Maxence, l’entretien sans pipeau
Apolline tire autant de satisfaction à écouter un (bon) freestyle…
Tout est trop beau : c’est le titre évocateur choisi par Maxence pour nommer son premier album. Il sortait en octobre dernier un premier single, Parfum d’été, concentré de pop mélancolique et de synthés sucrés, avant de dévoiler son format long à la fois drôle et touchant, tout à son image, produit avec Clément Libes et Leos.
Arty a pu parler nostalgie, faux documentaire et passion du live au cours d’un entretien que nous a accordé l’artiste. À l’aube de l’été, rencontre avec un chanteur accompli, éternel curieux qui suit le gré de ses envies et n’a pas peur d’aller là où le vent le mène – comme lui-même le confie.
Apolline : Deux ans se sont écoulés depuis la sortie de ton dernier projet @+, est-ce qu’il y a beaucoup de choses qui ont changé de ton côté ?
Maxence : Yes carrément ! Déjà au niveau du style, c’est assez différent de ce que je faisais avant, notamment parce que je n’ai pas collaboré avec les mêmes personnes. Sur ce projet, j’ai bossé avec Leos et Clément Libes. Ensemble, je pense qu’on a trouvé une direction musicale qui s’écarte de ce que j’avais pu faire avant. On est sur des sons plus pop, rock indé, et c’est assez changeant. Sinon les explications sont assez diverses puisque les choses changent, le temps passe, le contexte et l’expérience aussi. Encore plus, je dirais l’empreinte musicale, et le fait d’arriver à parler de choses un peu plus légères.
A. : Est-ce que tu peux nous en dire un peu plus sur la manière dont tu écris ?
M. : Il n’y a pas de règle, mais c’est vrai que je peux avoir une espèce d’inspiration fulgurante que je n’explique pas, et j’essaye de noter des trucs. Même si sur le moment je n’en fais rien, parfois je retourne à ces notes, et c’est vrai que ça m’inspire. Comme ça a été le cas pour quelques-unes de mes chansons. J’essaye parfois de provoquer l’inspiration, quand il faut que je trouve quelque chose sur une chanson, je l’écoute en boucle et ça finit par venir.
A. : Comment s’est fait cet album, est-ce que ça a été un processus plutôt long ? Ou est-ce que, finalement, fort de ton expérience passée, l’enregistrement a été fluide ?
M. : Il s’est fait de manière lente, parce qu’on faisait pas mal d’allers-retours avec les compositeurs qui m’ont accompagné sur sa création. Ils étaient basés à Toulouse, donc il fallait y aller, etc… Il s’est fait sur la longueur parce qu’il y a notamment des textes qui sont anciens, par exemple la chanson Le même chagrin que j’ai écrite en 2016. Sur cet album, il n’y a pas eu de moments où l’on s’est dit : on s’enferme pendant un mois et on ne se concentre que là-dessus. Il y a eu beaucoup de ping-pong.
A. : De Nekfeu à Angèle, de nombreux artistes ont décidé de sortir leur documentaire pour accompagner leur sortie d’album. Toi, tu as un peu pris le contrepied de cette pratique en développant l’idée d’un « faux documentaire ». Comment t’est venue l’idée ?
M. : J’avais eu l’idée avec Florent Bernard (ndlr, scénariste et réalisateur), parce que ça faisait un moment que je voulais créer un truc qui mêle fiction et réalité. La manière la plus simple, ça a été de se dire qu’on allait documenter la création de l’album, et c’est de là qu’on a trouvé le pitch. L’histoire était donc de faire comme si on avait tout filmé pour le documentaire et qu’en fait, on découvrait qu’on avait perdu toutes les images. On était obligé de reproduire ça mais avec des moyens très limités.
J’en suis super fier, ça mélange tout ce que j’aime : que ce soit le premier degré, le second, l’absurde, la mélancolie, mes potes, même juste l’acting puisque je suis aussi comédien à côté, et que j’adore jouer…
A. La couleur générale des morceaux est assez mélancolique, voire quelques fois triste. Est-ce que tu te décrirais comme quelqu’un de nostalgique ? Ou est-ce uniquement un personnage pour ta musique ?
M. : Non c’est vraiment moi, sinon je n’écrirais pas ça (rires). Pour moi les textes ont une vertu assez thérapeutique. À la base, et même encore aujourd’hui, si j’écris des chansons c’est parce que j’ai besoin de le faire. Ça devient ensuite des morceaux musicaux, mais à l’origine ce sont simplement des textes. C’est totalement cathartique, et ce que je trouve incroyable aujourd’hui, c’est que ça arrive à faire le même effet aux personnes qui les écoutent. Ça, c’est super.
A. : Tu tournes beaucoup en 2022, avec une date notamment le samedi 5 novembre à la Cigale. Comment te sens-tu à l’idée de défendre ton projet sur scène ?
M. : Évidemment, j’ai hâte. J’avais une dizaine de dates sur le mois de novembre et c’était trop bien de pouvoir retrouver le public en petit comité, dans de plus petites salles. Il y avait vraiment une ambiance chaleureuse et conviviale qui m’avait vraiment manqué. La scène, c’est vraiment une partie géniale dans ce métier-là, sans ça je pense honnêtement que je prendrais beaucoup moins de plaisir à faire de la musique.
La scène, c’est là où tout s’exprime, c’est une manière d’échanger et de partager avec les gens, de proposer des versions vivantes des chansons qui ne sont pas exécutées de la même manière en studio. En plus de ça, il y a un côté un peu stand-up, où je peux faire des blagues, honnêtement je me régale. C’est un spectacle, quoi (rires).
A. : Est-ce qu’il y a une collaboration ou un featuring que tu rêverais de faire, un jour ?
M. : Non, honnêtement je me suis déjà posé la question, mais actuellement je n’ai pas envie de faire quelque chose juste pour le faire. À part pourquoi pas, si je me mettais à rêver, des artistes aux États-Unis… Mais sinon pour le moment, ça ne m’est pas nécessairement venu naturellement à l’esprit.
A. : Est-ce qu’il y a une différence entre la reconnaissance de ton public présent pour ta musique, et celui de Youtube où tu t’es fait connaître ?
M. : Oui forcément, puisque Youtube ça englobe Internet. Disons qu’il n’y a pas eu le même travail derrière. J’ai le sentiment que l’album que j’ai fait, il y a une recherche un peu plus personnelle et cela touche directement à des choses plus intimes. Forcément, la manière de réagir des gens est différente, et les retours le sont aussi. En tout cas, je suis plus enthousiaste quand quelqu’un me fait des retours positifs sur quelque chose qui m’a demandé plus de travail, plus de rigueur et d’émotions. Mon album c’est la chose qui m’a demandé le plus de travail, en comparaison de ce que j’ai sorti sur Internet.
A. : En étant passé par Youtube puis par la musique, est-ce que tu as l’ambition d’essayer autre chose ensuite ? Tu me parlais notamment du fait que tu étais comédien, est-ce que le cinéma pourrait te tenter ?
M. : Oui totalement, je me laisse porter au gré du vent, les projets et les envies viennent ou pas. J’ai pas de truc très défini, je veux juste continuer à m’amuser.
A. : Une dernière question pour conclure, est-ce qu’il y a un artiste qui selon toi mériterait plus d’exposition ?
M. : Je le cite souvent, c’est mon frérot depuis toujours, Julien Granel. J’aime beaucoup ce qu’il fait et je suis trop content qu’il sorte enfin son premier album.