« Mes jours de gloire », un premier film réussi sur un adulescent en quête de lui-même
Journaliste et cinéphile, parce que le documentaire c’est la vie……
Tiré de son court-métrage L’enfance d’un chef (2016), Antoine de Bary retrouve pour son premier long métrage son ami de longue date Vincent Lacoste dans le rôle principal. Mes jours de gloire raconte l’histoire touchante et drôle d’un adulescent qui se cherche. Une histoire qui résonne particulièrement en nous, les millenials.
Les jours de gloire d’Adrien sont révolus. Cet ex-enfant star approche la trentaine et tout se complique. Sans avoir décroché de rôle dans un film depuis 6 ans, il a des dettes et il galère en amour ; il s’éprend d’une très jeune fille, bien plus mature que lui, mais sauter le pas avec le sexe opposé et manifester de l’affection pour son entourage n’est pas son truc. C’est d’ailleurs ce que lui reproche sa mère qui est psychologue. Bref, les problèmes s’accumulent mais il ne s’épanche pas (qui voudrait parler de ses troubles d’érection avec sa génitrice ?). Errant partout mais impliqué nulle part, Adrien végète.
Ne rien essayer par peur de tout rater, se comparer constamment à ceux qui réussissent, chercher sa voie et sa voix ; ça te dit quelque chose ? Adrien incarne un véritable malaise générationnel. Que l’on soit perdu entre l’adulescence, la quête de sens et la vie pleine de responsabilités, nous sommes tous un peu les frères et sœurs d’Adrien. Alors, on suit avec attention son parcours initiatique pour quitter le costume de Peter Pan et entrer dans la vraie vie, en l’occurrence celle d’un homme qui s’assume, qui fait des choix réfléchis… et qui bande normalement. Avec ce premier film juste et délicat, Antoine de Bary aborde les thématiques de dépression et de mal-être qui s’installent doucement mais profondément chez son personnage principal. Évidemment, Vincent Lacoste excelle dans le rôle de l’anti-héros qui, par le rire, fait semblant de ne pas être au bord du gouffre.
Un mal générationnel traité avec justesse
Parfois, certaines scènes de Mes jours de gloire ont un petit goût de déjà-vu, accentué par le flegme et le sens des punchlines du personnage d’Adrien qui collent à la peau de Vincent Lacoste, depuis ses débuts au cinéma et parfois même à travers ses prises de paroles dans les médias. Mais l’inventivité rôde, notamment quand Adrien est pressenti pour jouer le rôle de Charles de Gaulle dans un film allemand. Quelle géniale métaphore que de le voir dans un costume trop grand, portant le poids du charisme du Général sur ses épaules, cette affirmation virile qu’il cherche à avoir, en vain. Coûte que coûte, le jeune homme continue à se chercher à travers les obstacles de la vie… jusqu’à ce que ses émotions le rattrapent et le happent dans une inéluctable chute (ça finit bien quand même, hein).
Bien que le film raconte avec justesse une émancipation par un effondrement psychique et émotionnel, sa réussite repose aussi beaucoup sur le talent des comédiens. Vincent Lacoste est bien entouré ; ses parents, qui forme un couple dysfonctionnel, sont joués par une Emmanuelle Devos éclatante en psychologue affirmée et libérée, face à un Christophe Lambert porté sur la bouteille qui communique par onomatopées. Quant à l’objet du désir d’Adrien, la cinégénique Noée Abita, elle est si naturelle et spontanée qu’elle semble être arrivée sur le plateau comme une fleur en emportant la mise à chaque plan. Bref, si les jours de gloire d’Adrien sont révolus, il se peut bien que ceux du réalisateur Antoine de Bary arrivent prochainement.