S’en sortir sans sortir #03 : BB Chevrotine
Fondateur et ex-rédacteur en chef d'Arty Magazine, le grand manitou…
En ces temps maussades, on lance notre offensive positive avec 20 artistes dont on est fan devant l’éternel. Réalisateur de films à l’Iphone et chroniqueur sur Radio Nova, le gangster au grand cœur BB Chevrotine nous dévoile sa facette sensible en trois prescriptions démentielles. George Miller, El-P et David Chaser, ça te parle ?
Marin : Hello BB Chevrotine. Qu’est-ce que tu nous conseilles pour s’en sortir sans sortir ?
BB Chevrotine : BABE, le cochon devenu berger. Premier point : le film se passe en majorité à l’extérieur c’est, déjà, un bon moyen de rêver à l’herbe tendre. Et de la tendresse, c’est un film qui a en beaucoup. Tout en étant également : épique, drôle, beau, profond, triste. Les personnages deviennent si vite des amis. C’est fou. Comment ne pas pleurer face à la manière dont ce berger est le seul à croire en son cochon et à l’aimer ? Ça aussi, c’est fou. Et comme George Miller est un coquin, on est bien sur plus dans La Ferme des animaux de George Orwell qu’un film pour enfants. Il fera totalement déborder cette inquiétude du monde et des hommes dans Babe 2, un cochon dans la ville ; film noir, déchu, désespéré, fou qui traumatisa plus d’un enfant et qui, donc, causa le départ du président d’Universal.
BABE, le cochon devenu berger est à voir sur MyTF1 VOD.
Marin : Question musique, t’as un album de chevet pour s’en sortir ?
BC. I’ll Sleep when you are dead de EL-P. J’aime pas le mot. Genre pas du tout. Mais là, on peut quasiment le dire : je crois que EL-P est un génie. Tout ce qu’il fait est fou : de Company Flow à Run The Jewels. C’est si bon. Si groovy. Si expérimental tout en étant tellement efficace et rentre dedans. Quand Tom Waits l’a découvert, il a voulu faire un album hip-hop : ce qui est la méga classe. I’ll Sleep when you are dead est un album dystopique, paranoïaque et oppressant. Mais en même temps : c’est la teuf, ça fuse dans tous les sens, ça rend heureux et ça donne envie de danser. Sur des braises certes mais quand même.
Marin : Si on devait se quitter avec une série ?
BC. The Sopranos de David Chase. Quand j’ai découvert les Sopranos, je suis devenu fou. Je ne pensais qu’à ça, je ne parlais que ça et je ne voulais rien d’autre. Les Sopranos, ça m’a rendu vivant. Et heureux. Cela m’a bouleversé en profondeur. Ça m’a changé en tant qu’être humain. C’est une des expérience artistique les plus intenses que j’ai pu expérimenter. Et rien que d’en parler, j’ai les larmes aux yeux. Et pourtant, je suis un gros dur à cuire.