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Lewis OfMan, entre virtuosité et Attitude

Lewis OfMan, entre virtuosité et Attitude

Camille Laurens

À seulement 23 ans, l’artiste réchauffe l’ambiance avec son EP Dancy Party, entre mélodies groovy et sonorités italiennes. L’avenir s’annonce radieux pour le jeune prodige aux synthés.

Une rencontre dans les locaux d’Universal, au rythme effréné des interviews : l’artiste est en vogue. Très. Et rien d’étonnant lorsque l’on écoute les différents morceaux aux univers aussi variés que les tenues de Lewis OfMan en concert. Piquant, multicolore, clubbing, le spectre d’émotions offert par les compositions du jeune homme permet de valider l’entrée de l’artiste dans la cour des grands.

Véritable éponge à sensations, Lewis OfMan décrit son rapport à la musique à celui d’un peintre, chacun des éléments du tableaux étant un ressenti. Faire danser, vibrer, le compositeur est impatient. L’occasion pour nous de rencontrer l’artiste, entre onirisme, voyage catalan et groove mélodique.

Camille : Hello Lewis ! Déjà la basique, comment as-tu commencé la musique ?

Lewis OfMan : Quand on partait en vacances, des fois, j’aimais bien prendre le téléphone pour mettre des boucles audio ensemble. Je faisais des petits sons, puis j’ai commencé sur GarageBand, où je posais des gros lyrics en yaourt.

C. : Et tu as commencé sous quel nom d’artiste ?

LM. : Accroche-toi. C’était FB pour Fucking Bitch (rires). C’était mon nom de DJ. Mon nom de rappeur c’est LewyDef. Bref, j’ai eu plusieurs phases !

C. : Quand as-tu vraiment décidé d’en faire quelque chose de sérieux ?

LM. : Le déclic, c’était mon départ à New-York. Mon père est peintre et on a bougé pendant une année là-bas. À mon retour, j’ai eu plusieurs groupes, je me suis acheté un synthé et c’était parti. Les mélodies et la guitare, ça vient au fur et à mesure en observant.

C. : Tu es totalement autodidacte ?

LM. : Dans le sens où j’ai appris par moi-même. Mais l’envie est le moteur de toute passion, si tu veux, tu peux. Les choses se mettent en place assez vite.

C. : Tu as compris que tu voulais en faire ton métier ?

LM. : Oui et non. Tu sais quand tu vibres, mais j’ai quand même signé un cursus pour rassurer les parents, avec une hypokhâgne puis école de cinéma. Il y avait quelque chose d’implicite. J’ai rencontré mon manager très rapidement (ndlr : Paul Andrieux de Profil de Face).

L’homme à la casquette de velours, alias Lewis Delhomme, a commencé en tant que producteur pour Vendredi sur Mer © Louise Le Meur
C. : C’était quoi ton premier morceau du coup ?

LM. : Mon manager m’a demandé de composer pour une artiste, Vendredi Sur Mer. J’avais déjà fait quelques productions pour The Pirouettes mais là c’était la création de mélodie. Pour le coup, c’était un remix d’un son qui s’appelle La Femme à la Peau Bleue. Finalement, j’ai fait mon son, et l’équipe l’a préféré au mix original. Le pied. Par contre, j’étais vexé qu’il n’y ait pas le nom « Lewis OfMan Remix », mais on m’a dit que c’était mieux d’être le producteur !

C. : Et la suite ?

LM. : J’ai produit tout son album. La rencontre était intense.

C. : Comment tu mélanges ton univers à celui d’un autre artiste ?

LM. : Il y a un mélange entre l’intime et le fait de proposer de nouvelles choses, étant donné que c’est une collaboration commune. Le mélange des idées apporte de l’audace. C’est une symbiose !

C. : Mais tu as toujours eu envie de te lancer en solo ?

LM. : Clairement. Il y a une petite frustration où tu sens que tu t’éparpilles dans tes compositions et que tu délaisses ta musique pour les autres. Dancy Party est né de ce besoin. Je n’ai jamais voulu être producteur, ça m’est tombé dessus. Ma vraie passion c’est de jouer du Lewis OfMan !

C. : Comment composes-tu ?

LM. : Ça me tombe souvent dessus ! Pour Dancy Party, tout a commencé à Barcelone où j’ai fait une résidence avec moi-même. Cette ville m’a mis une claque, je me sens lié à l’esprit catalan, à Joan Miró, Pablo Picasso… Comme connecté !

C. : Je crois savoir que l’EP est parti d’un rêve ?

LM. : Oui. Picasso m’invitait à sa soirée d’anniversaire, mais personne n’avait pu venir à part moi. Il avait créé une machine à sandwichs qui liait nos deux âmes. Quand j’écris, je pense à ces émotions.

C. : Tu écris seulement à partir d’émotions ressenties ?

LM. : Oui, je veux créer quelque chose qui n’existe pas, un son tellement sincère que ça m’est impossible de revenir dessus.

C. : Et pour les paroles ?

LM. : Les titres de mes chansons sont des tableaux. Pour moi, un titre peut changer toute la vision d’un morceau. Quand j’ai écrit Rainy Party, j’avais en tête une soirée pluvieuse à Londres, une sorte de barbecue dansant. J’aime beaucoup la synesthésie : telle émotion me faire penser au rose, telle personne ressemble à un ballon de basket. Je relie des mondes entre eux à partir d’un détail.

C. : Tu as un exemple ?

LM. : Le morceau Las Bañistas ! Je suis allé au musée Picasso à Paris et je suis tombé dans une pièce où il y avait inscrit en énorme « Las Bañistas ». C’est comme ça que j’ai eu l’idée du titre. C’était comme une évidence, donc mon morceau porte ce titre.

C. : Tu vient de me parler de synesthésie, comment cela se passe ? 

LM. : Je me surprends à mélanger les médiums, les sensations. Pour le morceau Attitude, c’est l’incarnation à la fois du melodic groove, du trottoir brut et crado de New-York, et la basse me fait penser à un crissement de métro avec ses sons métalliques. Pour ce qui est du refrain, c’est un état de transe et de rêve.

« Les titres de mes chansons sont des tableaux. Pour moi, un titre peut changer toute la vision d’un morceau. Quand j’ai écrit Rainy Party, j’avais en tête une soirée pluvieuse à Londres, une sorte de barbecue dansant » © Louise Le Meur
C. : Sortir un EP qui s’appelle Dancy Party en ce moment, c’est un pied de nez au gouvernement ?

LM. : C’est surtout un soulagement de pouvoir montrer mon univers aux gens. J’ai beaucoup joué les morceaux, mais l’EP a pris plus de temps à sortir avec le Coronavirus. Sortir un projet en ce moment, c’est jouissif. En plus c’est un avant-goût de l’album à venir.

C. : Pourquoi la thématique « party » ?

LM. : Je suis très inspiré par les fêtes. Tu vois des images fortes, tu vis des torrents d’amour et des rencontres de dingue. Tu ne peux jamais prévoir la suite, jamais revivre la même chose. Le lendemain, c’est la même sensation cotonneuse que d’avoir vécu un rêve. C’est une source d’inspiration éternelle et puissante. Chaque émotion est vécue de majesté, de costumes, de rires et de silhouettes.

C. : Qu’est-ce que je peux te souhaiter pour la suite ?

LM. : Tu peux me souhaiter de terminer mon album et faire un featuring avec Yoko Ono, ambiance opéra avec une boîte à rythme. J’aurais aimé faire un featuring avec Karl Lagerfeld, mais c’est trop tard.

C. : On se quitte avec notre question signature chez Arty Magazine. Quelle est ta définition d’un artiste ?

LM. : Un artiste, c’est avoir l’envie suprême d’exprimer ce que l’on ressent pour que les autres s’y retrouvent. Il faut essayer d’avoir le plus d’expériences empiriques pour décrire son ressenti. Ma rupture avec ma copine a été déterminante dans mes compositions : la solitude, le manque. Autant d’états dont j’ai besoin de parler. Pour moi, être un artiste c’est embrasser la vie et en créer des choses. De l’émotion pure.

Dancy Party est disponible sur Spotify.

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