Focus : Osvaldo Ramirez-Castillo, la couleur pour exorciser la guerre civile
Fondateur et ex-rédacteur en chef d'Arty Magazine, le grand manitou…
En partenariat avec EasyClap.
Mondialement reconnu, le peintre Osvaldo Ramirez-Castillo est né au Salvador qu’il a fui à 11 ans pour le Canada. Ses œuvres témoignent de la guerre civile qui a ravagé son pays en mêlant la brutalité des reconstitutions avec la puissance des couleurs.
Chez Osvaldo Ramirez-Castillo, la floraison des couleurs est telle qu’elle pourrait cacher la violence de ses œuvres, évoquant frontalement les conflits qui ont ravagé le Salvador dont il est natif. Au milieu de ses impressions chatoyantes et florales, se cachent des camps de réfugiés en surpopulation, des corps nus à têtes de loup tenus en laisse par des soldats, des effets personnels calcinés au milieu de barbelés. Et partout, la représentation du fascisme est symbolisée par ces trois hauts-parleurs formalisant un pouvoir totalitaire omniprésent, que l’on imagine vociférant au milieu de ses compositions silencieuses.
Osvaldo Ramirez-Castillo évoque frontalement la guerre civile qui a secoué le Salvador dans les années 80/90
Ses dessins foisonnants de détails racontent son expérience personnelle des affrontements sanglants du milieu des années 80 et 90, mais c’est par la végétation indomptable que l’espoir revit. Ici les fleurs remplacent le corps d’un soldat, là elles cachent des révolutionnaires au milieu des lianes, puis s’attaquent aux speakers pour les détruire dans un écran de fumée. Vivant et travaillant désormais à Vancouver, le canadien adoptif superpose l’histoire de son peuple avec celle de son art, témoignant des événements tragiques pour accorder la victoire au pacifisme exalté des couleurs, alors que les accords de paix de Chapultepec ont mis fin au conflit en 1992.
Marin : Hello Osvaldo. De quelle couleur serait ton mood aujourd’hui ?
Osvaldo : Comme c’est bientôt la pleine lune, je me sens de toutes les couleurs [NDLR : L’interview a été réalisée le 10 décembre].
M. Quand j’ai découvert ton travail, j’ai été frappé par l’abondance de détails et la palette de couleurs vives. Pourquoi ce parti pris?
O. On a tous été influencé par notre environnement dans la petite enfance. J’ai grandi dans les couleurs tropicales et la flore dense de la région des Caraïbes. Un tel habitat et le paysage culturel sont plein de détails baroques. Je suppose que c’est donc de là que vient mon esthétique.
M. C’est la question lifestyle : quelle est ta routine de travail (musique, café, plante verte) ?
O. J’ai besoin de prendre un café avant de commencer à travailler plus particulièrement quand je suis en studio. Il semblerait que mon workflow en dépende. Je peux me passer de musique, j’aime la quiétude et le silence la plupart du temps. Quand j’en ai marre, j’écoute la radio, un très bon podcast, et de temps à autre de la musique.
M. Quels sont les 3 artistes contemporains qui t’inspirent le plus ?
O. C’est une question difficile car la liste change souvent et trois noms ne suffisent pas. Mais en ce moment, je suis inspiré par le travail de Wangechi Mutu, Simón Vega et Nathaniel Mary Quin.
M. Si je te donne accès à ma machine à remonter le temps, avec quelle icone rêverais-tu d’avoir un brin de discussion ?
O. Je n’aime pas l’idée de voyager dans le temps et en ce moment je n’ai pas d’idoles particulières… Mais j’adorerais avoir un tête-à-tête avec le Dalaï-lama.
M. Le secret d’une illustration réussie, c’est…
O. Je ne sais pas s’il y a un secret pour une œuvre d’art réussie. Tout ce que je peux dire, c’est qu’une œuvre dont je suis satisfait dépend vraiment du temps consacré à la recherche d’idées, à la réflexion et à l’expérimentation, même l’échec est essentiel dans le processus de création.
M. Ma dernière question est la signature chez Arty Paris. Quelle est ta définition d’un artiste ?
O. Les artistes sont des personnes qui résolvent les problèmes pour s’exprimer. Des personnes qui s’engagent dans le processus créatif comme un acte de foi à leurs risques et périls.