Inconditionnelle de culture japonaise, de la dolce vita parisienne et…
Quatre ans après le succès fulgurant de leur second album baptisé For Ever, le duo britannique qui enflamme les dancefloors et les festivals depuis 2013 nous offre un nouvel album de quatorze morceaux parfaitement alignés à leur esthétique, tout en nous réservant quelques surprises.
Loving in Stereo est marqué par le confinement. Pourtant, 40 minutes d’écoute suffisent à dévoiler une vision positive du monde d’après, post distanciation sociale et pandémie. Baptisé selon le nom de la première chanson créée par le tandem de producteurs Josh Lyod-Watson (J) et Tom McFarland (T), l’album détone par sa personnalité et par un enchaînement parfait de morceaux éclectiques. Comme si, après tout ce que Jungle a apporté à la musique, J&T cherchaient à trouver une voie nouvelle…
Danser, envers et contre tout
Les premières notes de Dry your Tears, qui ouvre l’album, peuvent paraître invasives au premier abord. Pourtant, ce sont elles qui, doucement, bercent l’auditeur vers le single phare de cette release : Keep Moving. Déjà connu internationalement, ce morceau est un hymne à la détermination et à la résilience. Dansant, solaire et typiquement Jungle, c’est un summer hit bien installé dans notre playlist estivale depuis sa sortie en mars dernier. Quant au clip, une mise en scène brute mais millimétrée se plie aux ordres des paroles et souligne avec poésie les mouvements d’une chorégraphie rythmée : les danseurs continuent encore de bouger.
Si les percussions et les riffs de basse invitent toujours au mouvement, et que les mélodies sont pour la plupart euphoriques, certains morceaux abordent des thèmes plus graves. All Of The Time, sous ses airs de balade amoureuse, décrit mélancoliquement les cicatrices du temps qui passe. Quant au morceau What D’You Know About Me ?, c’est une question ouverte sur la surveillance de la population par les gouvernements, une thématique ô combien étudiée en cette année pandémique. Sur un ton plus léger mais tout aussi profond, Can’t Stop The Stars imite les BO de films hollywoodien pour prendre en dérision nos attentes irréalisables qui nous empêche de vivre une vie pleinement satisfaisante. Comme l’a un jour dit un sage musicien, le bonheur est la soustraction de nos attentes à la réalité. À méditer…
Une exploration pleine de surprises
Mis à part l’ADN funk, qui reste omniprésent dans l’album, et une direction artistique fidèle à elle-même, c’est à dire sobrement chic, Loving in Stereo est une véritable poupée russe de surprises et de possibilités. Loin de se recroqueviller dans une zone de confort, Jungle tente et explore sa propre jungle musicale.
Pour la première fois, d’autres artistes collaborent avec le duo via des featurings. Le rappeur soudanais Bas apporte un flow parfaitement compatible avec les notes rassurantes mais entraînantes de Romeo, ajoutant une dimension hip-hop aux productions funky de Jungle. Et sur Goodbye My Love, c’est la voix suave de la star indienne Priya Ragu (merveilleuse interprète de Good Love 2.0) qui rend cette mélodie résolument soul. La présence de chœurs est aussi une nouveauté : dans What D’You Know About Me ?, plusieurs voix s’ajoutent au refrain de la chanteuse afin de renforcer le message engagé porté par les paroles.
Musicalement parlant, Jungle a beaucoup exploré en utilisant de nouveaux instruments selon les différents studios dans lesquels ils ont enregistré. Bonnie Hills est sans contexte le morceau le plus surprenant – et le plus mémorable : quand, jamais avant, le duo n’avait utilisé de saxophone ou de flûte, ces deux instruments font une remarquable entrée dans l’univers funk de Jungle, en s’autorisant même un solo final pour le saxophone. De quoi ravir nos oreilles et trépigner d’impatience en vue de leur live, prévu le 27 janvier 2022 au Zénith de Paris.