Arty Awards 2020 : Les films de l’année selon la rédaction
L'homme-mystère... On dit même qu'ils sont plusieurs.
Le champagne a coulé à flots, tu as bu, dansé, ri en cette fin d’une année qui semblait ne jamais vouloir se terminer. 2021 sous de meilleurs auspices ? La rédaction croise les doigts pour toi, et te présente les Arty Awards 2020, parce qu’il n’y a pas eu que le virus pour habiller les conversations Zoom : quel est LE film des douze mois écoulés selon nos rédacteurs ?
Ondine – réalisé par Christian Petzold
Par Alma-Lïa
D’une grande douceur, le dernier film de Christian Petzold revisite le mythe d’Ondine, cette nymphe des eaux qui offre son amour à ceux qui viennent lui demander, mais qui tuent ceux qui la trahissent. Dans un Berlin contemporain, notre Ondine tombe amoureuse, et cet amour devient une quête de liberté, loin des mythe et du passé. Les acteurs nous émerveillent et les images nous submergent ; on se laisse bercer avec plaisir dans ce film subtil qui nous invite à plonger dans les racines archaïques de notre société. Le cinéaste y explore les liens que l’on entretien avec notre passé, et surtout comment s’en défaire ; réflexion plus que bienvenue sur les écrans de 2020 qui aujourd’hui restent noirs, et qu’on laisse derrière nous sans regrets.
Sorti le 23 septembre 2020
Drunk – Réalisé par Thomas Vinterberg
par Amélie
Un vent de liberté soufflé en pleine année compliquée. Subtil mélange entre théorie étayée et euphorie de la pratique, qui n’a jamais rêvé d’assumer ses responsabilités quotidiennes avec un petit coup de pouce liquide ? Juste moi ? Bon ok, dans la pratique ce n’est pas fameux, mais à expérimenter sur grand écran entre performances d’acteurs, bande-son vivifiante et beaux décors, c’est bon, très bon.
Sorti le 14 octobre 2020
Monos – Réalisé par Alejandro Landes
par Camille L.
Sur une bande-son de Mica Levi, le cinéaste colombo-équatorien Alejandro Landes signe un troisième long-métrage d’une puissance visuelle et sensorielle rare. L’histoire se déroule au cœur des montagnes colombiennes. Rambo, Schtroumpf, Bigfoot ou encore Boom-Boom, forment un commando de jeunes adolescents armés, chargés de veiller sur Doctora, une otage américaine, ainsi que sur une vache laitière quasi-sacrée. Par ses scènes hypnotiques d’exaltation collective et son esthétique organique (on pourrait sentir l’odeur de la terre mouillée et du sang séché), Monos esquisse le portrait bouleversant d’une jeunesse animale, innocente et cruelle, tendre et violente, sensuelle et insaisissable. Un film fiévreux qui fascine autant qu’il dérange.
Sorti le 4 mars 2020
Dark Waters – Réalisé par Todd Haynes
par Damien
Dark Waters est un film remarquable de par son sujet et son traitement : Robert Bilott, avocat spécialisé dans la défense d’industries chimiques, se retrouve confronté au désastre écologique et humain de ceux qu’il défend. Par acquis de conscience, il va alors se dresser, seul, et tout risquer pour dénoncer les malversations de ses anciens employeurs. Le genre d’histoire qui n’existe que dans les films, me diras-tu ? Et c’est justement là où le projet prend toute sa valeur : c’est un biopic ! Une histoire vraie interprétée par un casting 4 étoiles où tu pourras embrasser des yeux Mark Ruffalo et Anne Hathaway qui déambulent dans une ambiance oscillant entre le drame social et le polar.
Sorti le 26 février 2020
Adieu les cons – Réalisé par Albert Dupontel
par Marin
Excuse-moi pour la grossièreté, mais rarement l’envie ne fut aussi forte que de dire « adieu les cons » en 2020. Et puis, Albert Dupontel et sa fieffée clique de beaux brigands ont déboulé dans nos salles obscures. Celles-là mêmes que l’on nous retirait neuf jours plus tard, illuminées en quelques 1H27 d’un humour salvateur, ouvertes sur un romanesque délirant, arrachées à nos quotidiens robotisés. Comme le burlesque de Tati avait permis d’échapper à l’absurde des années 60 et la folie de Terry Gilliam à la déshumanisation galopante, Dupontel fait grincer des dents pour se révéler apôtre de la poésie moderne. Après cela, rien ne nous empêche de claquer un « à la prochaine Albert ».
Sorti le 21 octobre 2020
Les Sept de Chicago – Réalisé par Aaron Sorkin
par Nina et Camille C.
L’avis de Nina
L’année 2020 n’ayant pas été sous le signe des salles obscures, il a souvent fallu se tourner vers les plateformes, où quelques sorties surprises nous ont permis de prendre notre mal en patience. Réalisé par Aaron Sorkin – à qui l’on doit notamment le scénario de The Social Network – Les Sept de Chicago relate l’histoire vraie d’un procès historique : celui de 7 hommes accusés en 1969 d’avoir provoqué les émeutes qui, un an plus tôt, avaient secoué la ville de Chicago où se tenait alors la Convention nationale démocrate. Énorme production, au casting non moins impressionnant (Sacha Baron Cohen, Joseph Gordon-Levitt, Michael Keaton, Eddie Redmayne, Jeremy Strong…), Les Sept de Chicago nous plonge dans la vie politique américaine de l’époque, qui, entre supercheries, répression policière, absurdité judiciaire et racisme, ne manque pas de résonner étrangement avec les dernières actualités… À voir et vite, si ce n’est déjà fait !
L’avis de Camille C.
Les Sept de Chicago relate avec brio le retentissant procès de sept prévenus, accusés de conspiration et d’incitation à la révolte lors d’une manifestation, désirée pacifique, en marge de la convention démocrate de 1968. Plus haletant que le film de procès Douze hommes en colère, signé Sidney Lumet, ce long métrage, réalisé par Aaron Sorkin, enflamme par un solide casting et des dialogues puissants. Ce film politique se veut un réquisitoire contre les injustices et la folie d’un pays où le racisme et la guerre du Vietnam étaient le symbole d’une Amérique déchirée. Et cette Amérique, à bien des égards, entre en résonance avec celle des années Trump. S’appuyant sur des documents d’archives, le cinéaste souligne la brutalité d’une époque, dont le flower power était loin d’être l’apanage de tous les Américains.
Sorti le 16 octobre 2020 sur Netflix
Palm Springs – Réalisé par Max Barbakow
par Olivier
On triche un peu : le film est bien sorti en juillet 2020 aux Etats-Unis, mais débarquera sur le Prime Vidéo français début 2021, après avoir historiquement fait gonfler les enchères au marché du film de Sundance. Pourquoi une telle hype ? Andy Samberg et Cristin Milioti, bourrés de charme et formidables de symbiose ; la présence de J.K. Simmons, écrasant, drôle et touchant ; un air d’Un jour sans fin, teinté de dépression sarcastique, de violence anarchiste et d’amour sincère. Palm Springs est un film d’une fraîcheur dingue, comme une journée de mariage ensoleillée au bord de la piscine, une œuvre inventive et honnête, simplement fantastique.