Interview : De Lombre à la lumière
Fondateur et ex-rédacteur en chef d'Arty Magazine, le grand manitou…
Entre slam, rap et électro, Lombre sera en live au Festival Crossroads mercredi 9 septembre à 21H50. Inspiré par Pierre Soulages et son outre-noir, l’artiste se prépare à sortir son EP La lumière du noir ce vendredi.
D’ici quelques années, la semaine du 7 septembre restera comme celle où Lombre a percé au grand jour. Déjà, avec son concert au Crossroads Festival qui sera diffusé à partir de ce soir à 21H50 sur notre page Facebook. Ensuite, avec la sortie de son EP La Lumière du noir prévue ce vendredi dans toutes les bonnes crèmeries de France et de Navarre. Entre le lyrisme de Gaël Faye et les intonations de Fauve, Lombre fait briller un français élégant sur les beats électro des producteurs Clément Libes (Kid Wise, BigFlo & Oli) et Léo Bouloumié. Inspiré par le maître de l’outrenoir, Pierre Soulages, un enfant de Rhodez comme lui, le rappeur insuffle les ombres du peintre en de grandes volutes de texte, avançant avec son bagage éloquent vers la lumière. Que Lombre rayonne, son heure est arrivée.
Marin : Salut Andréas. Ton EP La Lumière du noir qui sort ce vendredi ressuscite les intonations et le lyrisme de Fauve. Eux aimaient garder leur anonymat, toi tu nous raconterais ton histoire ?
Lombre : Je m’appelle Andréas, j’ai 23 ans et je viens de Rodez dans l’Aveyron. Je suis passionné par la musique depuis enfant. Mon père l’était avant moi. Il avait aussi une compagnie de théâtre amateur et était un grand passionné de danse également. J’ai donc traîné sur les planches quand j’étais tout petit et ça ne m’a jamais quitté. Mon rêve a toujours été de monter sur scène à mon tour. Alors, il y a 10 ans, j’ai commencé à écrire, et j’ai monté le projet Lombre il y a 4 ans. Il se situe entre le rap et le slam, c’est du spoken word. Je parle de choses intimes, parfois noires, en essayant toujours d’aller vers la lumière, l’espoir. C’est un peu la spécificité de mon projet, son concept.
M. Ton morceau Espoir Noir nous fait aussi penser à l’ambiance électrisante de Tôt le Matin de Gaël Faye. On connaît l’importance salvatrice de l’écriture chez l’écrivain franco-rwandais, quelle place a t-elle chez toi ? En particulier sur ce titre ?
L. Pour moi, l’écriture est très importante, voire primordiale. Elle m’a sauvé dans un moment de ma vie, et je lui en serai toujours reconnaissant. Ce projet se base sur l’écriture, c’est mon point de départ sur chaque titre et c’est essentiel pour moi qu’elle soit sincère et riche a sa manière. En tout cas, je suis très flatté que ce titre vous ait inspiré un des plus beaux titres de Gaël Faye selon moi.
M. Ton morceau La lumière du noir se détache particulièrement avec le sample de Pierre Soulages – un autre enfant de Rodez. Qu’est-ce qui t’inspire chez le maître de l’outrenoir ?
L. Sa philosophie. J’essaye d’appliquer la même dans mon écriture et, ce qui est fou, c’est que ce n’était en aucun cas volontaire à la base. Et puis pas mal de personnes m’ont parlé de ce rapprochement dans nos manières de voir les choses, de penser. Alors je m’en suis à mon tour rendu compte et j’ai eu envie de lui rendre un certain hommage avec ce titre, cet EP.
M. On termine le name-dropping avec les rappeurs toulousains Bigflo & Oli, qui t’ont soutenu sur leur playlist #TuConnaisNon. Comment s’est faite votre rencontre ?
L. C’était en 2016 au Prix d’Écriture Claude Nougaro à Toulouse. J’étais lauréat et ils étaient les parrains de l’édition. Ils ont accroché à mon projet et ne m’ont jamais lâché. Ils me donnent de la force et soutiennent Lombre à fond.
M. En studio, tu travailles avec Clément Libes (Kid Wise, BigFlo & Oli) et Léo Bouloumié. Quel cap t’ont-ils permis de passer par rapport à tes premiers sons sur l’EP Eau Trouble ?
L. Ils m’ont permis de trouver un sens et un raccord entre les textes et la musique. Ce n’est pas facile à trouver, surtout chez moi qui ait ce parlé-chanté prenant beaucoup de place. Ils ont réussi à trouver la recette pour faire en sorte que mes mots ne noient pas la musique, et inversement. J’ai directement su que ça allait matcher car j’adorais le son de Kid Wise.
M. On te verra en concert pour le Crossroads Festival. On connaît ta passion pour les arts du spectacle, et l’enseignement des cours de danse d’Edwina Costecalde. Comment envisages-tu la scène ?
L. Comme un exutoire bourré de sincérité, de vie, d’échange et de joie. J’adore la scène. À chaque concert, mon objectif est que les gens ressortent de l’endroit en ayant vécu un moment ailleurs, suspendu. On travaille avec mon équipe pour faire évoluer le show, et pour que ça devienne un vrai univers qui soit proposé au public les soirs de concerts. Ça prend du temps et de l’argent mais je veux le faire. C’est un rêve de gosse de proposer un vrai concert, voire même un vrai spectacle ou tout a du sens : le son, la lumière, la scénographie, mes textes, ma danse…
M. Et comme c’est la tradition chez Arty Magazine, quelle est ta définition d’un artiste ?
L. Pour moi, un artiste est celui qui a le courage et le talent de dire tout haut ce que les gens pensent (ou ressentent) tout bas. Par sa peinture, sa chanson, sa danse, son livre…