Saint DX et Hannah Rosselin nous parlent du clip érotique de « Can’t Get You »
Fondateur et ex-rédacteur en chef d'Arty Magazine, le grand manitou…
Censuré puis remis en ligne sur YouTube en étant interdit aux moins de 18 ans, le clip de Can’t Get You est précédé d’une réputation sulfureuse. Le film est pourtant loin de se limiter à cette vision réductrice.
Montrer une sexualité épanouie à l’heure où le moindre téton est banni d’Instagram, l’enjeu est de taille. Saint DX en a fait l’amère expérience avec le retrait temporaire de son clip Can’t Get You de YouTube, en dépit de la célébration inclusive de l’amour par la réalisatrice Hannah Rosselin. Tous corps et genres sont représentés dans leur diversité : hétéros, homos, en solo, à trois, gros, minces, vieux ou jeunes… On t’en parlait d’ailleurs ici.
De retour sur la plateforme, le clip est désormais interdit aux moins de 18 ans. On a bondi sur cette actualité chaude, très chaude, pour engager un entretien croisé avec Saint DX, crooner contemporain et proche collaborateur de Damso, et la réalisatrice Hannah Rosselin, fervente défenseuse de la diversité à l’écran. Comment présenter un film de soft-porn en respectant l’intimité de chacun ? Quel a été le cheminement jusqu’à la création si peu courante du clip érotique ? Les deux partners in crime ont répondu aux 6 questions qui nous brûlaient les lèvres.
Marin : Salut Hannah, merci pour cette magnifique ode à l’amour ! Peux-tu me décrire ce que tu fais, ce qui t’entoure ?
Hannah Rosselin : J’ai récemment sorti un clip pour Mykki Blanco, je travaille sur une publicité que j’ai tourné au début du mois et j’écris une série policière. Je consacre le plus clair de mon temps à travailler et à écrire. Dès que je peux, je prends ma voiture et je conduis pour réfléchir (ndlr : l’interview a été réalisée avant le troisième confinement). Je dirais que cette année, j’ai la chance d’être entourée de personnes formidables et de projets très inspirants !
M. : Et toi Aurélien (Saint DX) ?
Aurélien Hamm : En ce moment je suis en train de finaliser mon prochain EP Unmixtape qui va sortir courant avril. On en est à la phase finale : l’image. Tous les mixes et les masterings sont finis. Ce n’est plus qu’une partie de plaisir, je viens de finir de tourner un clip avec mon ami David Numwami qui sera présent sur le disque. Et je pars tourner un autre clip d’ici quelques semaines.
M. : Comment est né le titre Can’t Get You ? C’est le pendant heureux de la chanson de rupture No Love ?
A.H. : J’ai demandé à mon ami Jonathan de Ménage à Trois de participer à la mixtape pendant le confinement. Je lui ai envoyé l’instru de Can’t Get You et le soir même il m’a envoyé sa voix. C’est lui qui a écrit les paroles. Les deux chansons ont été composées à quelques jours d’intervalle seulement, du coup j’étais dans le même état d’esprit pour les deux.
M. : Le clip est assez éloigné de ce que tu nous avait habitué jusqu’à maintenant. Pourquoi ce choix d’un film érotique ?
A.H. : Quand on a fini de composer la chanson avec Jonathan, j’ai d’abord imaginé une vidéo sans grand rapport avec les paroles. J’avais en tête un film documentaire de la session d’enregistrement et de mix en studio. J’ai tout de suite pensé à Hannah Rosselin dont j’avais particulièrement aimé le film Seasonly, sa manière de faire se mouvoir la caméra, et de filmer les corps quels qu’ils soient. Hannah a accepté mais m’a proposé une autre idée : un film érotique. J’ai été assez décontenancé dans un premier temps, mais son énergie et sa vision m’ont touché. Je lui ai donné carte blanche pour réalisé le film qu’elle avait en tête. Je suis très content de lui avoir fait confiance.
M. : Hannah, tu parles de « soft-porn réparateur ». Qu’est-ce que tu entends par là ?
H.R. : J’ai toujours voulu réaliser un film pornographique qui soit à l’image de mon travail et qui pourrait parler à tout le monde. Je pense que le choix de mes acteurs fait que ce film s’adresse à des personnes abîmées qui se réparent. J’ai voulu proposer un film porno pas trop porno, soft porn donc, qui permettent à ces personnes de s’identifier et de se dire que malgré tout, on peut faire l’amour avec des cicatrices, après des traumas ou après des années de relations. Le désir existe aussi à cet endroit, il n’est pas réservé aux passions et aux gens lisses. Donc, en toute humilité, j’espère que mon film répare et fait du bien.
M. : Ton film marque par la représentation diversifiée des corps. Comment as-tu organisé le casting ?
H.R. : J’ai travaillé avec une directrice de casting formidable, qui est aussi une grande amie, Mayli Grouchka. Je lui ai envoyée une liste de profils que j’avais en tête, pour répondre au scénario que j’avais écrit. On a passé deux grosses semaines à s’échanger des photos.