« Les Crevettes Pailletées », un hymne à la joie et à la liberté
Depuis son Prix Spécial du Jury décerné au Festival de l’Alpe d’Huez, « Les Crevettes Pailletées » est sur toutes les lèvres. Cédric Le Gallo et Maxime Govare réalisent l’un des premiers feel-good movie aux couleurs LGBTQ+.
Après avoir tenu des propos homophobes, Matthias Le Goff, vice-champion du monde de natation, est condamné à entraîner « Les Crevettes Pailletées », une équipe de water-polo gay, davantage motivée par la fête que par la compétition. Cet explosif attelage va alors se rendre en Croatie pour participer aux Gay Games, le plus grand rassemblement sportif homosexuel du monde. Le chemin parcouru sera l’occasion pour Matthias de découvrir un univers décalé qui va bousculer tous ses repères et lui permettre de revoir ses priorités dans la vie.
« Ce film est inspiré de ma véritable équipe de water-polo gay avec qui je parcours le monde depuis 7 ans, de tournois en tournois, dont les derniers Gay Games. Conscient de vivre une aventure unique qui a changé ma vie, j’avais envie de défendre les valeurs qui nous animent : la liberté, le droit à la différence et à l’outrance et surtout le triomphe de la légèreté sur la gravité de la vie. Des valeurs universelles finalement. » nous confie Cédric le Gallo.
Enfin un film sur des gays qui ne parle pas seulement d’amour. Le seul objectif des Crevettes Pailletées est de faire la fête et de mater des beaux mecs. Même s’ils ne sont pas très doués en la matière, le water-polo et plus particulièrement leur nouvel entraîneur, s’avère être le seul moyen d’arriver à leur fin. À travers des chorégraphies, des tenues de compétition affriolantes, et leur franche camaraderie, ce buddy movie bien barré est une véritable bulle de fraîcheur.
Loin d’être seulement caractérisé par leur orientation sexuelle (ce qui est malheureusement encore trop souvent le cas dans les représentations LGBTQ + au cinéma), les huit crevettes pailletées ont chacune leur propre caractère, leur vision de l’amour et leurs secrets. L’un d’entre eux, Fred, représente une femme trans qui assume totalement son nouveau genre. Leur joie de vivre est si communicative qu’on souhaite instantanément plonger dans l’écran pour rejoindre leur party bus direction les Gay Games.
Surfant sur des clichés ancrés dans l’imaginaire collectif, les difficultés d’intégration sont à peine évoquées (à part pour le coach homophobe) puisque le film se situe principalement en milieu LGBTQ+. C’est aussi la découverte d’une manifestation sportive très méconnue et plus bariolée que les J.O. : les Gay Games. À l’image du film, les Gay Games est une immense fête où le trajet est plus important que la victoire. Une vision positive d’un milieu sportif pourtant ultra compétitif. Tout le monde se veut intégrant et réconfortant. Personne n’est sur la touche.
« Je ne dirais pas que le film est militant au premier degré comme peut l’être « 120 battements par minute » mais si le militantisme c’est de donner à voir sa vision du monde, alors oui. Les Crevettes donnent à voir leur vision du monde. » défend le réalisateur. Il est vrai que « Les Crevettes Pailletées » n’est pas engagé comme on pourrait le penser, et tombe parfois dans la caricature du milieu gay. On aurait aimé plus de péripéties et d’envolées lyriques car le film reste assez contemplatif. « Les Crevettes Pailletées » mise sur un road-trip en Croatie entre potes plutôt qu’un drame social.
Il en va de même avec la représentation d’une masculinité qui bouscule les codes établis. Certaines des crevettes sont coquettes, d’autres sont plus virils, et tous font preuve de bienveillance envers les autres. Il y a autant de formes de masculinité que d’hommes sur Terre. Les huit crevettes sont des personnages hauts en couleur qui prônent fièrement leur orientation sexuelle, et l’acceptation de la différence. Petit clin d’œil sympa du réalisateur : le tube « Kid » d’Eddy De Pretto à propos de la virilité abusive est présent dans le générique de fin.
« Qu’ils soient gay, hétéros, hommes, femmes, peu importe, que les gens nous disent qu’ils ont très envie de monter dans ce bus et de partir en vacances avec les Crevettes. » disait Cédric Gallo. Le pari est réussi : « Les Crevettes Pailletées » s’apparente à un cocktail Sex & The Beach : frais et fancy. Enfile ton plus beau maillot et laisse toi porter par le spectacle des Crevettes Pailletées !
LES CREVETTES PAILLETÉES En salles le 8 Mai Réalisé par Cédric Le Gallo, Maxime Govare Avec Nicolas Gob, Alban Lenoir, Michaël Abiteboul, David Baiot, Romain Lancry