Joe Goddard et Amy Douglas font danser les chapelles avec « Holding On Too Long »
Fondateur et ex-rédacteur en chef d'Arty Magazine, le grand manitou…
Joe Goddard et Amy Douglas ont le plaisir de t’annoncer la naissance de leur nouveau groupe Hard Feelings, sur les rythmiques house de Holding On Too Long et de son clip improbable.
Alerte, nouveau groupe coolos en approche. À ma gauche, le britannique Joe Goddard, tête pensante du quintet électro-pop Hot Chip et éminent agitateur de dancefloors. À ma droite, la new-yorkaise Amy Douglas, voix emblématique de plusieurs tubes disco-funk des années 2000 – Let’s Go Dancing de Horse Meat Disco par exemple, et co-autrice du très bon Something More de Róisín Murphy. C’est officiel, les comparses lancent les hostilités en duo avec Hard Feelings, le nom de leur nouveau projet.
Signés sur le label indépendant Domino Records (Franz Ferdinand, The Kills, Arctic Monkeys), les deux amoureux de musique club officialisent leur union avec le single Holding On Too Long, concrétisation d’une recette bien rôdée avec une voix soul captivante, un gimmick efficace au piano et une montée progressive électro. Pourtant, rien n’était gagné d’avance. Le titre déconcerte d’emblée avec un monologue introductif de Douglas : « Where do you go when the happy home becomes a haunted house ? A skeleton in every closet, a ghost in every room. […] Next thing you know, you’re the ghost in every room. » Voilà qui devrait plaire aux amateurs d’ésotérisme.
Des fantômes, une église et des claquettes
Réalisé par Katie Paul, le clip nourrit encore plus l’intention ésotérique de ses auteurs. La vidéo montre Douglas fumant une cigarette en petite tenue dans sa chambre, avant de rejoindre le danseur professionnel Kyle Livsey pour se déhancher dans la nef d’une église. Dans le twist final, on découvre que la chanteuse suit le danseur hors de sa chambre pour l’amener à un spectacle de claquettes. Ce décorum étrange rappelle à certains égards les visuels lynchiens qui s’accordent paradoxalement bien à la performance sous acides de Douglas. Le visuel est aussi fascinant et hermétique que le morceau est dansant et accessible.
Douglas a malgré tout éclairé notre lanterne sur l’écriture du morceau : « Holding On Too Long est le dénominateur commun de l’union musicale entre Amy et Joe. Dans cet opéra triste, il y a comme le Un Bel Di de Madame Butterfly ou la Mad Scene de Lucia Di Lammermour, ce moment de l’histoire où notre héroïne se lève, pleure et crie sa douleur à la face du monde. » Autrement dit, Holding On Too Long est un morceau sur la dévastation causée par la fin d’une relation. Nous, on a plutôt envie de danser dans une chapelle.