C’est historique, Netflix devient mécène de la Cinémathèque française
Fondateur et ex-rédacteur en chef d'Arty Magazine, le grand manitou…
Le mastodonte américain va investir dans la préservation du patrimoine cinématographique français, à commencer par le Napoléon d’Abel Gance (1927).
Le 14 janvier dernier, Netflix et la Cinémathèque ont annoncé la nouvelle dans un communiqué conjoint : le géant de la VOD s’engage à participer à la restauration et la sauvegarde du patrimoine cinématographique français.
Cette association est historique puisqu’il s’agit d’une collaboration sans précédent, faisant suite à la volonté de la Ministre de la Culture Roselyne Bachelot d’impliquer les plateformes de VOD dans la production d’œuvres hexagonales, par un décret qui devrait entrer en vigueur en mars 2021. Tout ça, à hauteur de 20 à 25% du chiffre d’affaires des plateformes en France, soit « entre 150 et 200 millions d’euros » par an pour Netflix. Sacré chèque.
La première pierre de Netflix à l’édifice français, c’est la restauration du chef d’œuvre d’Abel Gance entamée par la Cinémathèque en 2008 : Napoléon avec Albert Dieudonné et Antonin Artaud. Sorti en 1927, ce (très) long métrage muet de sept heures dans sa version finale est un véritable trésor du patrimoine hexagonal qui compte son lot d’innovations visuelles. Les deux compagnons de fortune ne sont d’ailleurs pas les premiers à s’attaquer à sa restauration : « Au total, 22 versions du film ont été identifiées. Notre ambition est de reconstituer la version la plus aboutie et la plus proche de l’œuvre originale de 1927 » , nous dit Frédéric Bonnaud, l’emblématique directeur de la Cinémathèque.
La plateforme dit aussi vouloir s’impliquer dans l’organisation de rencontres et de projections événementielles. De quoi tirer profit de son expérience en la matière et de sa puissance de feu déjà mises en œuvre pour les avant-premières de The Irishman de Martin Scorsese, Mank de David Fincher et les masterclass de Damien Chazelle, Houda Benyamina, Lara Marrakchi et Alan Poul pour la série The Eddy.
Et la suite ? Déjà très impliqué dans la création originale française, notamment avec l’énorme carton de la série Lupin sortie le 8 janvier, Netflix devrait persévérer au front du patrimoine cinématographique hexagonal. Le géant de la VOD, qui peut se targuer d’être désormais le premier studio hollywoodien en terme de catalogue de sorties, avait déjà mis la main au portefeuille à hauteur de cinq millions de dollars pour la restauration de The Other Side of The Wind d’Orson Welles, film maudit et inachevé du cinéaste américain. Malgré son arrivée vue d’un œil méfiant en 2014 par la profession, Netflix est en train de devenir l’un des principaux argentiers du cinéma français.