Au milieu des buildings de Hong Kong avec le photographe Thang Dai
Fondateur et ex-rédacteur en chef d'Arty Magazine, le grand manitou…
Photographe et blogueur allemand, Thang Dai se passionne pour les métropoles tentaculaires à travers de splendides séries photos. Son dernier voyage l’a mené à Hong-Kong au cœur des manifestations qui agitent la ville-état.
Hong-Kong, ses buildings, et sa lutte pour la démocratie. Depuis 24H, un regain de violence gagne la cité-état tandis que les manifestants interpellent directement Londres. Leur demande auprès du Consulat de Grande-Bretagne est sans équivoque : davantage de protection pour les habitants de l’ancienne colonie. Si l’art a toujours été indissociable du fait politique, il nous semble essentiel de défendre certains droits dont nous pouvons jouir aujourd’hui en France, mais pour lesquels certains se battent toujours à l’autre bout du monde.
Berlin, Paris et les États-Unis sont passés sous son objectif
Voilà un certain temps que j’avais envie d’interviewer Thang, bloggeur et fondateur du célèbre webzine electru.de, désormais rattaché à Vice Allemagne. Récemment revenu de Hong-Kong où il avait prévu de photographier la ville, il s’est retrouvé au milieu d’une ébullition urbaine de manifestants, parapluies à la main, slogans à la bouche. Son art synthétise parfaitement le paradoxe citadin entre contemplation et agitation, poésie et violence, idéaux et insurrection, de ses clichés émancipés.
Marin : Hello Thang. C’est la première fois que je fais une interview en DM Instagram alors on va innover. Est-ce que tu peux te présenter en trois emojis ?
Thang : 🐣📸🙈 et toujours 🚬.
[NDLR : Thang explique qu’il passe sa journée dans les rues et qu’il répondra quand il peut].
Marin : T’as énormément voyage en Afrique du Sud, à Hong-Kong, et t’es de retour à Berlin où tu vis. Tu nous raconte un peu ton background ?
Thang : Je suis un directeur artistique freelance et un photographe originaire de Berlin qui adore créer des histoires visuelles autour du monde. Je suis également un bloggeur et un ancien consultant en nouveaux médias avec electru.de que j’ai commencé 10 ans avant qu’Instagram naisse. Je pense que c’était un tournant dans ma vie quand je me suis trouvé une passion pour les arts visuels. À l’heure actuelle, la création de contenu dans les rues du monde entier est le plus beau cadeau qu’on puisse me faire, et j’ai la grande chance de pouvoir voyager et découvrir le monde.
Marin : T’es revenu en ce moment même à Berlin, tu nous partages ta photo préférée de la ville ?
Thang : C’est super difficile, j’ai dû prendre des millions de photos de Berlin depuis les dix dernières années. Mais je dirais peut-être celles-ci :
Marin : Elles sont magnifiques. Qu’est-ce qui t’inspires dans les différentes villes que tu photographies ?
Thang : Mon inspiration vient principalement des gens que je rencontre et de l’architecture brutaliste.
[NDLR : Thang s’excuse de ne pas avoir répondu de suite, pris dans l’énergie des rues de Berlin 🙈].
Marin : Parlons maintenant de ta série à HK. Ta manière d’attraper l’énergie de la ville, l’architecture des buildings et l’intensité de la lumière nous fascinent. Comment tu travailles sur ce genre de séries ?
Thang : Merci pour ces mots. Il n’y a pas de formule secrète, j’ai juste longuement marché dans les rues de Hong-Kong, le reste n’est que composition visuelle et appuyer sur l’obturateur.
Marin : T’utilises quels appareils ?
Thang : Le Leica Q en numérique, le Yashica T5 et plus récemment le Contax G2 (que j’adore) en pellicule.
Marin : Qu’est-ce que t’as ressenti quand t’étais à HK au milieu des manifestants ?
Thang : Être au milieu d’un demi-million de manifestants pour la plupart pacifiques était de loin une des plus intenses, intéressantes, et hallucinantes expériences de ma vie. Je n’oublierais jamais la situation quand la police a tiré des gaz lacrymogènes, que des balles en caoutchouc volaient tout autour de nous, et que les gens courraient dans un chaos total. Je me suis rendu compte que c’était pour moi le moment de quitter les manifestations.
Marin : Tu penses que la photo doit s’engager pour des causes comme celles-ci ?
Thang : Oui, définitivement. Il s’agit de démocratie, de liberté et d’avenir. J’espère que les hongkongais sauront rester courageux et fermes. Tous mes espoirs vont vers un dialogue entre la Chine et Hong-Kong pour trouver une solution pacifique à cet écrasant problème.