M83 rend hommage à nos souvenirs d’enfance dans un fantastique album ambient
Fondateur et ex-rédacteur en chef d'Arty Magazine, le grand manitou…
Loin des standards pop qu’on lui connaissait, le français Anthony Gonzalez signe un recueil de morceaux ambient gravitant autour des constellations filmiques et vidéoludiques de son enfance. Prends ton billet pour la navette stellaire DSVII.
À tous ceux qui ont grandi avec l’épopée The Legend of Zelda, aux rêveurs qui se sont perdus dans les fantasmagoriques films de science-fiction des années 80, aux voyageurs de l’espace intérieur qui s’évadent avec Pink Floyd, Anthony Gonzalez a une déclaration musicale à vous faire. Deux lettres pour la promesse d’une embellie cosmique : DS aka Digital Shades. En 2007, M83 publiait un premier volume de morceaux ambient inexploités, révélés au public plutôt que de les laisser disparaître sur un disque dur poussiéreux. Ce 20 septembre, le producteur rallume les moteurs pour un second opus référencé.
Fortement ancré dans la culture pop, M83 s’est fait connaître pour ses hits interstellaires Midnight City, Wait, et Lower Your Eyelids To Die With The Sun qui résonnent sur les BO de chaque film prétendument épique, au demeurant fauché au rayon de l’originalité. Pour les puristes qui ont écumé Junk (2013), le compositeur pléthorique dévoile une nouvelle facette de son travail, plus exigeante par son ambition progressive et intimiste. Anthony Gonzalez est allé piocher dans ses reliquats d’enfance : « Au début, il y avait ce souvenir vivace de Donjons et Dragons, cette sensation d’enfance de vivre dans un monde imaginaire situé dans un passé lointain ou un avenir perdu ».
Les morceaux forment une collection personnelle plus qu’un album conçu en tant que tel, avec certaines productions vieilles de 10 ans. S’ouvrant sur la mélodie de guitares pincées de Hell Riders, l’univers intérieur de Yann Gonzalez nous nappe d’un mysticisme auréolé de chants célestes. L’arrivée des synthés terriblement 80’s sonne comme un hommage touchant aux maîtres que sont Brian Eno, John Carpenter et Suzanne Ciani, et donne une cohérence d’ensemble aux pistes. Les ambiances référencées de Goodbye Captain Lee, la montée sensible de Feelings et l’énergie captivante de Lune de Fiel sont autant d’ambiances composites que d’émotions rendues possibles par l’exercice des claviers.
Piochant dans sa galaxie intérieure pour fédérer autour de souvenirs universels, Yann Gonzalez s’adresse à son public sans plus aucune distance, distordant l’espace-temps dans un éclair musical. Il nous confie : « Je voulais créer une musique qui pourrait faire partie de cette aventure et de ce voyage avec tous ses chevaliers solitaires, ses paysages de rêve, ses animaux étranges, ses mythes oubliés et ses vieux sorts ». Accompagné d’un court métrage en trois parties réalisé par Bertrand Mandico, Extazus, le fantasme des images invoqué par DSVII prend vie. Endormons-nous serein, nos rêves d’enfant peuvent désormais se conjuguer au présent.