Jeune musicien et photographe, Idriss partage sa vie entre ses…
Naviguant entre les sonorités de Bonobo, Kastle ou encore Jamie XX, Nude s’épanouit avec son style foisonnant qui lorgne vers l’Angleterre. De son vrai nom Alexis Duru, le bordelais signé sur le label parisien Cascade Records vient de sortir son premier album Purple dont il nous tardait de défendre la couleur.
Idriss : Hello Nude. Tu nous racontes tes débuts à Tours ?
Nude : Effectivement, j’ai lancé le projet NUDE quand j’habitais encore à Tours. C’était en 2015. Bien sûr les années précédentes je composais déjà de la musique sur mon ordinateur, c’est vraiment à partir de cette période que j’ai décidé d’investir le plus clair de mon temps dans la musique. J’ai sorti mon tout premier EP avec Moose Records (ndlr, No Air). On a eu de bons retours sur Soundcloud. Il y a eu un intérêt tout particulier autour du titre éponyme qui nous a permis d’obtenir une chronique sur le webzine Earmilk.
I. : Comment est-ce que ça s’est enchaîné ensuite ?
N. : J’ai ensuite pu sortir un 2ème et un 3ème EP. Julia (ndlr, de Moose Records) me manageait énormément, on avait un rétro-planning avec plusieurs deadlines à respecter. Si besoin, je venais même travailler au bureau du label. Ça me permettait de changer d’air et de travailler dans des conditions différentes plutôt que de rester chez moi en ermite. C’était une belle énergie humaine que je retrouve chez Cascade Records.
I. : Comment as-tu évolué des sonorités trip-hop de tes premiers EP à celles plus électro de ton album ?
N. : Ma musique a naturellement évolué au fil de mes sorties. J’ai beaucoup d’influences qui interviennent dans mon processus créatif, c’est pour ça que j’ai tendance à choisir la plupart du temps un titre qui me représente et dans lequel je me retrouve à 100% – comme par exemple Our Dream ou Illusion sur Purple. J’essaie de créer quelque chose autour de cette identité. C’est principalement pour cette raison que d’un projet à l’autre les sonorités évoluent. D’un côté il y a un renouvellement, et de l’autre, le risque de perdre les personnes qui aimaient mes précédents morceaux.
I. : Le travail des percussions m’a particulièrement interpellé sur Trouble. Comment travailles-tu en studio ?
N. : Pour Trouble, j’ai réalisé à l’origine une production relativement chargée en éléments et en percussions, plus encore que la version que tu as pu découvrir sur l’album. Dans un second temps, j’ai reçu la piste vocale de Noko. J’ai pris du temps pour intégrer la voix dans le mix global et trouver l’ambiance que j’avais envie d’installer dans ce morceau.
Enfin, dans la phase finale, j’ai supprimé toutes les percussions qui parasitaient sa voix et j’ai réarrangé l’ensemble. J’aime beaucoup le travail d’édition : couper, recoller, changer, essayer, supprimer… Se creuser la tête pour trouver l’équilibre qui te semble idéal. Ce travail reste très subjectif, peut-être qu’un autre producteur aurait placé les percussions d’une manière différente, et c’est justement cette vision personnelle qui est intéressante.
I. : Sur Gold Mermaid notamment, tu instrumentalistes les voix. Comment as-tu travaillé les chants de JJ après l’enregistrement ?
N. : Après les enregistrements j’ai décidé de couper complètement le naturel de sa voix que j’avais jusqu’à maintenant toujours utilisé tel quel. Je voulais une autre approche, faire autre chose avec cette artiste qui me suit depuis le début. Elle me fait entièrement confiance et me laisse une totale liberté dans l’exploitation de mes idées. J’ai décidé de faire des chaînes d’effets sur sa voix que je serais incapable de refaire maintenant si on me le demandait (rires).
J’ai également édité, coupé et modifié la voix sur beaucoup de parties afin d’en garder seulement des petits morceaux. Pour tout t’avouer, je me suis pas mal arraché les cheveux sur cette production. J’ai mis plusieurs semaines à trouver l’équilibre qui me plaisait. Ça a été un très bon exercice pour moi et pour le développement de mes méthodes de production.
I. : Tu as eu différentes sorties sur Moose, Mineral Records et Cascade Records. Ce choix a été porté par l’évolution de tes sons, ou au contraire, c’est à leur contact que tu as évolué ?
N. : C’est une bonne question. Globalement, j’ai toujours eu l’impression de pouvoir m’exprimer sans aucune contrainte, laisser évoluer naturellement mon son, sans chercher absolument une structure dans lequel il pourrait aller. Je pense que les différents artistes présents sur un label peuvent par contre influencer ta musique, t’apporter des idées. Le fait d’être réunis autour d’une même structure peut permettre d’avoir une nouvelle approche de la composition.
C’est aussi, il me semble, la force d’un label que d’avoir plusieurs identités à travers un groupe de personnes. Il est aussi vrai que les labels sur lesquels j’ai signé ont été principalement initiés par des rencontres et l’envie de m’aider à développer mon projet. Une expérience tout autant humaine que sonore.
I. : Pour terminer, quelle était l’envie personnelle avec cet album ?
N. : J’avais envie de sortir un projet plus long que ce que j’avais sorti jusqu’à présent. J’ai beaucoup été épaulé par ma copine. Elle s’est occupée de toute la direction artistique et on a vraiment travaillé en binôme. C’était super agréable de pouvoir faire ça ensemble. J’ai eu la chance de pouvoir collaborer avec des chanteurs américains et européens tous aussi motivés les uns que les autres. Avoir plusieurs voix sur lesquelles travailler était une expérience très enrichissante. Ce projet m’a été très formateur.
J’ai également essayé de trouver le bon rythme entre travail et passion. Je travaillais sur l’album dès que j’avais un moment de libre, mais j’étais parfois extrêmement fatigué. Je profitais de mes week-ends et de mes vacances pour bosser dessus. C’était intense, avec plusieurs moments de doutes. L’important était de rester concentré sur l’objectif final et de pouvoir finaliser le projet dans les délais qui m’étaient impartis. Cet album a été un beau challenge.