Son avidité pour l’écriture et son gros penchant pour la…
L’écoute de « The Dream Session », le premier EP de Niki Black, sorti le 9 décembre dernier, est un moment suspendu. L’artiste américaine, demi-finaliste de l’émission The Voice, y prône tout à la fois l’amour et un monde meilleur dans lequel le rêve et l’innocence de l’enfance ont toute leur place. Les mélodies font l’effet d’une douce mélancolie, sa voix, puissante, est une caresse pour nos émotions à vif, et la harpe qui l’accompagne nous ensorcelle. Nous avons rencontré l’artiste à l’origine de ce rêve éveillé.
Anaïs : Tu arrives à Paris en 2019 pour faire un Master en histoire de l’art, tu te retrouves dans The Voice (saison 10) deux ans plus tard puis te lances dans la musique. Aujourd’hui, tu te consacres entièrement à la musique ?
Niki : Oui, je ne fais plus que de la musique. Faire des études d’histoire de l’art m’a un peu fait perdre mon intérêt pour l’art. Quand tu étudies quelque chose que tu aimes à fond, cela peut parfois te faire perdre ta passion, si c’est trop théorique par exemple. Et music is the one !
A. : Tu as un grain de voix exceptionnel. Où as-tu pris des cours de chant ?
N. : Je prends des cours de chant depuis que j’ai 12 ans. Et j’ai continué à Paris avec le meilleur professeur de chant que je n’ai jamais rencontré, Pierre-Yves Duchesne, qui était d’ailleurs mon coach vocal dans The Voice. Il a vraiment donné une autre dimension à ma voix. Quand j’ai commencé à 12 ans, je chantais de l’opéra. C’est pourquoi, j’ai une grande tessiture vocale.
A. : Donc tu peux tout chanter ?
N. : Oui et en même temps pas tant puisque j’ai commencé à fumer ! Je ne suis pas sûre de pouvoir encore chanter de l’opéra !
A. : Ton EP, et en particulier le premier morceau, « Hello My love », nous plonge dans un univers enfantin avec ces quelques notes de la comptine Frère Jacques. Qu’est-ce que l’enfance évoque pour toi ?
N. : L’innocence et la pureté. J’en ai manqué pendant mon enfance. C’est pour cette raison que je suis si émotive quand je parle de l’enfance. J’ai des souvenirs de moi qui jouait tout le temps dans le jardin en toute innocence. Et je crois que l’on sent tous qu’en grandissant, on perd cette candeur. Elle reste seulement dans une partie de notre coeur.
A. : Et pourquoi Frère Jacques alors ?
N. : C’est une belle mélodie qui traduit justement bien l’enfance et l’innocence.
A. : Plus largement, ton EP est une immersion dans un univers onirique. Qu’est-ce qui te plaît dans cet univers ?
N. : Nous étions tous dans une période très étrange avec le Covid et le confinement. C’était plutôt un cauchemar qu’un rêve. Le message principal de mon EP était que l’amour est un rêve bien réel. Tu sais, cet état dans lequel tu te sens tellement bien que tu ne sais plus si tu es dans la réalité ou dans un rêve. J’ai voulu me demander s’il était bien réel ou non ? J’ai décidé qu’il l’était et que le rêve pouvait donc s’immiscer dans la réalité.
A. : Si je comprends bien, c’est l’amour qui t’a inspiré les morceaux de cet EP ?
N. : Oui. J’étais vraiment très amoureuse ! Et j’avais aussi beaucoup de temps libre pendant la pandémie. Je faisais du piano, j’écrivais et j’étais amoureuse. C’était vraiment le meilleur moment de ma vie en fait ! Cette période me manque…
A. : Ta musique est mélancolique, lancinante, réconfortante, envoûtante. Elle nous met dans un véritable mood. C’est ce que tu cherchais à provoquer ?
N. : Je pense que les artistes savent qu’ils provoquent des sentiments avec leurs chansons mais pas n’importe lesquels, les sentiments qu’ils ressentent eux-mêmes. C’est tout ce que j’ai ressenti pendant l’écriture donc c’est naturel qu’ils ressortent et que tu te sentes dans le mood que tu décris. J’aurais peut-être aimé que l’EP soit un peu plus romantique mais c’est vrai que la mélancolie ressort énormément.
A. : Et toi, comment te sens-tu quand tu écoutes ton EP aujourd’hui ?
N. : Je me sens triste parce que je ne suis plus amoureuse et je me rends compte combien c’était fou d’être autant amoureuse. J’espère que je pourrais ressentir ce sentiment à nouveau.
A. : Ce qui amplifie aussi l’univers onirique ainsi que la mélancolie de tes morceaux est l’utilisation de la harpe. Pourquoi cet instrument ?
N. : J’aime la harpe depuis que je suis enfant parce que j’ai une amie qui en jouait et dont la mère était harpiste professionnelle. J’ai donc beaucoup entendu cet instrument et je trouve en effet qu’il matchait parfaitement avec l’univers que je voulais donner à l’EP.
A. : Piano / harpe : c’est donc le duo parfait pour t’accompagner au chant ?
N. : Oui ! Les deux sont magnifiques et vont très bien ensemble. Et je pense que la harpe est un instrument sous-estimé dans sa capacité d’accompagner un chanteur. J’aime aussi beaucoup le duo piano / violon mais cela crée une ambiance assez triste.
A. : J’ai pu retrouver plein d’influences musicales chez toi. Je dirais que tu es un mélange entre Norah Jones, Diana Krall et Lana del Rey. Ce sont des artistes qui t’inspirent ?
N. : Lana del Rey est mon artiste favorite ! Je l’écoute presque tous les jours donc j’imagine que cela doit se sentir dans mes titres. Mais je prends volontiers les trois références parce que je me retrouve bien dedans.
A. : D’autres artistes ?
N. : Oui. Freddy Mercury, Nina Simone, Jeff Buckley et Lana del Rey ! Je sais que je l’ai déjà citée mais là, tu as vraiment mon quatuor préféré ! Après, il y a aussi Janis Joplin, Prince et Amy Winehouse.
A. : Ton EP est très soul et jazz. As-tu envie d’explorer d’autres genres musicaux ?
N. : Je pense que cet EP est vraiment spécifique et intime. Dans le prochain, je veux davantage faire ressortir mon esprit rock et pop. Ce qui arrive est explosif et dans un tout autre état d’esprit. Je ne me sens plus du tout romantique !
A. : Quelle est ta définition d’un artiste ?
N. : Pour moi, un bon artiste, c’est comme un alien. Il cherche à comprendre l’univers sans y parvenir mais en réussissant tout de même à en faire quelque chose.