Professeure de philosophie et étudiante en histoire de l'art le…
Pour la sortie de leur second album Lovoscope, les trois membres de Polycool ont organisé une grande fête au Badaboum. On les a rencontrés en coulisses avant, puis après leur concert, pour des réactions à chaud.
Manon : Salut Polycool, vous nous présentez ce soir les titres de votre dernier album Lovoscope paru en avril dernier. Vous nous en parlez ?
Tino : Notre disque Lovoscope est une compilation de toutes les phases de l’amour, toutes les sensations, tous les visages. Il a été en grande partie réalisé pendant le confinement, à distance entre nous tous, puis en Bretagne et dans le Perche. C’est une quête qui raconte toutes les marches du grand escalier du love.
M. : C’est l’une des premières fois que vous présentez l’album en live, pas trop la pression ?
Jonas : Effectivement, on va jouer beaucoup de morceaux qu’on n’a jamais joué avant.
Léon : C’est une première pour nous de jouer tout l’album. D’habitude, on se retient de jouer les morceaux plus calmes et intimistes, mais là, on souhaitait qu’ils intègrent notre identité scénique.
M. : Donc il y aura plusieurs types d’énergie sur scène ?
Jonas : D’une façon générale, le concert est un peu plus love, mais il reste beaucoup de yolo.
M. : Comment se sont passées les répétitions afin de préparer le format live de ce disque ?
Jonas : C’était intense ! On a dû changer le premier batteur qui devait nous accompagner ; notre second batteur s’est fait une entorse au poignet ; notre troisième batteur a dû apprendre tous les morceaux très rapidement. Il y a eu des rebondissements, ça rend les choses excitantes. Les balances se sont super bien passées, le son est génial au Badaboum. On va tous passer un bon moment.
M. : Votre album décline différentes facettes de l’amour, c’est aussi ce que vous cherchez à transmettre au public ?
Tino : Évidemment.
Léon : Oui, du love, et puis le plaisir d’être sur scène. On n’a pas de chanson spécifique sur l’album qui retranscrit cet amour d’être sur scène, mais on va essayer d’en transmettre toutes les facettes.
Jonas : Ça va être sexy groovy.
M. : Cherchez-vous à ce que votre interprétation sur scène corresponde aux différents types d’amour (joyeux, toxique, rupture) ?
Jonas : Je ne pense pas, parce que parfois, il y a des contradictions entre les paroles et son énergie.
M. : Je crois que l’amour est un thème qu’on a déjà retrouvé chez vous, j’ai entendu parler de l’Association des Musiciens Outrés par l’Ultra Redondance ? Vous pouvez nous en parler ?
Tino : En 2017, j’étais aux États-Unis et j’ai commencé à traîner avec des musiciens. Ils avaient un concept : se retrouver tous les lundis pour composer une chanson sur un thème particulier. On élisait ensuite un vainqueur qui élisait le thème suivant. De retour en France, je connaissais beaucoup de potes musiciens et j’ai voulu continuer ce concept, puis ça s’est élargi. On a continué de se retrouver avec des thèmes comme…
Léon : Monde aquatique, toboggans, manège, médiéval…
Jonas : La communauté a grandi avec des groupes comme Agar Agar, Mottomoda, Biche… Des morceaux qu’on avait créé juste pour ces séances de création ont terminé sur l’album, et de même pour les autres groupes.
Léon : Plus d’une centaine de morceaux ont été composés grâce à ça.
M. : Tino, on s’était déjà rencontré avec Tristan pour ton autre groupe, les Walter Astral, où vous m’aviez parlé de « maxi-trip » durant vos lives, de moments organiques et imprévus où vous laissez la musique vous emporter. On retrouve aussi ça avec Polycool ?
Tino : Ouais exactement ! Tu nous parlais d’interprétation juste avant, et je voulais ajouter qu’on fait des ré-interprétations spécialement pour le live, parce qu’on a un batteur et clairement, ça nous permet de faire des maxi-trips. C’est plus chouette à jouer.
Jonas : C’est le moment magique du concert, on ne sait plus trop qui on est, où on est. On fait en sorte de connaître les chansons sur le bout des doigts pour laisser de l’espace à la magie.
M. : Comment fonctionne-t-on lorsqu’on est un groupe sur scène, j’imagine qu’il est important de communiquer, surtout dans ce genre de moment ?
Jonas : (rires) Oui, on communique avec les yeux. On se connaît depuis longtemps maintenant.
Tino : Il y a le regard « panique », le regard « trop bien ce que tu viens de faire » et le regard « t’es prêt » ?
M. : C’est quoi votre petit rituel de groupe avant de monter sur scène justement ?
Tino : On fait le vortex avec les mains, on peut le faire avec autant de personnes qu’on veut !
Après un concert survolté et des ventes de vinyles au stand de merchandising, on a retrouvé le trio de garçons dans les loges du Badaboum pour discuter avec eux de la façon dont ils ont vécu ce premier concert lovoscopique.
M. : Alors, comment avez-vous trouvé la réception du public ?
Tino : C’était super, les gens étaient au top, ça se voyait que c’étaient des aficionados.
Léon : Ouais, c’était chouette ! Le public était réceptif.
Jonas : Ça fait plaisir de voir des gens chanter des morceaux d’un album qui est sorti il y a tout juste un mois.
M. : Et vous, comment vous êtes-vous sentis sur scène ?
Jonas : À poils (rires).
Léon : J’avais la voix qui tremblait sur les trois premiers morceaux, et petit à petit ça s’est délié. On s’échange des regards pour se partager ce qu’on est en train de vivre et on kiffe.
Tino : C’était intense, difficile de ne pas chevroter dans la voix.
M. : Donc toi Jonas, t’es plutôt un stressé en concert ?
Léon : Moi aussi, moi aussi !
Jonas : Parfois, on a même des crises de bâillements avant de monter sur scène à cause du stress. Voilà, c’est la confidence.
M. : À quel moment ce stress redescend ?
Léon : À la fin du dernier morceau, l’adrénaline commence à redescendre.
Tino : Ah ouais, t’es stressé pendant le concert ?
Léon : Ouais quand même, si je fais une note à côté, ça peut me suivre un ou deux morceaux.
Tino : Il n’est pas stressé en fait, il est perfectionniste.
Jonas : Moi, c’est le moment où je pose le pied sur scène, le stress s’en va.
M. : Quel moment vous a particulièrement marqué ?
Tino : On a improvisé un morceau de reggae ce soir (rires), mais c’était peut-être trop tôt dans la set-list. Les gens n’ont pas suivi notre blague.
Jonas : C’était même trop tôt dans la vie, on aurait dû tenter ça vers 2030.
Tino : On l’a trop bien fait, c’est passé pour un hommage (rires). Il était bien, non ?
Léon : Presque bien.
Tino : Sinon je dirais que quand les gens applaudissent à la fin des morceaux, c’est une bouffée de plaisir.
M. : Un concert de release permet aussi parfois de faire des ajustements. C’est le cas ?
Tino : À la fin d’un concert, on sait forcément ce qui était bien ou pas.
Jonas : Mais on a une règle d’or, c’est de ne jamais parler de ce qui n’allait pas en sortant de scène. On attend quelques heures, ou quelques années. Mais là, on peut quand même se dire que l’impro reggae n’était pas la meilleure idée (rires).
Tino : Toute fin de concert amène à un level-up pour les prochains.
Léon : Je trouve que les erreurs c’est bien en concert, le public ne vient pas voir quelque chose de parfait. Ils viennent voir des musiciens qui vivent des émotions sur scène, même s’il y a des imperfections.
Jonas : On serait des robots si c’était juste bon ou mauvais.
Léon : Quand je vais voir un artiste en live, j’adore quand il se rate, j’ai l’impression d’avoir vu un truc inédit et unique. J’suis trop content quand les gens se foirent en fait (rires).
M. : Quel retour vous vous êtes fait entre vous ?
Jonas : Après le concert, on a runné jusqu’aux dédicaces, discuter avec le public, les bisous avec les amis… On n’a pas eu le temps de se dire quelque chose. On va le faire maintenant, tiens.
Tino : Vous avez vu le moment de lumière sur Théo (leur batteur), c’était bien hein ?