique, dans la réflexion des nouveaux arrangements. Mais à force, on oublie ça, et on est plus dans l’émotion à apporter aux morceaux.
M. : Tu nous parles d’émotions, de présence scénique, que cherches-tu à transmettre au public lorsque tu es sur scène ?
O : J’essaye de transmettre l’émotion et le message qui correspondent à chaque morceau. J’ai un début de set assez dansant, avec des anciens sons, la profondeur des textes est moins prenante donc j’essaye de transmettre cette énergie. Il y a d’ailleurs un son qui s’appelle Fais les Danser, c’est assez premier degré. Ensuite, il y a des morceaux plus introspectifs donc j’essaye d’y correspondre dans la manière d’être, dans mon visage, mes mouvements… Et à la fin, ça remonte.
M. : Avant tu faisais partie du groupe La Recette, il y a-t-il des différences entre une formation à plusieurs et quand on se présente seul ?
O. : Oui, vraiment. D’abord le fait d’accepter que je suis le leader du projet, ce qui n’était pas le cas avant. Le plus difficile a été de m’assumer comme chanteur, avant j’étais plutôt musicien. Du coup, cela induit beaucoup de changements dans la manière d’être, la manière de se présenter aux autres, la manière d’y croire. Derrière l’instrument on se cache plus, je n’ai pas réussi à développer cette confiance avec la guitare mais j’y suis parvenu avec la voix.
M. : Quels sont tes rituels avant un live ?
O. : On se checke avec les gars pour se souhaiter un bon concert, je m’échauffe le corps, je fais le vide, je m’étire…
M. : L’année dernière, tu as filmé ton année pour la diffuser au complet sur YouTube. Sera-t-on filmé ce soir ?
O. : J’ai prêté mon caméscope à des copains, je continue de filmer car je sais que plus tard je serai heureux de retrouver ces moments… En tant que consommateur de musique j’aime beaucoup voir les gens faire, les vidéos où les artistes présentent leur studio, la façon dont ils travaillent, les enregistrements. Il y a l’ambition d’être plus proche du public.
M. : Tu apprécies ce lien direct, sans filtre, avec le public ?
O. : Oui, j’ai envie d’avoir ce côté presque pédagogique en montrant comment je fais. J’aurais eu envie d’avoir ça quand j’ai commencé la musique. On se dit souvent qu’on ne peut pas commencer si on n’a pas le matériel qu’il faut, et finalement je vois que tous les gens autour de moi font ça avec presque rien. J’étais content de voir des vidéos de Billie Eilish qui fait ses sons dans sa chambre avec son frère par exemple. J’essaye de participer à ça.
Vite, à peine sorti de scène et remonté en loges qu’Oscar doit aller déplacer sa voiture avant la fermeture des parkings, mais avant ça, on se pose quelques minutes autour d’une table pour connaître son ressenti sur son passage sur scène et les retours du public. C’est aussi ça, la vie d’artiste.
M. : Comment t’es tu senti face au public des Bains ?
O. : Ça s’est super bien passé. Il y avait une super bonne ambiance dans la salle. Le public était chaleureux, il connaissait les paroles. Dans mon set, j’ai une chanson en guitare-voix, souvent à ce moment-là, je vois si les gens sont investis ou non, soit ils écoutent, soit ils se dispersent. Et là, ils étaient bien là.
M. : Un public particulièrement fervent donc ?
O. : Dès le troisième morceau, Plan B, j’ai entendu des cris de joie. C’était cool.
M. : À quoi pensais-tu sur scène ?
O. : J’étais concentré, je pensais à ma voix pour ne pas qu’elle saute ou qu’elle s’essouffle. Je cherchais vraiment à maîtriser mon énergie.
M. : À quel moment on réalise ? Sur scène ou en sortant ?
O. : Je pense que c’est quand je remercie les gens à la fin. Je regrette un peu d’être parti si vite d’ailleurs, je crois que j’aurais dû prendre plus l’énergie que le public donne.
M. : Avec les dates parisiennes, on retrouve des têtes connues ?
O. : Oui, dans le public j’ai reconnu plein de gens qui viennent souvent me voir en concert, et des amis.
M. : Que voudrais-tu dire à ceux qui te suivent de concert en concert ?
O. : Que je suis vraiment reconnaissant qu’ils aiment ce que je propose. Ça me donne beaucoup de force. Même si le but est d’agrandir, le plus important reste que les gens soient vraiment engagés dans ce que tu fais sur le long terme. C’est une preuve que je suis sur le bon chemin.
M. : Et aux gens qui t’ont découvert ce soir ?
O. : J’espère qu’ils ont kiffé, car il y avait une bonne ambiance collective, une osmose.
M. : Tu as joué un titre qui n’est pas encore paru, La Fièvre, une sortie en prévision ?
O. : Ça fait longtemps qu’il est en prévision, mais j’attends le bon moment, car c’est un morceau qui me tient particulièrement à coeur. C’est aussi un moment où mon écriture change donc j’attends de réellement développer mon style personnel pour qu’il corresponde au projet. Je veux en être fier pendant longtemps.