Home Ciné #08 : Prends le temps de vivre avec « Paterson »
En attendant de s’installer en Islande entourée de ses films…
Pendant toute la durée du (re)confinement, Arty te propose ses Home Ciné, un lieu convivial où nos rédacteurs et journalistes présenteront leurs films préférés. Ceux qu’ils ont vu à 6 ans, ceux qu’ils ont découvert suite à leur première rupture amoureuse, ceux qu’ils dévorent avec un paquet de chips chaque dimanche soir depuis dix ans… Bref, tous ces films de leur vie qu’ils souhaiteraient te faire découvrir, là, maintenant.
Aujourd’hui, Alma-Lïa nous présente Paterson, de Jim Jarmusch, 2016.
Paterson vit à Paterson, New Jersey, une ville des poètes, de William Carlos Williams à Allen Ginsberg, aujourd’hui en décrépitude. Chauffeur de bus d’une trentaine d’années, il mène une vie réglée aux côtés de Laura, qui multiplie projets et expériences avec enthousiasme, et de Marvin, bouledogue anglais. Chaque jour, Paterson écrit des poèmes sur un carnet secret qui ne le quitte pas.
Film du quotidien, on entre tout en délicatesse dans l’intimité de Paterson et l’accompagne sept jours durant, entre ses voyages en bus, toujours les mêmes, ses discussions, toujours les mêmes, ses rencontres, étonnantes, et son intimité, pleine d’amour et d’humour. Film anti-spectaculaire, disons-le, il ne s’y passe rien. Ou plutôt, il s’y passe milles et une choses, on y entend des histoires, on y boit des bières, on y rencontre des passants, on y parle de nos rêves et on y regarde les oiseaux.
Contretemps de l’action & beauté de la poésie quotidienne
Et cette absence d’action devient un acte révolutionnaire dans un cinéma américain toujours plus rapide, toujours plus énorme, et dans une société qui transforme et aliène les gens selon la fonction qu’ils occupent. Ce film est un film politique, mais tout en douceur. Sans artifice, on observe un homme comme nous, qui apprend et nous apprend à faire surgir la beauté dans la simplicité des choses. Face au monde qui s’écroule, le film déploie l’idéal d’une survie poétique pleine d’espoir.
C’est également un film qui émeut, et qui donne du courage pour faire face à un quotidien qui, lui, n’est pas toujours spectaculaire non plus. C’est un film plein de poésie, dans une ville pleine de poètes, sur un poète sans œuvre, qui pense le temps qui passe, comme une nouvelle opportunité de réinvention, de soi, du monde, des gens. Parmi les plus grands films de l’immense cinéaste Jim Jarmusch, il sera ton allié idéal pour les jours sans soleil et les jours confinés qui nécessitent un peu de bienveillance.